Ecrit par Michel Host février 2016 dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques
FÉVRIER 2016
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Hier, un songe, et demain, la poussière !
Rien, peu avant, et peu après, fumée !
Et je vis d’ambitions, et me complais,
À peine un point du cercle qui m’enserre !
Francisco de Quevedo, De la brièveté même de la vie, sans qu’on y prenne garde, et dans le malheur, assaillie par la mort.
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# - J’ai cueilli, dans mon grenier à citations, quelques mots de Francisco de Quevedo, l’ennemi intime de Luis de Góngora, qu’il haïssait pour son « cultisme » et jalousait, selon moi, parce que lui, Quevedo, n’avait pas réussi à renverser la table poétique classique, à donner naissance à une poésie différente de tout ce qui l’avait précédée. Avait-il d’ailleurs jamais eu cette ambition ? Lorsque Góngora quitta Madrid pour retourner finir ses jours à Cordoue, Quevedo vint occuper sa maison et, y posant le pied, déclara qu’il fallait « dégongoriser » les lieux ! C’est dire la force de la jalousie et de la haine mêlées. La drôlerie du propos ne fait qu’épicer sa cruauté. On était volontiers cannibale en ces temps lointains et on ne songeait pas à porter ce genre d’insulte devant les tribunaux. On se vengeait par l’épée, ou par les mots. Góngora, qui était chanoine, choisit les mots… ceux-ci, par exemple : «Tu fais le dévot, mais comme pèlerin tu marches à force de gorgées de bibine et de bons coups ; prête à mon trou du cul tes célèbres bésicles et on verra que tes traductions du grec sont dignes de mes caleçons. (*)»
̶ J’aime assez ces douceurs.
(*) Traduction libre, Sonnets « attribués » LXXV et LXII, Obras completas, Ed. Aguilar, 1961).
# - Le premier mois de l’année s’achève, j’ai fait mon mea culpa, je me sens donc libre de pécher à nouveau. C’est le principe de la Confession. Le deuxième mois s’ouvre sous mes pieds. Gouffres. Banalité, dira-t-on, il ne sait plus quoi nous dire, ce vieux chien réactionnaire, maintenant qu’il ne veut plus ronger son os du désert … il va donc nous parler du temps qui passe. Mais oui, mais oui, le temps qui passe ! Mes Robots de la pensée n’en dormiront pas moins tranquilles. D’ailleurs je ne les dérange guère. Quoique logé à Paris dans le vacarme métropolitain, je ne suis qu’un chien de campagne dont les aboiements portent à peine. Je vous prie d’observer ce que quelques-uns seulement ont pris en compte, que des trois moments du temps (quand on se le représente linéaire), seul le passé ne nous offre aucune prise : il est gravé, inscrit à jamais. Nous n’y changerons pas un iota, à moins que nous ne teignions nos souvenirs des cent nuances de la fantaisie et du désir de l’instant. Si, là-dessus, nous en faisons « littérature », nous ne serons que de méchants faiseurs. Méfions-nous de nos souvenirs, ce sont pièges posés par nous-mêmes, ils nous prendront aux pieds car nous oublions les lieux de la forêt où nous les avons dissimulés. - Le 5 / II
# - L’os. Je dirai qu’il est encore tentant, il y reste forcément quelque miette à ronger et quelque parole incitative qui fera bondir l’esprit réflexif. Ainsi, dans mon quotidien du soir de prédilection (Le M. du 5 / II), l’écrivain Kamel Daoud, que j’apprécie pour ses écrits et la sincérité de ses méditations, ose (il y faut de l’audace, je le reconnais) une analyse du « sexisme qui sévit dans le monde arabo-musulman » se fondant sur les faits regrettables de la Saint-Sylvestre arrivés à Cologne et dans l’Europe du nord… J’en extrais quelques moments suivis de questionnements.
« Le fait [dans son récit ultérieur] correspond on ne peut mieux au jeu d’images que l’Occidental se fait de l’ « autre », le réfugié-immigré… » Question : le réfugié-immigré musulman, et non pas « arabe » (c’est un point essentiel), quelle image se fait-il de l’autre qui ne soit pas dévalorisante ? L’ « autre », le voit-il seulement ? La femme à qui l’on a passé des mains sur les seins, entre les cuisses, dans son « récit » personnel, son relevé intime du viol, est-elle projetée uniquement dans un « jeu d’images » ?
