Préface des Éditions de Londres
« Germinal » est un roman d’Émile Zola paru en 1885 dans la série des Rougon Macquart. Zola y décrit de façon romancée la vie des mineurs de charbon du Nord et s’inspire de la grande grève qui fut organisée dans les mines de la Compagnie d’Anzin au début de 1884.
Ce n’est pas une description journalistique, mais un roman captivant. Les noms des lieux et des personnes sont inventés. Les faits racontés ont pu intervenir à d’autres occasions et à d’autres endroits que la grève de 1884. Zola situe son roman sous l’empire de Napoléon III alors que la grève de 1884 se situe pendant la troisième république sous la présidence de Jules Grévy.
Zola se documente sur la vie des mineurs en se rendant dans le bassin minier du Nord du 23 février au 2 mars 1884 alors que débute la grève des mineurs. Il descend dans la fosse Renard à Denain. Il rencontre Émile Basly qui servira de modèle au personnage d’Étienne Lantier
Contexte socio-économique
La grève des mineurs d’Anzin de 1884 intervient pendant la grande dépression qui a fait suite à la crise bancaire de mai 1873. En février 1882, l’Union générale fait faillite entraînant le krach de la bourse de Paris. Le manque de capitaux pour investir entraîne une crise économique de plusieurs années qui affectent particulièrement les mines et la métallurgie.
La grève fait suite à un changement du mode de rémunération des mineurs. Contrairement à la pratique ancienne où les mineurs étaient payés en fonction du nombre de chariots que chaque équipe remontait, la compagnie voulait payer séparément le boisage de la mine en réduisant le prix du chariot. Les mineurs considéraient que c’était pour eux une réduction de leur rémunération. La grève dura 56 jours, mais la Compagnie d’Anzin ne céda rien et les mineurs reprirent le travail aux conditions décidées par la compagnie.
Le seul apport de cette grève fut la légalisation des syndicats par la loi Waldeck-Rousseau de mars 1884.
Les personnages principaux du roman
Étienne Lantier, jeune ouvrier qui a été licencié pour avoir giflé son chef. Il arrive à se faire embaucher au puits du Voreux. Rapidement, il veut lutter contre la condition détestable des ouvriers en les faisant adhérer à l’Internationale des ouvriers. Lorsque la grève débute, il en est un meneur. À la fin de la grève, il part à Paris pour s’occuper de syndicalisme. Zola se serait inspiré pour ce personnage d’Émile Basly qui fonda dès 1883 un premier syndicat des mineurs.
Toussaint Maheu : âgé de 42 ans, il a déjà trente ans de mine derrière lui. C’est un bon ouvrier apprécié par la Compagnie. C’est dans son équipe qu’Étienne Lantier est embauché. Ils sympathiseront et Maheu proposera à Étienne de le loger.
La Maheude : La femme de Toussaint. Elle est âgée de 39 ans et a déjà sept enfants dont trois travaillent déjà à la mine. Elle se débat pour arriver à les nourrir avec le faible revenu du père et des trois enfants qui travaillent.
Catherine Maheu : la fille aînée des Maheu. Elle est âgée de 15 ans. Elle est douce, serviable et résignée. Étienne en est tout de suite amoureux, mais n’ose pas le lui avouer alors qu’il ressent qu’elle l’aime aussi. Elle partira avec Chaval qui la prend plus ou moins de force.
Antoine Chaval : âgé de 25 ans, est un mineur qui au début du roman fait partie de l’équipe de Maheu. Il est vaniteux, autoritaire et violent. Dès leur première rencontre avec Étienne, ils se haïssent et se jalousent à cause de Catherine.
Rasseneur, qui tient le cabaret L’Avantage. C’est un ancien mineur licencié, car il se mettait à la tête de toutes les revendications. Son idée est de faire évoluer la condition du mineur dans la durée et dans le calme. Il sera en opposition avec Étienne pour le déclenchement de la grève.
Souvarine, Russe émigré, il a dû quitter la Russie après avoir tenté d’assassiner le tsar. Il travaille à la mine comme machineur. C’est un anarchiste convaincu que la seule solution pour améliorer le sort des ouvriers est de tout casser pour voir après ce que l’on pourra reconstruire
Pluchart, syndicaliste de Lille, cadre de l’Internationale ouvrière. Il veut la grève pour que les mineurs se syndiquent et adhèrent à l’Internationale ouvrière.
Les Grégoire, ce sont des rentiers qui vivent du rapport des actions de la Compagnie de Montsou dont ils ont hérité. Ils sont convaincus de leur bon droit à vivre grâce au travail des mineurs. Ils vivent dans une maison cossue, mais sans luxe ostentatoire, près des mines. Leur seul luxe est leur fille qu’ils gâtent beaucoup.
Deneulin, cousin des Grégoire. Contrairement à eux, il veut entreprendre plutôt que vivre de ses rentes. Il a vendu ses actions pour acheter et rénover la mine Jean-Bart. Il a rencontré problème après problème et n’arrive pas à rendre la mine rentable. La grève dans sa mine le contraindra à la brader à la Compagnie de Montsou.
