Les « Écrits de jeunesse » de Henry David Thoreau sont la compilation de deux textes écrits en 1837, quand il était étudiant à l’Université d’Harvard : « Class Book » et « L’esprit commercial des temps modernes… ». Traduits par Didier Bazy et revus par Michel Granger, ces deux textes, nous le pensons, contiennent déjà l’essence de ce qu’est l’esprit de Thoreau, un mélange de rébellion tranquille et de dédain poli pour la société moderne des humains qui ne cessent de s’agiter.
Écrits de jeunesse
Suite à une superbe préface de Michel Granger, le spécialiste français de Thoreau, nous introduisons le texte de David Henry Thoreau écrit en Juin 1837, où, à sa manière inimitable, il rédige son autobiographie pour l’annuaire de sa promotion. Il le dit : il est ailleurs. Il est à Harvard, mais il ne sera pas une répétition du même, il n’appartient pas à la société : « bien que je fus physiquement membre de l’Université Harvard, de cœur et d’âme j’étais au loin, au milieu des scènes de mon adolescence ». Puis la même année, avant d’obtenir son diplôme, il écrit et présente son discours « L’esprit commercial des temps modernes et son influence sur le caractère politique, moral et littéraire d’une nation », remise en cause de la morale ambiante, dont il est certainement abreuvé quotidiennement au sein de la vénérable institution, Thoreau n’a rien contre les coques de bois qui craquent, les voiles qui battent au vent (son grand-père est bien allé de Jersey jusqu’en Amérique sur un bateau, issu d’une famille chassée de France par la révocation de l’Édit de Nantes, avant de prendre part à la Révolution américaine), mais il se méfie comme de la peste de l’esprit dominant, et de cette machine lancée à toute vapeur qui nous menace tous de passer notre temps à faire sans jamais être. Le recueil se conclut ensuite par une remarquable postface de Didier Bazy, que nous vous laissons découvrir.
Thoreau à la source
Écrits respectivement en Juin et Août 1837, ce sont des « Écrits de jeunesse », mais si Thoreau était une rivière, ces deux textes d’Harvard, bien loin des associations usuelles hâtivement faites avec la vénérable Université, en sont la source. On y découvre Thoreau tour à tour rebelle tranquille, sceptique des idées reçues, indifférent aux normes sociales, indépendant, libre-penseur contrariant. Le vrai Thoreau, l’unique, est né. Suivons-le.
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