nom commun ; exemples : ablation de la rate, ablation du testicule, ablation du foie, ablation du majeur, ablation de la narine, ablation de la troisième dorsale, ablation du sphincter, ablation de l’organe génital…
L’ablation est un terme chirurgical qui signifie l’action de retrancher.
Ce projet littéraire (dont voici l’article inaugural) est né d’une ablation. Tout le monde peut observer au quotidien les conséquences malheureuses des déficits chroniques de la Sécurité Sociale (voir ce mot[Note_1]), mais personne ne s’est encore intéressé à l’un de ses dysfonctionnements les plus tragiques.
Il s’agit de l’ablation du cerveau, dont un jour on priva, entre Dunkerque et Perpignan, entre Brest et Strasbourg, soixante millions de nos contemporains, lesquels avaient eu la malencontreuse idée de se trouver à ce moment précis coincés dans le bloc opératoire, un pays en forme d’hexagone.
Le chirurgien n’était pas bien intentionné, c’était un fonctionnaire de l’État, et pour accomplir son crime de masse, il utilisa toutes les ressources du langage, les plus secrètes, les plus arcanesques, les plus sibyllines.
Ce projet est une greffe : restituer à ces soixante millions de contemporains le cerveau dont la nature, un être suprême, ou leurs parents lors d’une soirée alcoolisée les avait dotés.