M. Hennebeau, le directeur des mines de Montsou. Il est l’agent local de la « Régie » qui est à Paris. Il est incapable de prendre seul les décisions et attend les ordres de la Régie pour agir.
Résumé du livre et extraits
Première partie
La première partie montre la dure vie des mineurs, hommes, femmes et enfants travaillant dans le noir à cinq cents mètres de profondeur pour un salaire de misère leur permettant à peine d’acheter leur pain quotidien.
Étienne Lantier chemine dans la nuit et le froid sur la route de Marchiennes à Montsou. Il s’arrête près d’une fosse de mine, le Voreux, pour demande s’il y a du travail pour un machineur. Il est depuis huit jours à la recherche d’un travail et n’a plus rien à manger. Il a été chassé de l’atelier des chemins de fer après avoir giflé son chef.
Il ne trouve pas de travail, l’industrie étant en crise, les ateliers fermant les uns après les autres.
À quatre heures, dans le coron, la famille Maheu se réveille. Le père, Catherine, Zacharie et Jeanlin doivent partir à la mine. Il n’y a plus d’argent à la maison alors qu’il reste une semaine avant la paye. Bien que sans argent, la mère, la Maheude, va devoir trouver à manger.
Quand les Maheu arrivent à la mine, ils apprennent que l’une des herscheuses de l’équipe est morte. Alors Maheu propose d’embaucher Étienne qui était resté là, demandant s’il y avait du travail. Étienne se retrouve herscheur dans l’équipe de Maheu.
Étienne arrive sur le lieu d’abattage réservé à l’équipe où il découvre Chaval qui critique son embauche. C’est tout de suite la haine entre eux. À la pause, Catherine partage son manger et sa gourde avec Étienne. Il est ému et a envie de l’embrasser, mais il n’ose pas. Toutefois, leur camaraderie rend jaloux Chaval qui embrasse brutalement Catherine devant Étienne.
À la fin de la journée, Étienne est tellement épuisé qu’il songe à abandonner. Mais Maheu, à la demande de Catherine, s’occupe de lui trouver une chambre et à manger à crédit au cabaret l’Avantage de Rasseneur.
« Devait-il rester ? Une hésitation l’avait repris, un malaise qui lui faisait regretter la liberté des grandes routes, la faim au soleil, soufferte avec la joie d’être son maître. Il lui semblait qu’il avait vécu là des années, depuis son arrivée sur le terri, au milieu des bourrasques, jusqu’aux heures passées sous la terre, à plat ventre dans les galeries noires. Et il lui répugnait de recommencer, c’était injuste et trop dur, son orgueil d’homme se révoltait, à l’idée d’être une bête qu’on aveugle et qu’on écrase. »
Deuxième partie :
La deuxième partie commence par la présentation de la famille Grégoire, les habitants de la Piolaine. Ce sont des rentiers, seulement préoccupés de vivre doucement avec leur fille Cécile. Ils doivent leur rente à la mine.
L’arrière-grand-père de Léon Grégoire, le propriétaire actuel de la Piolaine, avait acheté pour 10 000 francs d’action lors de la fondation de la compagnie en 1760. La valeur avait en un siècle centuplé et rapportait cinquante mille francs par an.
Deneulin vient leur rendre visite. C’est le cousin de M. Grégoire. Il avait reçu les mêmes actions en héritage, mais il les a vendues pour acheter un établissement minier, la fosse Jean-Bart, et il s’épuise à le faire fonctionner dans la crise qui sévit. Grégoire lui conseille de vendre sa mine à la Compagnie de Montsou qui en a très envie, mais Deneulin refuse absolument de vendre.
Ils reçoivent ensuite la visite de la Maheude avec ses deux plus petits enfants. Elle espère obtenir une aide pour pouvoir manger toute la semaine. Mais elle n’obtient que quelques vieux vêtements. Elle est au retour obligé d’aller supplier l’épicier Maigrat de lui faire crédit.
On assiste au retour de la mine des Maheu. La Maheude explique à son mari comment elle a obtenu du crédit de la part de l’épicier Maigrat.
Étienne qui se promenait aperçoit Catherine et Chaval en train de s’aimer dans un coin. Cela le rend fou de jalousie.
Troisième partie :
Cela fait plusieurs mois qu’Étienne travaille à la mine. Il s’est habitué à cette vie sous terre. Il est devenu un herscheur très efficace. « Au demeurant, il était accepté, regardé comme un vrai mineur, dans cet écrasement de l’habitude qui le réduisait un peu chaque jour à une fonction de machine. »
À l’Avantage, le cabaret où il est logé, Étienne a fait la connaissance de Souvarine qui y loge également. C’est un réfugié politique russe obligé de quitter la Russie après tenté de tuer le tsar. Il travaille à la mine comme machineur.