«On voit dans le réfugié, son statut, pas sa culture. [ … ] on oublie que le réfugié vient d’un piège culturel que résume surtout son rapport à Dieu et à la femme. » Questions : le piège n’est-il pas à double détente ? Le réfugié ignore tout de nous, il n’a pas avancé. Nous ignorons à peu près tout de lui parce que nous avons avancé. La femme ? Pourquoi devrions-nous la penser comme une pierre d’achoppement pour lui ? Et pour nous, ne sommes-nous pas encore assez occupés à nous éloigner de notre propre misogynie venue du fond des âges ? Certes, à juste titre, Kamel Daoud va nous demander de prendre en compte la « culture » archaïque du nouvel arrivant ! : « L’Autre vient de ce vaste univers douloureux et affreux que sont la misère sexuelle dans le monde arabo-musulman, le rapport malade à la femme, au corps et au désir. L’accueillir n’est pas le guérir. » Question : Le guérir ? « … convaincre l’âme de changer », ajoute Kamel Daoud. C’est vouloir nous confier la tâche éducative, soit le soin presque impossible d’aller contre sa culture ancestrale, ses convictions tribales enracinées. Impossible parce que la négociation sera forcément inégale du maître (du colonisateur ?) à la conscience bédouine tribale et immature (à l’enfant ?) qui, rétif, amplifiera sa haine.
« En Occident, le réfugié ou l’immigré sauvera son corps mais ne va pas négocier sa culture avec autant de facilité, et cela on l’oublie avec dédain. » Questions : comment oublier ce que l’on n’avait pas imaginé ? Pourquoi devrions-nous être les seuls à pénétrer avec empathie la culture de l’Autre ? Les Jésuites du Paraguay, au XVIIe siècle, ne négocièrent-ils pas leur propre culture pour se faire les guides de la conscience des Indiens - vérité qu’il serait absurde de nier- mais aussi leurs guides en progrès divers, dont le regroupement par villages, la musique et la médecine…
La thèse de Kamel Daoud au sujet du « monde d’Allah », est la suivante : « La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l’imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté. La femme est le reflet de la vie que l’on ne veut pas admettre. Elle est l’incarnation du désir nécessaire et est donc coupable d’un crime affreux : la vie. […] L’islamiste n’aime pas la vie. Pour lui il s’agit d’une perte de temps avant l’éternité, d’une tentation, d’une fécondation inutile, d’un éloignement de Dieu et du ciel, et d’un retard sur le rendez-vous de l’éternité. La vie est le produit d’une désobéissance et cette désobéissance est le produit d’une femme. L’islamiste en veut à celle qui donne la vie, perpétue l’épreuve, qui l’a éloigné du paradis par un murmure malsain et qui incarne la distance entre lui et Dieu. »
Questions : L’islamiste n’aime pas la vie ? La proposition n’est-elle pas absurde à moins que « le monde d’Allah » ne soit un monde à l’envers, absurde lui aussi. L’islamiste a-t-il songé que la vie lui a été donnée par Allah par l’entremise d’une femme et de son corps ? Un moyen seulement ? Sommes-nous devant un avatar rétrograde de la femme objet ? Allah serait-il un dieu inconséquent, voire mentalement diminué ? Et puis, Allah serait-il le dieu punisseur qui inflige la vie sur terre à l’islamiste ? Et pourquoi le ferait-il ? N’eût-il pas été plus logique de ne créer ni hommes ni femmes ? Allah serait-il déraisonnable ? Le « petit djihad » (l’effort sur soi) ne peut suffire, j’en conviens à rendre l’amour de la vie à l’islamiste pur, celui qui voit en toute femme la chair coupable, l’incarnation de son malheur… Ne pas aimer la vie ? L’islamiste ne devrait-il pas se suicider dès lors qu’il est en possession de cette affreuse connaissance : la vie est une horreur ? Le suicide lui est interdit par la loi divine : encore une inconséquence ? Et pourquoi l’islamiste s’entête-t-il à faire autant d’enfants à des femmes méprisables (une fécondation inutile !), vouant néanmoins une adoration à ses enfants mâles appelés à connaître les affres de l’éloignement du paradis, l’horreur de la perte de temps ? Que ne les extermine-t-il à leur naissance, les petits garçons, leur évitant cette torture quotidienne ? Et les filles aussi, les futures tentatrices ? Ou alors, l’islamiste serait-il lui-même un être faible et inconséquent ? Nous voyons que partout où il passe il s’en prend à autrui plutôt qu’à lui-même. Le seul bonheur possible pour l’islamiste serait-il dans le crime ?
