« Le Capitaine Fracasse » est un roman d’aventures (dit de cape et d’épée, genre rendu à la mode par Alexandre Dumas) écrit en 1863 par Théophile Gautier. A l’origine un pastiche du Roman comique de Scarron, contrairement à ce que disent de nombreux critiques littéraires, Le Capitaine Fracasse n’est pas un roman de cape et d’épée. La poésie l’emporte sur l’efficacité, les coups de plume et de bâton sont plus importants que les coups d’épée. A l’origine du Capitaine Fracasse, on a la Commedia dell’arte.
La Commedia dell’arte
La Commedia dell’arte est un genre de théâtre comique apparu en Italie au Seizième siècle, et inspiré des « fêtes du rire », qui donneront aussi les carnavals. Au début, les représentations avaient lieu sur des tréteaux. Les acteurs improvisaient souvent : nouveaux dialogues, situations, suivant un canevas pré-établi, et ils divertissaient les spectateurs par des bouffonnades et des pitreries. On y retrouve les mêmes types comiques, dont on peut trouver les origines dans la comédie italienne, et avant cela, dans Plaute. Les personnages portent presque tous des masques ; ce sont Pantalon, le Docteur, le Capitan, les valets comme Arlequin, mais aussi les amoureux comme Isabelle, et les suivantes comme Colombine.
Selon Dario Fo, la comédie italienne doit beaucoup à un dramaturge vénitien du XVIème siècle, Angelo Beolco, dit le Ruzzante. Les compagnies théâtrales n’avaient pas de scène fixe, et voyageaient beaucoup (à la différence du théâtre élizabéthain, où les troupes sont souvent liées à des théâtres éparpillés dans Londres). Les hommes y jouaient les rôles d’hommes et les femmes les rôles de femmes, contrairement au théâtre élizabéthain. Shakespeare s’inspirera d’ailleurs de la Commedia dell’arte pour La nuit des rois et La comédie des erreurs.
Mais la Commedia dell’arte inspira aussi les plus grands classiques français du XVIIème et XVIIIème siècle : Corneille avec L’illusion comique, Molière, Marivaux…
Les personnages sont éternels : il y a les valets, Arlequin ou Arlechino, Scaramouche ou Scaramuccia, Brighella, Scapin ou Scappino ; les vieillards : Pantalon ou Pantalone, le docteur ou il Dottore ; les soldats fanfarons : Matamore, ou le Capitan ; les suivantes : Colombine ; les ingénues : Isabella ou Isabelle ; et aussi Pulcinella ou Polichinelle, Pagliaccio ou Pierrot ( ?).
Résumé du Capitaine Fracasse
L’action se passe à la fin du règne de Louis XIII, entre 1637 et 1643. Le jeune baron de Sigognac vit seul avec son vieux domestique, Pierre ( ? ), son chien ( ? ), son chat ( ? ) et son cheval ( ? ) dans un manoir landais en ruines, le « château de la misère ». Une nuit de tempête, une troupe de comédiens trouve refuge en ses terres. Il les accueille volontiers, et s’éprend de la belle Isabelle. Le lendemain, il décide de se joindre à eux. A l’occasion de la mort d’un des comédiens, il oublie sa condition et par passion pour Isabelle se déguise en Capitan, qu’il interprète avec la troupe de ville en ville. Un soir, le duc de Valembreuse remarque Isabelle, et s’éprend d’elle à son tour. Il lui manque de respect et se fait remettre à sa place par le baron de Sigognac alias le Capitaine Fracasse, dont Valembreuse ignore la condition. Il le fait attaquer par ses gens, mais les rosseurs se font rosser ; quand il apprend que derrière le Capitaine Fracasse se cache un noble doté de douze quartiers de noblesse, il le provoque en duel et est blessé. Finalement, après moult tentatives infructueuses, il enlève Isabelle et la cache dans son château. Sigognac finit par le retrouver et lui assène un coup fatal. Quand le père de Valembreuse, mis au courant du comportement de son fils, arrive, il le découvre mourant. Il réalise aussi qu’Isabelle est la fille qu’il eut il y a vingt ans avec une comédienne dont il était tombé éperdument amoureux. Finalement le médecin du père parvient à sauver le jeune duc de Valembreuse. Isabelle vient retrouver Sigognac dans son château de la misère et le transforme en château du bonheur.
©Les Editions de Londres