Étienne correspond régulièrement avec Pluchart, secrétaire de la Fédération du Nord de l’Internationale des travailleurs. Celui-ci lui demande de créer une section à la mine : « Étienne s’enflammait. Toute une prédisposition de révolte le jetait à la lutte du travail contre le capital, dans les illusions premières de son ignorance. C’était de l’Association internationale des travailleurs qu’il s’agissait, de cette fameuse Internationale qui venait de se créer à Londres. N’y avait-il pas là un effort superbe, une campagne où la justice allait enfin triompher ? Plus de frontières, les travailleurs du monde entier se levant, s’unissant, pour assurer à l’ouvrier le pain qu’il gagne. Avant six mois, on aurait conquis la terre, on dicterait des lois aux patrons, s’ils faisaient les méchants. »
Souvarine, lui, est anarchiste, admirant Bakounine : « Des bêtises ! répéta Souvarine. Votre Karl Marx en est encore à vouloir laisser agir les forces naturelles. Pas de politique, pas de conspiration, n’est-ce pas ? tout au grand jour, et uniquement pour la hausse des salaires… Fichez-moi donc la paix, avec votre évolution ! Allumez le feu aux quatre coins des villes, fauchez les peuples, rasez tout, et quand il ne restera plus rien de ce monde pourri, peut-être en repoussera-t-il un meilleur. Augmenter le salaire, est-ce qu’on peut ? Il est fixé par la loi d’airain à la plus petite somme indispensable, juste le nécessaire pour que les ouvriers mangent du pain sec et fabriquent des enfants… S’il tombe trop bas, les ouvriers crèvent, et la demande de nouveaux hommes le fait remonter. S’il monte trop haut, l’offre trop grande le fait baisser… C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim. »
En juillet, Maheu qui apprécie beaucoup Étienne, lui propose de devenir haveur dans son équipe ce qui entraîne un meilleur salaire.
La Maheude accepte le mariage de son fils Zacharie avec Philomène Levaque bien que regrettant la paye de son fils qui ne rentrera plus à la maison.
Étienne s’étant plaint de son logement à l’Avantage, les Maheu lui proposent de le loger puisque Zacharie laisse une place libre. Il s’y installe en août. Il partage le lit de Jeanlin à côté du lit de Catherine dans une intimité de chaque minute. Ils vivent en camarades, mais le trouble leur vient certains soirs : « Puis, la chandelle éteinte, ils comprenaient qu’ils ne s’endormaient pas, qu’ils songeaient l’un à l’autre, malgré leur fatigue. Cela les laissait inquiets et boudeurs tout le lendemain. »
Chaque soir, la même causerie se répète chez les Maheu au sujet de leur vie misérable : « Et la famille partait de là, chacun disait son mot, pendant que le pétrole de la lampe viciait l’air de la salle, déjà empuantie d’oignon frit. Non, sûrement, la vie n’était pas drôle. On travaillait en vraies brutes à un travail qui était la punition des galériens autrefois, on y laissait la peau plus souvent qu’à son tour, tout ça pour ne pas même avoir de la viande sur sa table, le soir. Sans doute, on avait sa pâtée quand même, on mangeait, mais si peu, juste de quoi souffrir sans crever, écrasé de dettes, poursuivi comme si l’on volait son pain. Quand arrivait le dimanche, on dormait de fatigue. Les seuls plaisirs, c’était de se soûler ou de faire un enfant à sa femme ; encore la bière vous engraissait trop le ventre, et l’enfant, plus tard, se foutait de vous. Non, non, ça n’avait rien de drôle. Seul, le père Bonnemort, s’il était là, ouvrait des yeux surpris, car de son temps on ne se tracassait pas de la sorte : on naissait dans le charbon, on tapait à la veine, sans en demander davantage ; tandis que, maintenant, il passait un air qui donnait de l’ambition aux charbonniers. »
Étienne a convaincu les habitants du coron de s’inscrire à la caisse de prévoyance.
À l’automne, la crise persistant, la Compagnie fait tout pour réduire les heures de travail, réduisant la paye en conséquence. Lors de la paye de la quinzaine qui est mauvaise pour tous, une affiche indique que dorénavant, le boisage sera payé séparément et les mineurs comprennent que cela entraînera une réduction de leur salaire.
Souvarine explique ainsi l’intention de la compagnie : « La Compagnie, atteinte par la crise, était bien forcée de réduire ses frais, si elle ne voulait pas succomber ; et, naturellement, ce seraient les ouvriers qui devraient se serrer le ventre, elle rognerait leurs salaires, en inventant un prétexte quelconque. Depuis deux mois, la houille restait sur le carreau de ses fosses, presque toutes les usines chômaient. Comme elle n’osait chômer aussi, effrayée devant l’inaction ruineuse du matériel, elle rêvait un moyen terme, peut-être une grève, d’où son peuple de mineurs sortirait dompté et moins payé. Enfin, la nouvelle caisse de prévoyance l’inquiétait, devenait une menace pour l’avenir, tandis qu’une grève l’en débarrasserait, en la vidant, lorsqu’elle était peu garnie encore. »
La colère gronde parmi les mineurs. L’idée du déclenchement d’une grève fait son chemin.