Kamel Daoud, selon ma façon de voir, développe ici une thèse que l’on ne peut admettre sans attenter à la raison humaine et qui fait tout sauf convaincre. L’inconscient (qu’il n’invoque pas), avec ses noirs desseins inconnus, ne peut tout expliquer : l’islamiste est d’abord un grand psychopathe dont la violence mortifère exige qu’on le fasse disparaître (sous peine de périr soi-même sous la bombe, la balle ou le poignard) avant que d’avoir pu entamer la moindre tentative de thérapie. Laissons la conclusion à Kamel Daoud, car il sait ces évidences :
« L’islamisme est un attentat contre le désir. Et ce désir ira, parfois, exploser en terre d’Occident, là où la liberté est si insolente. Car « chez nous », il n’a d’issue qu’après la mort et le jugement dernier. Un sursis qui fabrique du vivant un zombie, ou un kamikaze qui rêve de confondre la mort et l’orgasme, ou un frustré qui rêve d’aller en Europe pour échapper, dans l’errance, au piège social de sa lâcheté : je veux connaître une femme mais je refuse que ma sœur connaisse l’amour avec un homme. »
« Les réfugiés et les immigrés ne sont pas réductibles à la minorité d’une délinquance, mais cela pose le problème des « valeurs » à partager, à imposer, à défendre et à faire comprendre. Cela pose le problème de la responsabilité après l’accueil et qu’il faut assumer. »
Problème ? Sacré problème ! le 10 / II-
UNE DERNIÈRE LIVRAISON DU « MONDE » M’APREND QUE KAMEL DAOUD, RÉCEMMENT JUGÉ ET CONDAMNÉ PAR UN TRIBUNAL IMPROVISÉ DE LA BONNE PENSÉE VA CESSER DE S’EXPRIMER DANS LA PRESSE POUR SE CONSACRER À LA SEULE LITTERATURE. A-T-IL TORT ? A-T-IL RAISON ? JE NE SAIS. IL AVAIT ACCÈS À CETTE TRIBUNE MONDAINE QUI VA, C’EST PROBABLE, LUI ÊTRE INTERDITE DÉSORMAIS. LES ROBOTS PENSIFS DE CE PAYS-CI, AIDÉS DES TROUPES AUXILIAIRES DE L’ISLAMOLÂTRIE ACTIVE, SONT EN PASSE DE LE RÉDUIRE AU SILENCE. POUR MODESTE QU’ELLE PARAISSE, LA CAUSE LITTÉRAIRE (COMME LA PRESSE ANGLO-SAXONNE, MOINS MODESTE) LUI GARDENT OUVERTES LEURS PAGES ! QUI EN DOUTERAIT ?
C’EST D’UNE INFINIE TRISTESSE MAIS C’ÉTAIT INFINIMENT PRÉVISIBLE : KAMEL DAOUD DOIT ENCORE APPRENDRE QU’EN FRANCE ON NE PEUT NI PENSER NI ÉCRIRE LIBREMENT ET SURTOUT HORS DES CLOUS, SOUS PEINE DE CONDAMNATION IMMÉDIATE !
L’AFFAIRE KAMEL DAOUD COMMENCE. ELLE EST APPELÉE À DE FUTURS DÉVELOPPEMENTS. J’en tiendrai les éphémérides dans mes Carnets du mois de mars.- AU 23 / II -
# - Une amie me demandait il y a peu mon avis sur la réactivation de réformes orthographiques envisagées, préconisées puis oubliées dans les années 1990… Je lui ai répondu ceci :
L'orthographe ? Je vois deux choses. D'abord, que le système politique tel qu'il fonctionne aujourd'hui, soumis à la marchandise, inculte, dans sa rage de faire table rase de tout passé précédant 1789, nous sépare de notre culture historique, et pour ce qui a trait au lexique, veut faire disparaître tout lien des mots avec leur étymologie, faisant encore reculer d'un rang le latin et le grec ! Ces aménagements sommaires évitent aussi d'avoir à étudier les vraies difficultés de la langue, qui ne sont pas uniquement orthographiques : les accords (de participes passés notamment), les fonctions ou aspects des modes et des temps, les formes de la conjugaison et leur emploi pertinent, etc. En outre, tous les linguistes sont de cet avis, une langue en effet évolue avec le temps, "naturellement", selon ses pentes langagières, si l'on veut bien laisser un instant Malherbe et Vaugelas, qui se contentèrent de fixer cadres, catégories et d'apporter de la clarté dans la syntaxe.
