Lire Michel Host est toujours un immense bonheur. D’abord parce qu’il est un fin styliste, c’est-à-dire un coloriste subtil. Mais il n’est pas qu’un prosateur, il est aussi poète, il est encore traducteur et non des moindres. Reconnu comme romancier, il a rencontré son public mais des critiques germanopratins non seulement n’ont pas fait leur travail avec l’honnêteté attendue mais ont entrepris un travail de sape peu ragoutant. Michel Host, dans ses Carnets de 2001, évoque très gentiment les us et coutumes de ces critiques appointés.
Ensuite parce que Michel Host est un essayiste lucide, méticuleux et consciencieux. Sous l’amertume apparente de certains propos, tel l’agrume de Ponge, on savourera, l’ironie impliquée et l’humour distant, la sève jubilatoire des envois, des faux règlements de compte et des clins d’œil facétieux.
Enfin parce que Michel Host est un très grand nouvelliste. Les Brucolaques, à lire ici, convaincront les plus sceptiques, une fois pour toutes.
Ces Carnets 2001, dits d’un fou, non mais, d’une densité extraordinaire, montrent définitivement que Michel Host, bien qu’il s’en défende et qu’il s’en moque, est un philosophe au sens le plus noble et le plus étymologique. Toujours en prise sur son temps, il trempe tous les jours sa plume dans le tragique de l’humain et cherche sans cesse, avec amour, avec passion, cette impossible sagesse que la folie taraude avec des dons d’ubiquité diabolique.
Philosophe démineur, Michel Host taille, creuse, fore, explore et exprime. Ceux qui ont eu la chance de prendre le temps de le rencontrer et de parler avec lui, et Danièle, autour d’un verre d’un toujours excellent vin, saisissent vite les deux plus belles qualités dont Spinoza honorait le philosophe : la générosité et la fermeté.
Didier Bazy
À toi Michel
Octobre 2016