Acte 1

Le palais du Roi

Scène 1

Père Ubu, Mère Ubu, en dame voilée

PERE UBU.

Madame France, Mère Ubu, veux-je dire, vous avez raison de vous cacher la figure, voilez votre laideur et vos larmes : notre bon ami, le capitaine Bordure est accusé d’un crime. Notre palotin Bertillon a mesuré la trace de ses pas sur les dalles de marbre de notre cabinet de nos affaires secrètes. Il a vendu la Pologne pour boire.

MERE UBU.

Ha, père Ubu.

CONJURÉS ET SOLDATS.

Nous voulons sa mort.

NOBLES ET MAGISTRATS.

Nous voulons sa mort.

PERE UBU.

Notre fils Malsain Athalie-Afrique est le vrai coupable, mais il est l’héritier de notre savoir théologique et de nos études au séminaire de Saint-Sulpice ; il s’est confessé de son crime à notre chanoine, il en a été absous, il n’est plus coupable, il ne l’a jamais commis.

MERE UBU.

Oui, père Ubu ; tandis que Bordure, depuis que tu l’as fait jeter en prison, ne cesse de crier son innocence.

PERE UBU.

D’ailleurs le capitaine Bordure est un dissident.

LES TROIS PALOTINS.

Hon, Monsieuye ! Nous tenons les preuves du crime en ce papier pelure d’oignon. Il donne le plan détaillé de la ville de Thorn.

PERE UBU.

se fourrant son binocle par un bout dans un oeil, selon      son habitude.

Que vois-je ? Les rayures brisées du canon à truffles et le devis du dernier bateau que nous avions inventé en notre science en physique, qui devait indiscutablement nous faire remporter notre victoire de Faschoda sur les Anglais et nous faire nommer roi de France.

Musique