Sophocle est un tragédien grec né à Colone en 495 avant Jésus-Christ et mort dans la même ville en 406 avant J.C. Avec Eschyle et Euripide, il est l’un des trois grands tragédiens grecs du siècle de Périclès. Si Eschyle qui le précède est celui qui invente la tragédie grecque, Sophocle est le plus célèbre tragédien grec des temps modernes. Eschyle, c’est l’épique, c’est le lyrique. Sophocle, c’est le ressort de l’âme humaine, sa psychologie, ses tourments et contradictions. Là où Eschyle avait commencé le travail d’humanisme, de libération de l’humain du joug des dieux par l’intermédiaire de héros tels que Prométhée, Sophocle pose les bases d’un humanisme débarrassé des contraintes religieuses. Si Eschyle établit l’humanisme en décrivant le tragique de la condition humaine, Sophocle est certainement à l’origine d’un modernisme post-religieux, travail qui sera ensuite complété par Euripide.
Ce que l’on sait de Sophocle
Il serait né en 495 av J.C à Colona, et mort dans la même ville en 406 av J.C. Comme avec Eschyle, la plus grande partie de son œuvre aurait été perdue : il aurait écrit 122 pièces dont seulement 8 nous sont parvenues.
Contrairement à Eschyle, il ne met pas les dieux en scène. C’est des conflits entre ses héros et de leurs problèmes moraux et existentiels que naît la tragédie.
Il est le fils de Sophilos. Il apprend la musique, la gymnastique…Il participe à la politique athénienne. Il est nommé stratège à deux reprises, notamment au cours de l’expédition sur Samos.
Il serait le père de cinq fils. Ce que l’on oublie souvent, c’est que Sophocle n’a pas seulement suivi Eschyle et précédé Euripide, il a aussi été le contemporain lyrique de Eschyle sur la fin de sa carrière et celui d’Euripide au début de la carrière de celui-ci.
L’œuvre qui nous est parvenue
Ce sont huit pièces au total : Ajax, Antigone, Les Trachiniennes, Œdipe roi, Electre, Philoctète, Œdipe à Colone, et Les limiers. À noter que des fragments de Les limiers, drame satyrique que l’on croyait perdus, ont été retrouvés en Égypte en 1912.
On distingue le cycle thébain (Antigone, Oedipe roi, Oedipe à Colone), le cycle troyen (Ajax, Electre, Philoctète), ainsi que les Trachiniennes, consacrées à Héraclès, et Les limiers.
Le génie de Sophocle
En supprimant le rôle central des dieux, Sophocle met l’homme au centre, et réduit aussitôt l’importance du chœur. Mais une fois privé des dieux, l’homme n’est pas plus libre. Il est la victime des tourments familiaux, sociaux, il est la proie des autres, de leurs règles et de leurs conventions, mais aussi de ses choix moraux. C’est une fois seul, abandonné de tous, que l’homme acquiert un statut divin. Quand Eschyle transcrit la condition humaine dans cette recherche futile d’arrachement à son destin, et que c’est le courage de l’homme dans la détermination à s’affranchir des dieux qui le rend superbe, Sophocle invente un humanisme tragique qui n’est autre que la solitude.
©Les Éditions de Londres