Gérard de Nerval est un poète français né en 1808 à Paris où il meurt en 1855. De son vrai nom Gérard Labrunie, Gérard de Nerval n’est pas seulement l’une des figures de proue du romantisme, c’est l’auteur d’une œuvre à part, une œuvre unique dans la poésie française.
Les débuts romantiques et Faust
Gérard de Nerval a vingt deux ans au moment de la bataille d’Hernani. Inspiré par le Romantisme, il fait une traduction du Faust de Goethe dont la qualité fera dire à un Goethe vieillissant qu’il préfère la version française à l’original, pour sa légèreté, sa prose (la version allemande est en vers).
Voici ce que dit Goethe : « En allemand, je n’aime plus lire Faust, mais dans cette traduction française tout reprend fraîcheur, nouveauté et esprit. »
Nerval s’inscrit ainsi et précède même cette grande tradition d’écrivains français dont les traductions en français sont parfois (pour les lecteurs français) meilleures que l’original. Ainsi, des traductions de Edgar Allan Poe par Baudelaire évidemment, mais aussi les traductions du monde des non A de Van Vogt par Boris Vian et les traductions de Chandler par le même Boris Vian. Inutile de le préciser, la popularité de Chandler et de Poe en France ont quelque chose à voir avec leurs traducteurs...
Outre le Faust de Goethe, Gérard de Nerval écrit : des pamphlets, des pièces de théâtre, il publie une anthologie de la poésie allemande, et une anthologie de la poésie française, il fréquente Théophile Gautier, il fréquente ses amis du Petit-Cénacle, une sorte de cercle zutique avant la lettre, il a quelques démêlés avec la justice. En 1837, il tombe amoureux de Jenny Colon, une actrice qu’il découvre dans une création de l’Opéra-comique dont il participe au livret, même si c’est Dumas, avec lequel il entretient une relation durable, qui signe. Cet amour, comme souvent, est à sens unique. Jenny Colon meurt, ce dont Nerval ne se remet pas. Il est probable que la personnalité de Jenny Colon ait hanté ses nuits et son œuvre, probable aussi qu’on la retrouve dans Aurélia, et dans la majorité de ses nouvelles poétiques, dont beaucoup portent des noms de femme : Angélique, Isis, Jemmy, Pandora…
Le voyage en Orient
Nerval a eu une vie de voyages, de folie, d’expérimentations religieuses. Il connaît sa première crise de folie en 1841, et part en Orient fin 1842 où il restera presque un an et visitera Alexandrie, Le Caire, Beyrouth, Constantinople, Malte et Naples. Le Voyage en Orient, sorte de voyage poétique, paraît en 1851. Il dit avoir été initié aux mystères druzes au Proche-Orient. Ses écrits sont fortement empreints d’ésotérisme, de symbolique, et au lecteur moderne la lecture d’Angélique par exemple ne peut manquer d’évoquer un autre grand ésotériste, Hugo Pratt. A partir de 1844, Nerval voyage en Angleterre, aux Pays-bas, en Belgique. Vers la fin de sa vie, les crises de folie se multiplient. Il se suicide en janvier 1855 : on le retrouve pendu à un réverbère rue de la Vieille-lanterne.
Nerval fut un être à part, qui mena une vie d’errances, spirituelles, physiques, une vie de voyages et d’amours déçus. Ses délires de plus en plus fréquents, sa plongée dans la folie, ont coïncidé avec l’écriture de ses chefs d’œuvre : le Voyage en Orient, Les filles du feu, et cette nouvelle unique en son genre, Aurélia.
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