La semaine suivante, il y a un éboulement dans la mine tuant un homme et brisant les jambes de Jeanlin.
Chaval a forcé Catherine à se mettre avec lui. Elle ne revient plus à la maison. Chaval et elle se sont fait embaucher au puits Jean-Bart de M. Deneulin. C’est pour les Maheu une perte d’argent : « Nous l’avons laissée libre, n’est-ce pas ? parce que, mon Dieu ! toutes passent par là. Ainsi, moi, j’étais grosse, quand le père m’a épousée. Mais je n’ai pas filé de chez mes parents, jamais je n’aurais fait la saleté de porter avant l’âge l’argent de mes journées à un homme qui n’en avait pas besoin… Ah ! c’est dégoûtant, voyez-vous ! On en arrivera à ne plus faire d’enfant. »
Quatrième partie :
Le 1er décembre, la Compagnie applique le nouveau tarif. À la fin de la quinzaine, dans tous les puits de la Compagnie, les mineurs se mettent en grève sous la conduite d’Étienne.
Le jour où la grève débute, le directeur de la mine, M. Hennebeau et sa femme reçoivent à déjeuner les Grégoire.
À table, M. Hennebeau explique que les années heureuses ont gâté les ouvriers : « Quand je songe, cria-t-il, que ces gaillards, dans nos fosses, pouvaient se faire jusqu’à six francs par jour, le double de ce qu’ils gagnent à présent ! Et ils vivaient bien, et ils prenaient des goûts de luxe… Aujourd’hui, naturellement, ça leur semble dur, de revenir à leur frugalité ancienne. Mais, en vérité, est-ce notre faute ? Devant la réduction croissante des demandes, nous nous trouvons bien forcés d’abaisser le prix de revient… C’est ce que les ouvriers ne veulent pas comprendre. »
À la fin du repas arrivent des délégués des mineurs voulant rencontrer leur directeur. Les délégués réclament que la paye reste liée à la berline de charbon sans payer le boisage à part et que le prix de la berline soit augmenté de 5 centimes pour passer à 55 centimes.
M. Hennebeau les accuse de n’être plus eux-mêmes en s’étant laissés enrégimenter par l’Internationale. Enfin, il leur dit qu’il transmettra leur demande à la Régie. Il est convaincu que la grève ne durera pas plus de huit jours.
La troisième semaine de grève voit de plus en plus de grévistes. Mais chez les mineurs, tout commence à manquer sans qu’ils se plaignent pour autant.
Étienne fait venir Pluchart dans le but de convaincre les mineurs d’adhérer à l’Internationale. C’est l’occasion d’une dispute avec Rasseneur qui pense que l’adhésion à l’Internationale entraînera des désordres graves dont pâtiront les mineurs.
Une réunion est organisée, regroupant 200 délégués. Rasseneur tente de convaincre les mineurs d’arrêter la grève. Il est hué par tous les délégués. Les délégués sont convaincus par Pluchart et sont prêts à adhérer à l’Internationale quand arrivent les gendarmes. « Dans la salle, le trouble augmentait. On ne pouvait se sauver ainsi, on n’avait pas même voté, ni pour l’adhésion, ni pour la continuation de la grève. Tous s’entêtaient à parler à la fois. Enfin, le président eut l’idée d’un vote par acclamation. Des bras se levèrent, les délégués déclarèrent en hâte qu’ils adhéraient au nom des camarades absents. Et ce fut ainsi que les dix mille charbonniers de Montsou devinrent membres de l’Internationale. »
Quinze jours se sont encore écoulés. Les secours pour aider les mineurs sont de plus en plus rares. Les mineurs ont vendu tout ce qu’ils possédaient. Il n’y a plus de crédit.
La mine souffre elle aussi. Il n’y a plus de stock de charbon. Les installations se dégradent faute d’être employées. Des bruits courent que le directeur serait prêt à négocier. M. Hennebeau propose au mineur d’augmenter de 2 centimes le prix du boisage. Les délégués refusent.
Étienne décide alors de réunir les charbonniers de tous les corons le lendemain soir. La réunion se tiendra dans la forêt puisque les réunions sont interdites.
Le soir, Étienne aperçoit Jeanlin descendre dans la mine désaffectée du Réquillart. Il le suit et découvre un bout de galerie confortablement aménagé où Jeanlin a entassé les provisions qu’il chaparde avec Bébert et Lydie. Jeanlin, sans s’émouvoir de l’arrivée d’Étienne, lui propose de dîner avec lui. Étienne garde pour lui sa découverte, pensant qu’elle pourra peut-être lui servir plus tard si les choses de gâtent.
