« La Comédie des ânes » ou Asinaria est une comédie de Plaute écrite vers 212 avant Jésus-Christ. Il s’agirait de la plus ancienne, donc, de la première pièce de Plaute. Elle serait inspirée d’une pièce de Démophile, écrite vers 311 avant Jésus-Christ, lequel Démophile se serait inspiré de Ménandre et de Théophraste.
Résumé de la pièce
Argyrippe, un jeune homme, est amoureux de Philénie. Mais sa mère Cléérète fait faire à sa fille un métier vieux comme le monde et que la morale a toujours réprouvé tout en s’en délectant. Argyrippe a donc besoin d’argent, pour cela, il a son père Déménète. L’argent vient d’un convoi d’ânes (d’où le titre de la pièce !) pour lequel le convoyeur exigera un prix. Les deux esclaves de Déménète, Léonidas et Liban, sont chargés d’apporter l’argent, mais avant cela, ils jouent un sacré tour à leur jeune maître Argyrippe, et l’humilient. Rebondissement : le vieux Déménète n’a pas fait apporter l’argent à l’entremetteuse de façon tout à fait gratuite, puisqu’il veut lui-même passer une nuit avec la jeune Philénie. Mais un amant jaloux de Philénie, Diabole, va, pour se venger, vendre la mèche à la femme de Déménète, Artémone, qui surprend son mari et le ramène chez elle manu militari…L’intrigue n’est pas si bien ficelée, mais il existe une fraîcheur, une jeunesse dans cette pièce, qui nous semblent assez réjouissantes. Alors, pas la meilleure pièce de Plaute ? Probable, mais pourtant, nous en aimons la succession un peu décousue de scènes comiques, où l’auteur n’hésite pas à accumuler les opportunités de se moquer des personnages, de leurs mœurs, de leurs faiblesses, leur faillibilité…Et puis l’accumulation des situations : attendre un convoi d’ânes pour payer le prix de l’amour, le vieillard qui décide de se servir lui-même, les deux esclaves qui jouent leur maître, tout ça, c’est clairement du registre de la Farce.
Les morceaux de bravoure
La scène d’Argyrippe et des deux esclaves : n’est pas sans vaguement évoquer un certain Scapin, vu la façon dont ils vont humilier leur maître. Liban humilie d’abord Argyrippe en demandant à Philénie une nuit avec elle et un tonneau de vin, puis lui et Léonidas s’amusent à lui cacher l’argent, et vont même jusqu’à demander à Philénie qu’elle appelle les esclaves avec des mots doux, puis toujours, en jouant avec Argyrippe, ils le forcent à se mettre à quatre pattes et à faire le cheval ; Argyrippe proteste : « si tu trouves convenable qu’un maître serve de cheval à un esclave, monte ! », et Liban : « Allons, bravo ! Il n’y a pas de cheval qui soit plus brave cheval que toi. »
La scène où Artémone surprend Déménète : le parasite conduit la femme de Déménète jusqu’à la maison de Philénie, où elle découvre son mari, trônant à un banquet et en charmante compagnie : « Philénie- Dis moi, s’il te plaît, ta femme a mauvaise haleine ? Déménète- Pouah, j’aimerais mieux boire de l’eau de sentine, s’il le fallait, plutôt que de l’embrasser. Artémone- Par Castor, il me paiera tout cela avec usure ; s’il revient aujourd’hui à la maison, la principale vengeance que j’en tirerai sera de lui donner des baisers. »
© 2013- Les Editions de Londres