Ensuite, qu'ayant (pour un temps) deux systèmes orthographiques, la marque culturelle y sera forcément inscrite : un curriculum écrit "à l'ancienne" désignera la personne cultivée, un curriculum rédigé à la mode du jour désignera une personne douée d'une culture minimale, adepte de la facilité ou instruite dans la facilité... quoi qu'en pensent et disent M. Rocard, l'Académie et Mme Belkacem. Donc une grille offrant une possibilité supplémentaire de discrimination sociale, que l'on prétend condamner par ailleurs. J’ajoute, après-coup, que le hollandisme, forme de gouvernement par l’omission, la confusion, l’approximation et l’imprévision trouve ici une illustration supplémentaire de ses improvisations de dernière heure et le moyen d’éloigner la tête du citoyen de problèmes non pas plus importants (celui-ci l’est à plus d’un titre), mais plus concrètement décisifs quant à la vie sociale.
Autre contradiction : comment vouloir ici une "égalité" de tous les Français (nationaux / bi-nationaux dans la question de la lutte contre le terrorisme), et là deux catégories de Français désignées par le "marquage" culturel ? Ces gens qui nous gouvernent sont non seulement socialement, économiquement désastreux, "sociaux-traîtres" enfin, comme disaient naguère les communistes, mais ils ne pensent qu'à l'effet d'annonce, ils ont du yaourt dans le crâne ! - Le 9 / II
# - Nouvelles de ces derniers jours.
§ - 1 – Les magistrats - rien de plus légal - ont repoussé à l’automne le procès de M. Jérôme Cahuzac, escroc cynique devant l’éternel et à la face de notre éphémère humanité. Selon ses avocats, certaines des accusations portées contre lui pourraient être entachées de vices contraires à notre Constitution. Nous souhaitons à M. Cahuzac un excellent été, ainsi qu’à son épouse désormais séparée, quoique ayant trafiqué d’argent elle aussi dans de faramineuses mesures. Ils devraient paraître devant les juges et le jury populaire lorsque la France entière sera dans les transes préélectorales. La tache se verra moins. On entendra à peine. Rien ne se produit par hasard prétendent policiers et enquêteurs sérieux.
Que le couple Balkany, du parti adverse, soit traîné en justice durant la même période me réjouit tout à fait. Ils sont une autre face des « magouilles » et tripatouillages en tous genres où s’illustrent (et s’enrichissent) nos hommes politiques depuis la Révolution, depuis avant et après la Révolution. Nous (les citoyens) attendons de savoir. Nous en avons l’habitude. L’exception notable est celle de l’Incorruptible, Maximilien Robespierre, dont le surnom résonne encore à juste titre, mais qui malheureusement sut se donner d’autres titres à la détestation des hommes.
À ce que pensait Proudhon de ces fatalités il n’est pas une virgule à changer : «Le peuple fut encore ici le singe des rois : comme eux, il voulut disposer des places lucratives en faveur de ses amis et de ses flatteurs ; malheureusement, et ce dernier trait complète la ressemblance, le peuple ne tient pas la feuille des bénéfices, ce sont ses mandataires et ses représentants. Aussi n’eurent-ils garde de contrarier la volonté de leur débonnaire souverain. » - [Qu’est-ce que la propriété ou Recherches sur le principe du droit et du gouvernement, Paris, 1841. - Cité dans : De la souveraineté du peuple - Revue La Sœur de l’Ange, n°14, printemps 2015 – p.23].
§ - 2 - Notre président Hollande vient de s’offrir, et partant de nous offrir, un remaniement ministériel. C’est le lancement des grandes manœuvres.
De ce quinquennat reste une petite année pour réaliser les promesses non tenues, faire ce qui n’a pas été fait, le sommet à gravir étant celui du chômage qui ne cesse de croître et embellir. Il s’élèverait à bien plus de 6000 mètres au-dessus du niveau de la mer, bien plus haut que le Mont Blanc. Reconnaissons que dans notre monde de la finance, les partis politiques n’ont guère de pouvoir. Leur fatale erreur est de s’appuyer sur un maigre avantage, celui de la rhétorique et des promesses auxquelles ils doivent leur élection. Le peuple, qui commence à comprendre ces choses, vote de moins en moins et semble se vouer aux démons de l’extrémisme. Comme le peuple reste un grand ingénu, qu’il espère toujours et encore, on tentera de nouvelles promesses et parions que la mythique courbe du chômage va redescendre, comme par miracle (le miracle des faux emplois et des apprentissages de façade) ! M. Hollande a lui-même mis cette condition à sa brigue d’un second mandat. Il est rusé, mais comme tous les rusés il s’emberlificote dans les rets de ses illusions, de ses malices. Le voici piégé : s’il se tire de la boîte et dénoue ses chaînes, je serai le premier à applaudir notre nouvel Houdini.
