Emile Gaboriau (1832-1873), né à Saujon et mort à Paris, est un écrivain français, souvent considéré comme le père du roman policier. Encore un auteur publié par Les Éditions de Londres à la vie mouvementée : il est clerc d’avoué, puis hussard en Afrique, il s’engage dans la cavalerie, retourne à Paris où, devenu secrétaire particulier de Paul Féval, il s’initie au journalisme puis commence à connaître le succès avec la publication en feuilleton de L’affaire Lerouge. Le mystère, le fantastique, le sordide qui règnent dans les nouvelles d’Edgar Allan Poe l’inspirent pour écrire ses œuvres les plus connues, L’affaire Lerouge, "Monsieur Lecoq", "Le crime d’Orcival". On dit aussi que Conan Doyle s’inspira des méthodes scientifiques, de l’esprit déductif et de la fougue réaliste de Lecoq, jeune inspecteur à la recherche du crime pour créer le personnage de Sherlock Holmes.
L’inventeur du roman policier
Nous ne sommes pas d’accord. Personne n’a inventé le roman policier. Ou plutôt nombreux sont ceux qui l’inventèrent ou peuvent prétendre avoir contribué à son essor prodigieux depuis plus de cent ans, puisqu’il s’agit maintenant d’un des genres littéraires les plus importants, et la première publication de ce genre par Les Editions de Londres, mais certainement pas la dernière ! Dans la littérature française policière traditionnelle, deux auteurs dominent, Gaston Leroux avec Le mystère de la chambre jaune, et Maurice Leblanc avec Arsène Lupin. Mais ils ne sont pas les seuls. D’abord, Leroux tire au moins autant ses inspirations du fantastique et de Edgar Allan Poe, que ce soit avec Le mystère de la chambre jaune, où l’on retrouve des analogies avec La lettre volée, ou avec Le fantôme de l’Opéra, au croisement du policier, romantisme et fantastique. Quant à Leblanc, nous parlerons dans un futur proche de son personnage principal, un des joyaux de la littérature et de la culture française, Arsène Lupin, qui doit son existence en partie à Marius Jacob, l’anarchiste, personnage réel, que Georges Randal, le héros du Voleur de Georges Darien n’aurait pas renié. Non, des exemples, ils sont nombreux. Outre Edgar Allan Poe, avec le Double assassinat dans la rue Morgue et La lettre volée, il y a évidemment Une ténébreuse affaire de Balzac en 1843, puis il y a les Mémoires de François Vidocq en 1827.
Le roman social policier, précurseur du roman noir
Le roman noir, c’est la peinture de la société à travers le crime, c’est le monde vu par le petit bout de la lorgnette par le personnage de roman noir, le détective, ou le policier, le plus souvent individualiste, cynique, pessimiste, persévérant, alcoolique, inspiré, obstiné, marginal, avec un sens profond de l’équité qui corrige un système social et de justice par la pratique du cas par cas. En cela, la société n’est jamais perfectible, mais les destinées humaines dans leur individualité peuvent parfois être altérées. Donc, nous ne devons pas perdre totalement espoir, puisque quelques fois, l’un d’entre nous est sauvé, mais pour être sauvé, il faut qu’au début du roman, il y ait une ou plusieurs victimes sacrificielles, victimes du mal, lui-même produit par la société non corrigible, et dont se défie le héros comme de la peste. Cela, en gros, c’est le roman noir. Gaboriau n’a pas créé le roman noir. Rien de ce qu’écrivit Gaboriau ne se rapproche du roman noir, et pourtant nous pensons qu’il en est le précurseur. Car ses romans se situent souvent à mi-chemin entre le policier et le roman naturaliste, social à la Zola. C’est en cela que Gaboriau, sans en écrire les codes, précède et annonce le roman noir.
Un écrivain mort trop jeune, oublié trop vite
Gaboriau n’est pas seulement l’auteur de policiers. C’était le contraire d’un romancier de genre. Si ses œuvres les plus célèbres jettent les bases du policier, et comme nous le disions plus haut, annoncent le roman noir, il s’essaie au roman d’espionnage avec Le dossier n° 113, à la satire de la vie administrative avec Les gens de bureau, au roman judiciaire avec La corde au cou, et enfin au roman social avec L’argent des autres. On commence à le redécouvrir. Les Editions de Londres se devaient de mettre leur grain de sel.
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