On pourrait croire que votre serviteur, sympathique responsable de la collection « East End », reçoit beaucoup de manuscrits de romans policiers. Il n’en est rien. Considérons par exemple les nouvelles soumises à ce jour dans le cadre de notre appel à textes « Jacques l’Éventreur » : seules 10 % retournent de ce sous-genre.
Il semblerait bien que ces dernières années, le thriller et le roman noir aient pris le pas sur le policier dans les collections comme la nôtre. Et lorsque l’on reçoit un roman policier, le genre est souvent mal maîtrisé : inspiration marquée par les années 50, documentation très approximative, clichés à gogo.
Voilà pourquoi de battre mon cœur s’est pratiquement arrêté en lisant Ciel d’orage et soupe d’orties. Un titre qui fleure bon San Antonio, mais qui cache un texte d’un classicisme modernisé. Une intrigue « simple », mais efficace et intelligemment construite – des indices sont discrètement disséminés tout au long du récit. Des personnages qui font le pied de nez aux clichés les plus éculés. Une ambiance résolument rock ’n’ roll.
Les références à Jack l’Éventreur sont là, évidentes, mais légères et comme utilisées à l’opposé de ce qui est attendu. L’éventreur de Ciel d’orage et soupe d’orties protège les prostitués, et a le sommeil agité quand il a failli à son devoir. Lorsqu’il franchit les frontières de la légalité, c’est paradoxalement pour la justice.
Ce vent de fraîcheur est apporté par une jeune auteure née en 1991, Gabrielle Massat. Ses études de kinésithérapie, bien éloignées des Lettres souvent préférées par les écrivains, lui permettent sans doute un recul profitable sur la littérature, notamment de genre. Si le polar a sa préférence, elle ne veut pas se laisser enfermer. Elle est depuis peu présente sur internet via son blog. Ne soyez pas surpris, elle dit être une belette pygmée.
Ciel d’orage et soupe d’orties est son premier texte publié.
Aurélie Gandour
Pour Clarisse, Ghislaine, Marie, Julia.
Mes héroïnes, mes racines, ma force.