Préface des Editions de Londres

« Gestes et opinions du Docteur Faustroll » ou « Gestes et opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien » est un roman d’Alfred Jarry écrit en 1898, mais seulement publié en 1911, donc après sa mort, celle d’Alfred Jarry, puisque son héros, le Docteur Faustroll, est né en Circassie en 1898 à l’âge de 63 ans, âge qu’il conserva d’ailleurs toute sa vie selon une formule mathématique bien connue. Le « Docteur Faustroll » est l’ouvrage de référence de la pataphysique, et c’est aussi un chef d’œuvre, à lire et relire pour en comprendre tout le message caché ; en effet, on trouvera à peu près tout dans « Faustroll », le code secret de la Bible, les manuscrits de la Mer Morte, le lien entre Aton, la disparition de l’Atlandide et l’inspiration de Moïse, mais aussi la première prédiction des Mayas sur la fin du monde du 21 Décembre 2012, ce à quoi Les Editions de Londres ne croient pas, puisqu’elles en ont pour au moins trente ans de publications devant elles.

Les personnages

Dans « Gestes et opinions… » on trouve de nombreux personnages. D’abord, le Docteur Faustroll, célèbre pataphysicien, né comme nous le disions en Circassie en 1898, à l’âge de soixante trois ans, âge qu’il gardera pendant toute la durée de son existence. Pourtant, le Docteur Faustroll finit pourtant par trouver une forme de mort à la fin de l’ouvrage, c’est-à-dire qu’il rejoint l’ethernité, non sans avoir d’abord calculé la surface de Dieu, découverte qu’il révèle dans une série de lettres télépathiques à Lord Kelvin.

René-Isidore Panmuphle est un huissier qui expulse le Docteur Faustroll de son domicile 100 Bis, rue Richer ; c’est aussi le narrateur, puisqu’il part en voyage avec le Docteur Faustroll.

Enfin, Bosse-de-nage est un singe cynocéphale papion hydrocéphale. C’est un aimable compagnon, qui ponctue le voyage de réflexions profondes et multiples sur les évènements, leur imprévisibilité, les pays qu’il découvre, et la nature humaine, quoique ces réflexions offrent la particularité d’être toujours exprimées d’une façon analogue, à savoir « Ha ha », en français.

La bibliothèque du Docteur Faustroll

On découvre la bibliothèque du Docteur Faustroll au chapitre IV. La voici :

ceci n’est pas une pipe, mais la bibliothèque du Docteur Faustroll

Que des bons ouvrages, dont Ubu roi et Illuminations, présentés en ordre presque alphabétique de surcroît.

L’Odyssée sur Seine

Le Docteur Faustroll, l’huissier Panmuphle, le singe Bosse-de-nage s’embarquent sur un bateau, qui est un lit de douze mètres, qui n’est pas un lit mais un bateau au crible allongé, et aux multiples caractéristiques que nous ne mentionnerons pas ici sous peine de paraphrasage, activité interdite hors des normes pataphysiques. Ils vont ensuite de Paris à Paris par mer, mais traversent ou font escale au passage par la mer d’habundes, le phare olfactif, l’île de Bran, le pays de dentelles, le bois d’amour, lui-même situé en plein Paris, l’île amorphe, l’île fragrante, le château-ferrant, qui est en fait une jonque, puis l’île de Ptyx,, l’île de Her, où ils rencontrent un cyclope, l’île Cyril, l’île sonnante…

La pataphysique

Mais avant tout, le « Docteur Faustroll », c’est le petit livre rouge, le codex atlantico, le codex mayano-epismologico-fimdomundo, la Bible, le Coran, le Bhagavad Ghita de la pataphysique, laquelle est « la science de ce qui se surajoute à la métaphysique, soit en elle-même, soit hors d’elle-même, s’étendant aussi loin au-delà de celle-ci que celle-ci au-delà de la physique...la pataphysique sera surtout la science du particulier , quoiqu’on dise qu’il n’y a de science que de général. Elle étudiera les lois qui régissent les exceptions, et expliquera l’univers supplémentaire à celui-ci ; ou moins ambitieusement décrira un univers que l’on peut voir et que peut-être l’on doit voir à la place du traditionnel… », ou beaucoup plus simplement « La pataphysique est la science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité. »

En bref, la pataphysique et ses applications multiples, dont l’œuvre de Jarry est une vivante manifestation, c’est certainement la solution à tous nos maux, réels ou imaginaires, présents ou à venir. Car notre monde est finalement si absurde qu’il n’a jamais été aussi littéraire ; avec un Président qu critique La Princesse de Clèves, manifestant en cela un anti-intellectualisme typique de régimes avec lesquels Les Editions de Londres ressentent peu d’affinités électives, avec un ancien premier ministre, ennemi juré du dit président, qui mentionne son voiturin à phynances, il semblerait que notre ère soit devenue Jarryienne.

La pataphysique est probablement la seule doctrine adaptée à notre époque ; science des solutions imaginaires, elle épouse à merveille les contours d’une société dominée par ceux qui parlent pour ne rien dire, par ceux qui crient des ordres pour ne rien faire, mais en les transcendant, elle parvient à ce firmament de la geste politico-ubuesque, le dépassement de l’ethernité par le polynome synoptique à propriétés vectorielles abyssales plongeant jusque dans l’infiniment petit, à la rencontre de Dieu.

« Et la nuit supputa ses heures, à ce point qu’on alluma des lampes. »

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