Trois mille charbonniers se retrouvent dans la forêt le soir. Étienne les harangue pour qu’ils continuent la grève : « Quoi ! depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses, la tête basse, et l’éternelle misère recommencerait ! Ne valait-il pas mieux mourir tout de suite, en essayant de détruire cette tyrannie du capital qui affamait le travailleur ? Le salariat est une forme nouvelle de l’esclavage. La mine doit être au mineur, comme la mer est au pêcheur, comme la terre est au paysan… Entendez-vous ! la mine vous appartient, à vous tous qui, depuis un siècle, l’avez payée de tant de sang et de misère ! »
Les mineurs décident de continuer la grève et d’empêcher que des non-grévistes puissent descendre à la mine.
Étienne interpelle Chaval qui continue à travailler à Jean-Bart, la mine de Deneulin qui n’est pas en grève. Chaval s’engage à faire arrêter le travail à Jean-Bart dès le lendemain. « On l’applaudit furieusement à son tour, et dès lors Étienne lui-même fut débordé. Des orateurs se succédaient sur le tronc d’arbre, gesticulant dans le bruit, lançant des propositions farouches. C’était le coup de folie de la foi, l’impatience d’une secte religieuse, qui, lasse d’espérer le miracle attendu, se décidait à le provoquer enfin. Les têtes, vidées par la famine, voyaient rouge, rêvaient d’incendie et de sang, au milieu d’une gloire d’apothéose, où montait le bonheur universel. »
Il est donc convenu de se retrouver tous, le lendemain, à Jean-Bart.
Cinquième partie :
Le lendemain à Jean-Bart, Chaval commence à convaincre les mineurs de ne pas descendre. Deneulin est appelé et Chaval lui demande une augmentation de 5 centimes par berline.
Deneulin ne parvient pas à convaincre les mineurs de reprendre le travail alors il prend Chaval à part, le flatte, lui promet qu’il sera bientôt porion. Chaval change d’avis et convainc la plupart des mineurs de reprendre le travail.
Catherine qui est descendue avec Chaval se trouve mal, l’air étant ce jour-là irrespirable dans la voie où elle pousse les berlines. Chaval doit la porter jusqu’à la voie principale où souffle l’air frais.
Dans la matinée, les mineurs de Montsou sont arrivés à Jean-Bart et ils coupent les câbles de la nacelle qui permet de remonter le charbon et les mineurs. C’est la panique dans le fond. Les mineurs doivent remonter par les échelles sur sept cents mètres de hauteur.
Les mineurs de Montsou sont arrivés seulement dans la matinée, car un bruit courait que les soldats étaient là. Quand les mineurs arrivent, Deneulin les reçoit rudement, mais ils envahissent la fosse et Deneulin doit se barricader dans le bureau des porions.
Les mineurs échappent à l’autorité d’Étienne et deviennent furieux et décident de couper les câbles. Quand les mineurs de Jean-Bart sortent après avoir monté leurs échelles, ils sont hués et Étienne est fou de découvrir que Chaval en fait partie.
Les grévistes décident alors de se rendre aux autres fosses pour empêcher le travail. Ils courent de fosse en fosse de plus en plus excités, battant les mineurs non-grévistes qu’ils rencontrent, cassant du matériel. « Une poche de rancune crevait en eux, une poche empoisonnée, grossie lentement. Des années et des années de faim les torturaient d’une fringale de massacre et de destruction. »
Les grévistes passent devant la demeure des Grégoire, mais ils ne l’attaquent pas, seul, Jeanlin casse un carreau en lançant une pierre.
Pendant toute la course, Étienne pousse Chaval devant lui, puis à un moment, sous l’effet de l’alcool bu, il veut se battre à mort avec lui. Catherine qui a toujours suivi, lui donne une paire de claques et se met en travers pour protéger Chaval. Étienne est dessoulé par la claque et laisse filer Chaval.
La foule des grévistes décide alors de se rendre chez le directeur, M. Hennebeau, pour lui demander du pain.
Quand les nouvelles des destructions arrivent à M. Hennebeau, il vient de découvrir la preuve que sa femme le trompe avec son neveu Négrel et il se désintéresse de ce qui se passe.
Mme Hennebeau, les deux filles de M. Deneulin, la fille des Grégoire et Négrel, qui reviennent de visiter une usine, sont obligés de se cacher pour ne pas être écharpés par la foule.
À cinq heures, les grévistes sont sous les fenêtres du directeur, réclamant du pain et lançant des pierres contre la façade. Étienne ne sait plus quoi faire pour éviter le sac de la maison du directeur. « Personne, du reste, n’obéissait plus à Étienne. Les pierres, malgré ses ordres, continuaient à grêler, et il s’étonnait, il s’effarait devant ces brutes démuselées par lui, si lentes à s’émouvoir, terribles ensuite, d’une ténacité féroce dans la colère. Tout le vieux sang flamand était là, lourd et placide, mettant des mois à s’échauffer, se jetant aux sauvageries abominables, sans rien entendre, jusqu’à ce que la bête fût soûle d’atrocités. »
Les Grégoire, invités à dîner, arrivent paisiblement chez le directeur. Les grévistes sont surpris par leur calme. Ils arrêtent de lancer des pierres et les laissent entrer.
