À propos du texte et de l’auteure

Dans Nièce de sang, le mélange des genres n’est pas gratuit : l’apport du fantastique permet des questionnements impossibles sans cela.

Le thème de la résurrection, employé dans un roman noir tel que nous le concevons aux Éditions de Londres, est riche d’idées. Lorsque la jeune adulte Margot Manoughian renaît vingt ans après sa mort, dans le corps d’une adolescente bien différente de la personne qu’elle était, les interrogations fusent : si nous pouvions revenir en arrière, serions-nous condamnés à refaire les mêmes erreurs ? En ferions-nous de nouvelles ? En ferions-nous plus ou moins que les autres ? En corriger certaines en entraîneraient-elles forcément de nouvelles par ricochet  ? Par ailleurs, à quel point le corps qui nous est donné détermine-t-il ce que nous sommes  ? Même question concernant la famille dans laquelle nous naissons  ? Suffit-il d’avoir de la volonté et un peu de jugeote pour se sortir d’un environnement social défavorable  ? Un cerveau d’adulte dans un corps jeune peut-il (re) faire une crise d’adolescence  ?

On est en effet étonné qu’une si légère translation – renaître dans la peau de l’amie de sa nièce – puisse engendrer des changements si importants. Pourtant, il est difficile de prendre en défaut le réalisme de ce roman, une fois remisé l’aspect fantastique. Celui-ci est principalement utilisé pour mettre en place la situation de départ, mais il n’en est guère plus fait usage par la suite, et certainement pas pour introduire un quelconque deus ex machina – la tentation aurait pu être grande d’y recourir.

Quoi qu’il en soit, avant d’être un roman de genre, Nièce de sang est une histoire de personnages. C’est bien autour d’eux qu’est construit le récit. L’environnement, le monde dans lequel évolue « l’héroïne » n’a rien d’extraordinaire, et c’est ce qui rend notre identification aux personnages plus efficace. Margot Manoughian elle-même n’a rien de singulier  ; ce serait même plutôt le contraire : il s’agit d’une jeune fille presque transparente, qu’on ne remarque pas. C’est le lot de beaucoup d’entre nous. Nous pourrions être elle, une personne ordinaire à qui il arrive quelque chose d’extraordinaire. D’autant que l’extraordinaire, nous y rêvons souvent éveillés.

Le fantastique en plus et un peu d’humour en moins, Nièce de sang peut d’ailleurs faire songer au film La vie est un long fleuve tranquille : des personnages ordinaires mais très dissemblables, auxquels il arrive quelque chose d’extraordinaire (qui plus est dans un moment relativement banal, bien que rare). Les conséquences du temps qui passe et le déterminisme social y sont également exploités, mais pour la comédie plutôt que le drame : il est peut-être plus facile de basculer de l’un à l’autre qu’on ne le pense.

Nièce de sang est à la fois le roman du regret, de la fatalité, de l’espoir et de la rédemption.

Marie Laurent est une auteure touche-à-tout : elle a publié des romans historiques (Les deux visages de l’amour aux éditions Laska, La fiancée du Tsar aux éditions Sharon Kena), de la « chick lit » (Le diable se chausse en Kéram aux éditions Laska), des nouvelles fantastiques et même une parodie érotique de 50 nuances de Grey (Deux nuances de Brocoli aux éditions Artalys). Ce qui relie sans doute la plupart de ses textes : une teinte de romance. La diversité des sujets provient de ses influences : les sœurs Brontë, Margaret Mitchell, Mazo de la Roche, Henri Troyat, Hervé Bazin, Lovecraft et bien d’autres. C’est sur les chemins ou dans l’eau que vous la croiserez le plus souvent : elle dit que ses idées lui viennent généralement lorsqu’elle marche ou qu’elle nage.

Bibliographie

Le Marquis aux escargots, aux éditions Láska, 2014 ;

La fiancée du Tsar, aux éditions Sharon Kena, 2014 ;

Les Deux visage de l’Amour, aux éditions Láska, 2014 ;

Deux nuances de Brocoli, aux éditions Artalys, 2014 ;

Sandra et le Prince aux petits pois, aux éditions Láska, 2013 ;

Deux rois pour une reine, aux éditions Láska, 2013 ;

Le Diable se chausse en Kéram, aux éditions Láska, 2013 ;

Dans la peau de Marie Stuart, aux éditions Artalys, 2013.

Published by Les Editions de Londres
Collection East End

© 2014 — Les Editions de Londres

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ISBN : 978-1-909782-93-8