nom propre ; exemples : Isabelle Adjani crève l’écran dans « Subway » de Luc Besson ; elle revient dans « La journée de la jupe ».
Isabelle Adjani est une actrice française née le 27 Juin 1955 dans le Dix-septième arrondissement de Paris. C’est l’une des plus grandes actrices françaises des quarante dernières années, la plus belle, la plus émouvante. Sa plastique impeccable, ses yeux mauves, sa voix cristalline, son jeu étourdissant ont ému et bouleversé plusieurs générations. Surtout connue pour ses interprétations dans « L’été meurtrier », « Subway », « Camille Claudel », elle n’a jamais vraiment quitté le cinéma, mais elle ne l’a pas non plus squatté. Comme un fantôme, elle habite les écrans, puis disparaît le temps de quelques années avant de faire une apparition fugace et hantée.
Isabelle Adjani n’a jamais accepté de se plier à un cadre. C’est une rebelle de la vie et de l’écran qui ne se conforme pas à la morale bourgeoise des années soixante pas plus qu’elle n’adhère aux idéaux boboïsants. Elle proteste contre le test ADN obligatoire avant regroupement familial, elle s’implique sur la question algérienne, elle critique les propos du Pape sur l’usage du préservatif et son rôle dans la prévention du Sida.
En 1996, elle part de Paris et s’installe à Genève pour y élever ses enfants. Elle ne monopolise pas les plateaux de télévision. Si elle est sulfureuse, froide, statuesque, déchirée à l’écran, elle est plus réservée sur les talk-show télé où d’ailleurs elle se rend très peu. Elle n’a pas besoin de la critique et des journalistes pour vivre, elle se permet de longues périodes d’absence de la scène publique. Née d’un père algérien et d’une mère allemande, le tout-Paris lui reproche de ne pas se positionner suffisamment sur le théâtre du racisme ordinaire. La gauche voudrait qu’elle se cantonne dans son rôle de fille d’algérien intégrée.
Isabelle Adjani, c’est aussi Adjani, un nom algérien associé à Isabelle, symbole du métissage de la France, une idée insupportable pour certains dans les années quatre-vingts. Alors, à partir de la mi-1986, en plein essor du Front National, naissance de SOS racisme et de Harlem Désir, attentats du GIA à Paris, obsession du Sida et polémique sur les sidaïques, des esprits mal intentionnés travaillent d’arrache-pied pour colporter une infâme rumeur : Isabelle Adjani est atteinte du Sida et va mourir.
Pourquoi une telle rumeur à propos de la plus belle et la plus célèbre (à l’époque) des actrices françaises ? C’est simple : tout ce qui ne nous ressemble pas (Adjani, à cause de son patronyme), tout ce qui se mêle de ce qui ne la regarde pas (sa photo avec Harlem Désir, ses propos sur le racisme), tout ce qui défie la bonne morale du terroir, conservatrice, arriérée (ses rôles de rebelle allumeuse dans « L’été meurtrier », bourgeoise rebelle dans « Subway »), tout cela doit être éliminé. Les ennemis travailleront dur jusqu’à ce qu’on la croit morte du sida. Une histoire unique, une des rumeurs les plus puissantes des quarante dernières années.
Le 18 Janvier 1987, elle monte sur le plateau de TF1, et s’entretient avec Bruno Mazure. Elle n’est pas morte, elle est toujours aussi belle. Elle s’explique, embrasse Bruno Mazure puis quitte le plateau. Il l’appellera « Isabelle la cathodique ». Personne ne peut résister à son charme. Sauf les charcutières de Landerneau. Heureusement, aujourd’hui est une autre époque. Et Isabelle se porte bien.