Le vieil avare Euclion, qui s’en fie à peine à lui-même, a trouvé chez lui, sous terre, une marmite remplie d’or. Il l’enfouit de nouveau profondément, et la garde avec de mortelles inquiétudes ; il en perd l’esprit. Lyconide a ravi l’honneur à la fille de ce vieillard. Sur ces entrefaites, le vieux Mégadore, à qui sa sœur a conseillé de prendre femme, demande en mariage la fille de l’avare. Le vieux hibou a grand’peine à l’accorder. Sa marmite lui cause trop d’alarmes ; il l’emporte de chez lui et la change de cachette plusieurs fois. Il est surpris par l’esclave de ce même Lyconide qui avait déshonoré la jeune fille. L’amant obtient de son oncle Mégadore qu’il renonce en sa faveur à la main de son amante. Ensuite Euclion, qui avait perdu par un vol sa marmite, la recouvre contre tout espoir ; dans sa joie, il marie sa fille à Lyconide.
ARGUMENT ACROSTICHE ATTRIBUÉ À PRISCIEN LE GRAMMAIRIEN.
Une marmite pleine d’or a été trouvée par Euclion. Il fait sentinelle auprès, et s’inquiète et se tourmente. Lyconide ravit l’honneur à la fille du vieillard. Mégadore la demande en mariage sans dot, et, pour engager Euclion à consentir, il fournit le festin avec les cuisiniers. Euclion tremble pour son or et va le cacher hors de chez lui. L’esclave de l’amant le guettait ; il enlève la marmite. Le jeune homme la rapporte, et Euclion lui donne en récompense son trésor et sa fille avec le nouveau-né.
Le Dieu Lare
Que mon aspect ne vous étonne pas ; deux mots vont me faire connaître : je suis le dieu Lare de cette famille, là, dans la maison d’où vous m’avez vu sortir. Il y a bien des années que j’y demeure ; j’étais le dieu familier du père et de l’aïeul de celui qui l’occupe aujourd’hui. L’aïeul me confia un trésor inconnu de tout le monde, et l’enfouit au milieu du foyer, me priant, me suppliant de le lui conserver. À sa mort, voyez son avarice, il ne voulut point dire le secret à son fils, et il aima mieux le laisser pauvre, que de lui découvrir son trésor ; un père ! Son héritage consistait en un petit coin de terre, d’où l’on ne pouvait tirer, à force de travail, qu’une chétive existence. Quand cet homme cessa de vivre, moi, gardien du dépôt, je voulus voir si le fils me rendrait plus d’honneur que son père. Ce fut bien pis encore : mon culte fut de plus en plus négligé. Notre homme eut ce qu’il méritait ; je le laissai mourir sans être plus avancé. Un fils lui succéda : c’est le possesseur actuel de la maison ; caractère tout à fait semblable à son aïeul et à son père. Il a une fille unique. Elle, au contraire, m’offre chaque jour, soit un peu de vin, soit un peu d’encens, ou quelque autre hommage ; elle m’apporte des couronnes. Aussi est-·ce à cause d’elle que j’ai fait découvrir le trésor par son père Euclion, afin que, s’il voulait la marier, cela lui devînt plus facile. Elle a été violée par un jeune homme de très bonne maison ; il la connaît, mais il n’est point connu d’elle, et le père ignore ce malheur. Aujourd’hui le vieillard, leur voisin, ici (montrant la maison de Mégadore), la demandera en mariage : c’est moi qui lui inspirerai ce dessein pour ménager à l’amant l’occasion d’épouser. Car le vieillard qui la recherchera est justement l`oncle du jeune homme qui l’a déshonorée, dans les veillées de Cérès. Mais j’entends le vieil Euclion, là, dans la maison, grondant selon sa coutume. Il contraint sa vieille servante à sortir, de peur qu’elle n’évente son secret. Il veut, je crois, visiter son or, et s’assurer qu’on ne l’a pas volé.