Scène troisième- Le logis de Maitre Pierre Pathelin

PATHELIN

En ai-je ?

GUILLEMETTE

De quoi ?

PATHELIN

Qu’est devenue votre vieille cotte hardie ?

GUILLEMETTE

Il est bien besoin d’en parler ! Qu’en voulez-vous faire ?

PATHELIN

Rien, rien. En ai-je ? Je le disais bien. Est-ce bien ce drap qu’il fallait ?

GUILLEMETTE

Sainte Dame ! Par le péril de mon âme, un client vous l’a donne en garantie ? Dieu, d’où nous vient cette aubaine ?...Hélas ! Hélas ! Qui le paiera ?

PATHELIN

Vous demandez qui ce sera ? Par Saint Jean, il est déjà paye. Le marchand qui me l’a vendu n’est pas fou, ma femme. Qu’il soit pendu par le cou s’il n’est blanc comme un sac de plâtre ! Ce méchant vilain chiffonnier en est ceint sur le cul.

GUILLEMETTE

Combien coûte t-il donc ?

PATHELIN

Je n’en dois rien ; il est payé, ne vous inquiétez pas.

GUILLEMETTE

Vous n’aviez denier ni maille : en quelle monnaie est-il paye ?

PATHELIN

Eh, palsembleu ! Si, j’en avais, dame, j’avais un parisis.

GUILLEMETTE

C’est bien travaille ! Un beau serment ou une signature y ont pourvu : c’est ainsi que vous vous l’êtes procure, et quand l’échéance arrivera, on viendra, on nous saisira, tout ce que nous avons-nous sera enlevé.

PATHELIN

Palsembleu ! Il n’a couté qu’un denier pour tout ce qu’il y en a.

FIN DE L’EXTRAIT

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