La voiture de Mme Hennebeau s’est arrêtée à une centaine de mètres et les passagers tentent de rentrer à pied dans la maison. Malgré les huées, ils y parviennent sauf Cécile Grégoire qui, prise de panique, a voulu fuir et s’est jetée dans la foule. Les femmes tirent sur ses vêtements, le vieux Bonnemort lui serre le cou. Heureusement, Deneulin arrive sur son cheval, il attrape Cécile et arrive de force à fendre la foule pour entrer chez le directeur.
Étienne, pour faire diversion, propose d’attaquer la boutique de Maigrat, l’épicier qui fait crédit si les filles se donnent à lui. La boutique se trouve juste à côté de la maison du directeur.
Maigrat, qui était dehors, voit que l’on attaque son magasin. Il veut rentrer le protéger : « L’avarice l’emportait, lui et sa femme couvriraient les sacs de leur corps, plutôt que d’abandonner un pain. » Il tente de rentrer par une fenêtre en passant par le toit. La foule l’aperçoit sur le toit, il est alors pris de peur ; il tombe du toit et se tue. Les femmes se jettent sur lui et mutilent son corps.
À ce moment, Catherine vient dire à Étienne et à son père de se sauver, car voilà les gendarmes. C’est Chaval qui est allé les chercher. Toute la foule des grévistes se sauve.
Sixième partie :
Les gendarmes et la troupe gardent toutes les installations minières. La première quinzaine de février s’écoule sans nouvel évènement. Quelques arrestations ont eu lieu. La direction a renvoyé des ouvriers, dont Maheu. Étienne, que l’on recherche se cache dans la retraite de Jeanlin.
La neige est tombée et recouvre le coron. Chez les Maheu, il n’y a plus de feu et plus rien à manger. Alzire en tentant de glaner un peu de déchets de houille sous la neige a pris froid et va mourir.
Rasseneur a appris que l’Internationale allait mal : « L’Association, après avoir conquis les ouvriers du monde entier, dans un élan de propagande, dont la bourgeoisie frissonnait encore, était maintenant dévorée, détruite un peu chaque jour, par la bataille intérieure des vanités et des ambitions. Depuis que les anarchistes y triomphaient, chassant les évolutionnistes de la première heure, tout craquait, le but primitif, la réforme du salariat, se noyait au milieu du tiraillement des sectes, les cadres savants se désorganisaient dans la haine de la discipline. »
La direction a décidé de faire appel à des mineurs belges pour descendre à la mine sous la garde des gendarmes. Chaval va les accompagner.
Étienne est allé à l’Avantage pour rencontrer Rasseneur et Souvarine. Chaval arrive accompagné de Catherine. Il veut la bagarre avec Étienne. Ils se battent. Chaval est envoyé à terre, alors il se relève avec son couteau. Catherine crie pour avertir Étienne. Étienne saisit le poignet de Chaval et parvient à lui faire lâcher le couteau. Il est sur le point de lui trancher la gorge, mais il se retient et chasse Chaval. Quand Catherine veut suivre Chaval, celui-ci la repousse brutalement en lui disant de rester avec Étienne.
Étienne quitte l’Avantage avec Catherine, ils se promènent sans savoir où aller. Étienne lui propose de l’emmener dans sa cachette, mais elle refuse. « Ils étaient au pied du terri, cachés dans l’ombre du tas énorme. Un nuage d’encre passait justement sur la lune, ils ne distinguaient même plus leurs visages, et leurs souffles se mêlaient, leurs lèvres se cherchaient, pour ce baiser dont le désir les avait tourmentés pendant des mois. Mais, brusquement, la lune reparut, ils virent au-dessus d’eux, en haut des roches blanches de lumière, la sentinelle détachée du Voreux, toute droite. Et, sans qu’ils se fussent baisés enfin, une pudeur les sépara, cette pudeur ancienne où il y avait de la colère, une vague répugnance et beaucoup d’amitié. »
Catherine choisit de retourner chez Chaval au risque de prendre des coups. Étienne retourne à sa cachette.
Le lendemain, les mineurs belges qui ont couché au Voreux vont descendre dans la fosse. Les grévistes du coron les regardent d’abord à distance. Le Voreux est gardé par des gendarmes. Étienne tente sans succès de négocier avec les gendarmes pour qu’ils laissent passer les mineurs.
Les mineurs sont plusieurs centaines et les gendarmes, une soixantaine. Le capitaine tente de faire reculer les grévistes. Il commence par ordonner de mettre les baïonnettes en avant. Il commande ensuite de charger les fusils.
Les mineurs se mettent à lancer des briques sur les gendarmes. Alors sans que le capitaine en ait donné l’ordre, les gendarmes commencent à faire feu.
Les souffre douleurs de Jeanlin, Lydie et Bébert, sont tués. La Mouquette qui avait voulu protéger Catherine est tuée. Maheu est frappé en plein cœur.