Quant au remaniement ministériel (un tableau-saynète en trompe-l’œil), il a donné lieu à des épisodes cocasses et inattendus. Le président a tenté de concurrencer le record d’un de ses prédécesseurs, M. Chirac, qui fit un ministère de 38 personnes, sous M. Raffarin je crois. Nous n’en avons que 32 en lieu et place des 28 précédents. Pas mal tout de même en période de vaches maigres et de chaos national ! Parmi les faits notoires quoique sans importance, on a vu :
- Mme Cosse, quittant le parti des poireaux et carottes bios qu’elle présidait il y a peu encore, et contre l’avis de ce même parti, se jeter contre le bedon présidentiel : « - Ô François, je reviens vers toi après t’avoir tant combattu… Protège-moi de ces écologistes minables, inscris-moi sur la liste de tes ministres, je suis prête à tout pour une petite place, oui, une place à ta table, à ta droite, quelques miettes… quoique j’aie un bon coup de fourchette… - Ma petite Emmanuelle, approche-toi et promets que tu ne me trahiras plus… Pour l’aéroport de N.D. des Landes, nous organiserons un referendum ; ni toi ni moi n’aurons plus à décider… Ce sera le peuple. On lui racontera des histoires et il votera bien… - Je promets, François. Oh oui, le peuple ! Rien que les miettes de ton repas ! - Mon petit Minou, je te mets au Logement. Heureuse ? - Comblée, oui, mon Minet. »
- Mme Fleur Pellerin vient d’être avisée par M. Le Guen, avec ce tact particulier des mufles, lors de travaux au Sénat, qu’elle n’aurait pas à revenir le lendemain, car elle venait d’être remplacée par Mme Audrey Azoulay. Causes supposées du camouflet, Mme Pellerin n’aurait pu citer un titre de roman de M. Modiano et ne se serait pas présentée aux obsèques de Michel Tournier… Motifs suffisants ? Une ministre de la culture a-t-elle encore le droit de ne pas aimer les romans ? Mme Azoulay, issue des égouts de la banque, de la soue de l’argent, des proximités avec les hautes sphères marocaines, et dont les diplômes universitaires restent mystérieux, prend la place de sa ministre. Volonté présidentielle ! L’État, c’est moi ! Amitié de vieille date, dit-on. Motifs grandement suffisants. Et partage équitable des « aubaines », selon un autre mot de Proudhon.
- M. Ayrault, ex-premier ministre, remplacera M. Laurent Fabius, démissionnaire, au poste de ministre des Affaires étrangères : il y montrera sa triste figure, tentera d’y parler correctement l’allemand (*) qu’il enseignait croit-on, et peut-être l’anglais. Son défaut naturel d’autorité, sa voix tremblotante, sa mine affligée devraient stupéfier ses collègues dans les réunions et assemblées internationales. On pense que d’ici à l’automne il aura peu à faire et fera peu par conséquent. Les élections présidentielles approchant, elles dévoreront l’espace médiatique, M. Poutine fera les gros yeux et parions que M. Hérault ira saluer M. Bachar Al-Hassad. Entre « messieurs », n’est-ce pas !...
(*) M. Ayrault se serait naguère adressé à Mme Merkel dans sa langue : elle n’y aurait rien compris, ou peut-être même le contraire de ce qu’il voulait lui dire !
- On a vu apparaître encore vingt secrétaires d’État, qui erreront d’un bureau à l’autre, n’auront pas les moyens d’alimenter la machine à café ni ceux d’entreprendre une seule tâche réelle.
- Parmi les étrangetés (ou nouveautés) déconcertantes : la nomination de Mme Méadel, ex-porte-parole du parti, remplie de suffisance et d’une mauvaise foi sans faille, au poste d’aide aux victimes. Elle continuera donc à s’occuper de tous les Français, car tous les Français se pensent, se croient, se voient, s’imaginent victimes de quelque injustice que l’État peut seul réparer. Un travail fou, ils veulent nous la tuer !
- Enfin, extravagance inouïe ou progrès de la science politique, ou encore miracle du socialisme français, une certaine Ericka Bareigts prendra soin de l’égalité réelle. Nous n’ignorions pas que l’égalité est et reste irréelle par définition. D’où notre stupéfaction. Ce poste éminemment aporétique exigera donc un travail aussi mystérieux que vain, exténuant par conséquent. Je prédis qu’on enterrera cette dame avant l’automne ! Il est vrai que notre président, en véritable cavalier, tue les femmes sous lui comme leurs chevaux les cuirassiers à Eylau et à Reichshoffen. - Le 16 / II
FIN DE L’EXTRAIT
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ISBN : 978-1-911572-35-0