« Le crime de l’omnibus » est un roman policier de Fortuné du Boisgobey publié en 1881, après être paru en feuilleton. Il inspirera le célèbre Mystery of a hansom cab du néo-zélandais Fergus Hume en 1886.
Bref résumé
Une jeune femme meurt mystérieusement dans un omnibus parisien. L’artiste-peintre Paul Freneuse est témoin de la scène, réalise qu’elle n’est pas morte de mort naturelle, mais qu’elle a été assassinée sans qu’aucun des passagers ne s’en rende compte. Il décide de mener son enquête avec son ami Binos. Suivront nombre de rebondissements : découverte d’une aiguille empoisonnée, expérience foudroyante faite sur un chat, découverte d’un fragment de lettre, d’une parenté entre sœurs italiennes, une histoire d’amour avec une adolescente et le manque d’amour pour une jeune héritière, un couple d’assassins, un bourgeois qui n’hésite pas à faire tuer, un policier qui n’en pas un etc.
Paris en 1881
Ce livre, outre ses côtés divertissants, et une idée de départ vraiment brillante (l’un des premiers meurtres à huis-clos « mouvants »), est un vrai voyage dans le temps dans un Paris authentique, ou tout au moins l’authenticité d’un auteur de la fin du Dix Neuvième siècle qui cherchait à plaire à son public. Citons pêle-mêle la description du milieu de la peinture, celle de Pigalle, la vie de Bohème, les débuts de la police criminelle, la description de la communauté italienne qui immigre en France, et la vogue des « modèles » italiens qui servent aux artistes peintres parisiens, mais aussi la critique de la bourgeoisie.
Voici le milieu des artistes peintres : « Le boulevard Rochechouart est par excellence le quartier des estaminets borgnes que, dans la langue parisienne, on appelle des caboulots…Les caboulots, d’ailleurs, ne son pas fréquentés exclusivement par des gens de mauvaise vie. Il y vient des bohèmes qui ne travaillent guère, c’est vrai, mais qui n’ont jamais rien eu à démêler avec la police. Les ateliers de peintres abondent dans ces parages, et les rapins flâneurs ne sont pas difficiles sur la dualité des consommations et sur le choix des sociétés. »
Voici la bourgeoisie : « Tiens ! dit le capitaliste, on baisse déjà le rideau. Ils font des actes scandaleusement courts. On n’en a pas pour son argent. »
Au final, une description assez intéressante si on y réfléchit, puisque les dynamiques sociales de la seconde moitié du Vingtième siècle sont déjà en place, un peu comme si les deux guerres mondiales les avaient mises en suspens pendant une quarantaine d’années : les bourgeois aiment à se poser en amis des artistes, les artistes ont besoin des modèles italiens (ou exotiques, pas dénaturés par la civilisation moderne et ennuyeuse), et ces modèles sont les victimes de toutes les convoitises, de la part des bourgeois, des artistes, mais aussi de leur milieu qui contrôle leur insertion dans leur milieu d’adoption, et tempère leurs velléités d’ascension sociale.
L’influence du « Crime de l’omnibus »
En 1886, cinq ans après la publication du « Crime de l’omnibus », le néo-zélandais Fergus Hume publie The mystery of a Hansom cab dont il situe l’action à Melbourne, où il avait vécu. The mystery of a Hansom cab est un des plus célèbres romans policiers du monde anglophone. Si l’histoire n’a rien à voir avec « Le crime de l’omnibus », que Emile Gaboriau fut plus son inspiration que Fortuné du Boisgobey, Fergus Hume trouva l’idée du meurtre dans un fiacre après avoir lu la traduction anglaise du « Crime de l’omnibus » dans « Boisgobey’s sensational novels » publié chez l’éditeur britannique Vizetelly, le même qui avait publié Gaboriau en anglais au cours des cinq années passées.
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