Septième partie :
La tuerie des mineurs a fait scandale dans les journaux parisiens. Les régisseurs de la compagnie se rendent sur place pour en finir au plus vite avec la grève. Ils décident immédiatement de renvoyer les mineurs belges et les gendarmes, ils proposent la reprise du travail le lundi suivant en promettant d’examiner avec « soin et bienveillance » la situation de chacun. Les mineurs renvoyés sont réintégrés.
Les régisseurs profitent de leur présence pour racheter la mine de Deneulin pour pas cher.
Étienne et Catherine vivent à nouveau chez les Maheu.
Le père Bonnemort ne parle plus, quelque chose s’est cassé dans sa cervelle.
La Maheude est désespérée, elle regrette le passé : « des malins sont toujours là, pour vous promettre que ça peut s’arranger, si l’on s’en donne seulement la peine… On se monte la tête, on souffre tellement de ce qui existe, qu’on demande ce qui n’existe pas. Moi je rêvassais déjà comme une bête, je voyais une vie de bonne amitié avec tout le monde, j’étais partie en l’air, ma parole ! dans les nuages. Et l’on se casse les reins, en retombant dans la crotte… Ce n’était pas vrai, il n’y avait rien là-bas des choses qu’on s’imaginait voir. Ce qu’il y avait, c’était encore de la misère, ah ! de la misère tant qu’on en veut, et des coups de fusil par-dessus le marché ! »
La popularité d’Étienne est finie, on le regarde de travers quand il passe dans le coron : « Là encore, il retrouva le coron qui semblait l’attendre, les hommes sur les portes, les femmes aux fenêtres. Dès qu’il parut, des grognements coururent, la foule augmenta. Un souffle de commérages s’enflait depuis quatre jours, éclatait en une malédiction universelle. Des poings se tendaient vers lui, des mères le montraient à leurs garçons d’un geste de rancune, des vieux crachaient, en le regardant. C’était le revirement des lendemains de défaite, le revers fatal de la popularité, une exécration qui s’exaspérait de toutes les souffrances endurées sans résultat. Il payait pour la faim et la mort. »
Étienne fuit le coron pour se rendre à l’Avantage. Là s’y trouve Chaval avec d’autres mineurs. On lui lance des briques et il est obligé de se réfugier dans le cabaret. Rasseneur va parler aux mineurs qui l’acclament.
Le dimanche, Étienne en se promenant loin du coron, rencontre Souvarine. Souvarine est persuadé que les mineurs reprendront le travail le lendemain, comme la Compagnie le leur a demandé. Il oppose au socialisme d’Étienne ses convictions anarchistes : « Alors, devant cette vision de l’éternelle misère, le machineur cria d’une voix farouche que, si la justice n’était pas possible avec l’homme, il fallait que l’homme disparût. Autant de sociétés pourries, autant de massacres, jusqu’à l’extermination du dernier être. »
Dans la nuit, Souvarine, pour mettre en pratique ses convictions anarchistes, se rend au Voreux pour saboter la charpente du puits afin que l’eau s’y engouffre et inonde la fosse quand l’activité aura repris.
Le lundi à quatre heures Catherine se lève, elle a décidé de retourner au travail, ne supportant plus d’être à la charge de sa mère. Étienne l’entend se lever. Il avait juré de ne pas redescendre à la mine, mais il veut, sans même réfléchir, accompagner Catherine.
En allant à la mine, ils croisent Souvarine. Quand Souvarine le voit, il veut le faire retourner au coron, mais quand il voit Catherine accompagnant Étienne, il considère que l’homme est perdu quand il y a une femme dans son cœur et il le laisse aller.
Dans la salle de recette, Étienne constate que la moitié des mineurs ont repris le travail.
Chaval se retrouve dans la même équipe qu’Étienne et Catherine. Leur équipe doit aller déblayer un éboulement au bout de la galerie nord à trois kilomètres du puits de descente.
Subitement, Catherine constate qu’il n’y a plus personne dans la mine. Tout le monde évacue, la charpente du puits a crevé. Quand l’équipe d’Étienne arrive au puits, il est trop tard, c’est l’écroulement final du cuvelage. Ils se retrouvent avec d’autres mineurs bloqués au fond.
Négrel tente de descendre dans le puits, mais il ne peut pas rejoindre les mineurs. Il constate que le cuvelage a été cisaillé.
Dans les heures qui suivent, un cratère se forme et engloutit toutes les installations de la mine.
Quinze mineurs restent ensevelis. Leur sauvetage s’organise. On arrive à en localiser en frappant dans les galeries de l’ancien puits. Il faut creuser une galerie de cinquante mètres pour les atteindre. Le creusement va durer des jours. Zacharie s’acharne pour retrouver sa sœur, mais il est tué d’un coup de grisou.
Les Grégoire se rendent chez les Maheu qui ont été tellement accablés. Ils veulent les secourir en leur apportant des vêtements et de la nourriture. Seul le vieux Bonnemort est là, le regard fixe. Quand les Grégoire repartent, Cécile s’attarde, elle reconnaît l’homme qui avait failli l’étrangler. Ne voyant pas revenir leur fille, les Grégoire retournent chez les Maheu. Là, il la trouve morte étranglée par le vieux Bonnemort.
