Débat :

nom commun ; exemples : le débat d’idées, la France aime débattre.

Le débat est un moment de télévision, souvent diffusé le soir et qui oppose deux hommes politiques modérés par deux journalistes serveurs de soupe ou en jupe. Ou le débat télévisé oppose un animateur à une personnalité qu’il faut piéger en la ridiculisant, en mettant en exergue ses contradictions ou la non adéquation de ses positions avec l’air du temps ; pour cela, l’animateur s’appuiera sur un acolyte soi-disant journaliste, mal rasé, jeune et beau, ou sur l’audience ou encore mieux sur un gentil invité (dont les positions vis-à-vis de la société sont en parfaite adéquation avec l’air du temps) que les propos de la personne à piéger auront tellement irrité qu’il se lancera spontanément dans une diatribe à son encontre.

Par extension, le débat est une joute oratoire mettant en présence deux visions idéologiques des choses. Le débat n’a rien à voir avec la volonté d’arriver ensemble à la synthèse d’opinions contradictoires afin de faire « avancer » le sujet. Le débat est un art martial où tous les coups sont permis, et où toute écoute de l’autre est une perte de temps, voire une manifestation de faiblesse, dont l’adversaire profitera certainement à un moment donné.

Le meilleur débateur est celui qui a la conviction absolue d’avoir entièrement raison. Son cerveau, maintenant libéré des fonctions d’écoute, d’analyse, de jugement, de questionnement, peut concentrer ses synapses vers sa fonction la plus destructive, l’annihilation de l’autre par la raillerie, l’interruption, l’interprétation malhonnête de ses propos, le détournement de chacune de ses phrases, comme un serpent prêt à fondre sur sa proie.

Le débat est un rite visant à conforter la supériorité de celui qui tient le haut du pavé moral, en accentuant la dépravation morale de l’autre, conduisant à sa nécessaire mise à mort.

Le débat en France est une corrida oratoire.

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