Gustave Le Rouge est un écrivain et journaliste français né à Valognes en 1867 et mort à Paris en 1938. Gustave Le Rouge occupe une place à part parmi les écrivains populaires français : à mi-chemin entre le roman d’aventures, la science-fiction, le policier et la spéculation géo-politique, son œuvre, prolifique, a suscité l’admiration des surréalistes et de Blaise Cendrars.
Brève biographie
Issu de la petite bourgeoisie provinciale, son père était entrepreneur de peinture en bâtiment. Normand comme son contemporain Maurice Leblanc, il va au collège de Valognes, puis celui de Cherbourg. Il passe son baccalauréat en philosophie, songe à entrer à l’Ecole Navale, opte finalement pour le droit à Caen. Sa licence obtenue, il se rend à Paris et découvre la vie «d’artiste », écrit un peu et publie dans des journaux. Puis en 1889, il publie à compte d’auteur un recueil de poésies avant d’écrire son premier roman en collaboration avec Gustave Guitton, La conspiration des milliardaires. Il voyage en Tunisie, se marie avec Juliette Torri, et publie ses romans les plus célèbres, mêlant l’aventure, le sentimental et parfois la science-fiction. Ce sont : « La reine des éléphants », « L’espionne du Grand Lama », « Le prisonnier de la planète Mars », et surtout le célèbre « Le mystérieux Docteur Cornelius ». Gustave Le Rouge devient correspondant de guerre dès le début de la Première Guerre mondiale. Il fera la rencontre de Blaise Cendrars au Petit Parisien. Il en sera d’ailleurs chassé pour avoir inventé un fait divers. Il se marie avec une femme beaucoup plus jeune que lui, et continue à publier, cette fois-ci, s’essayant avant tout le monde ( ? ) au genre « détective américain » avec « Todd Marvel, détective milliardaire ».
L’auteur
Gustave Le Rouge était apparemment un personnage assez fascinant. D’une érudition encyclopédique, lecteur boulimique d’à peu près tout sur tous les sujets, c’était aussi quelqu’un de passionné par tous les sujets : aventures, cape et d’épée, policier, science-fiction, poèmes, anthologies, ciné-romans, scenarios…
Son imagination est toujours délirante, sa structure parfois un peu confuse, le travail sur ses personnages pas toujours réussi, mais si certaines pages semblent parfois écrites à la va-vite, des pages entières, par leur étrange poésie onirique, ont logiquement suscité l’intérêt des surréalistes.
Il fréquenta Verlaine dans les années 1890. Il écrivit « Les derniers jours de Paul Verlaine » et « Verlainiens et décadents », documents précieux sur l’époque littéraire.
Verlaine lui composa même un poème :
« Lerouge ! Et vous ? Tout cœur et toute flamme vive,
Qu’allez-vous faire en notre exil ainsi qu’il est,
Vous, une si belle âme en un monde si laid ? »
Cendrars fut également son ami. Il dresse un portrait fascinant de Le Rouge dans plusieurs de ses livres, « L’homme foudroyé », et « Bourlinguer ».
Cendrars disait avoir les trois cents et quelques volumes écrits par Le Rouge dans sa bibliothèque.
La postérité
Gustave Le Rouge a disparu à notre époque. L’essor du livre numérique donne l’opportunité de le redécouvrir. Malgré ses défauts, typiques des feuilletonistes des romans populaires, son style, parfois original, ses histoires, toujours abracadabrantes, s’inspirent de la vraisemblance scientifique à la Jules Verne, le policier des Leblanc ou Leroux, l’horreur des expressionnistes, la science-fiction débridée des Pulp.
Un écrivain pas comme les autres qui mérite d’être redécouvert, rien que par curiosité, et par émulation de Cendrars, Verlaine et les surréalistes.
©Les Editions de Londres