Dans la mine, les mineurs bloqués sont dispersés. Étienne et Catherine cherchent à échapper à l’inondation en remontant de galerie en galerie. Ils arrivent dans la plus haute galerie et tombent sur Chaval. Ils sont bloqués là, l’eau arrivant à leur pied. Tout ce qu’ils peuvent faire est de taper contre la paroi en espérant qu’on les entende.
Chaval qui a plusieurs tartines en propose à Catherine à condition qu’elle soit gentille avec lui. Quand Chaval essaye de prendre Catherine de force, Étienne devient fou. Il arrache une feuille de schiste et l’abat sur le crâne de Chaval qu’il tue.
Étienne et Catherine se retrouvent seuls. Ils se tiennent enlacés dans le noir. Ils tapent régulièrement pour signaler leur présence et au troisième jour, ils entendent les coups des secouristes qui leur répondent.
Au bout de plusieurs jours, Catherine n’en peut plus et se jette dans les bras d’Étienne : « D’un élan, elle s’était pendue à lui, elle chercha sa bouche et y colla passionnément la sienne. Les ténèbres s’éclairèrent, elle revit le soleil, elle retrouva un rire calmé d’amoureuse. Lui, frémissant de la sentir ainsi contre sa chair, demie-nue sous la veste et la culotte en lambeaux, l’empoigna, dans un réveil de sa virilité. Et ce fut enfin leur nuit de noces, au fond de cette tombe, sur ce lit de boue, le besoin de ne pas mourir avant d’avoir eu leur bonheur, l’obstiné besoin de vivre, de faire de la vie une dernière fois. Ils s’aimèrent dans le désespoir de tout, dans la mort. »
Étienne la garde dans ses bras, elle ne bouge plus. Au bout de plusieurs heures, il s’aperçoit qu’elle est froide.
Enfin au bout de quinze jours, les sauveteurs le rejoignent.
Les mineurs du coron travaillent maintenant à Jean-Bart. Ils ont accepté le tarif qui les avait fait mettre en grève.
Après six semaines à l’hôpital, Étienne va rejoindre Pluchart à Paris. Il s’en va prendre son train : « Très haut, un chant d’alouette lui fit regarder le ciel. De petites nuées rouges, les dernières vapeurs de la nuit, se fondaient dans le bleu limpide ; et les figures vagues de Souvarine et de Rasseneur lui apparurent. Décidément, tout se gâtait, lorsque chacun tirait à soi le pouvoir. Ainsi, cette fameuse Internationale qui aurait dû renouveler le monde, avortait d’impuissance, après avoir vu son armée formidable se diviser, s’émietter dans des querelles intérieures. Darwin avait-il donc raison, le monde ne serait-il qu’une bataille, les forts mangeant les faibles, pour la beauté et la continuité de l’espèce ? Cette question le troublait, bien qu’il tranchât, en homme content de sa science. Mais une idée dissipa ses doutes, l’enchanta, celle de reprendre son explication ancienne de la théorie, la première fois qu’il parlerait. S’il fallait qu’une classe fût mangée, n’était-ce pas le peuple, vivace, neuf encore, qui mangerait la bourgeoisie épuisée de jouissance ? Du sang nouveau ferait la société nouvelle. Et, dans cette attente d’un envahissement des barbares, régénérant les vieilles nations caduques, reparaissait sa foi absolue à une révolution prochaine, la vraie, celle des travailleurs, dont l’incendie embraserait la fin du siècle de cette pourpre de soleil levant, qu’il regardait saigner au ciel. »
Lexique
Moulineur : ouvrier chargé de remonter les chariots (ou berlines) de charbon et de les vider. Le mot vient de la moulette qui est le tambour où s’enroulent les câbles.
Machineur : ouvrier qui conduit une machine.
Galibot : Jeune ouvrier (12 à 14 ans). Ils étaient employés à la surveillance du roulement des berlines tirés par les chevaux. Le mot signifie que c’est un enfant.
Herscheur : Ouvrier (souvent des femmes) chargé de ramasser le charbon dans les berlines et de les pousser dans les voies secondaires.
Haveur : Ouvrier qui extrait le charbon de la veine. On dit aussi abatteur.
Raccommodeur : Ouvrier qui s’occupe de l’aération dans la mine.
Porion : contremaître ou chef d’équipe.
Terri ou terril : monticule formé par les déchets de la mine.
Coron : Groupe d’habitations mises à la disposition des mineurs par la Compagnie. Toutes les maisons identiques sont accolées les unes aux autres.
Goyot : partie du puits d’une mine réservée au passage des mineurs.
Carin : petit appentis où l’on élève des lapins où de la volaille.
Ducasse : fête annuelle dans le Nord de la France et en Belgique.
Grisou : gaz présent dans les mines de charbon, principalement du méthane. Il n’est pas toxique à respirer, mais explose facilement quand sa proportion dans l’air est importante.
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