Fortuné du Boisgobey, (Granville, 1811 - Paris, 1891) est un nouvelliste et écrivain français. Auteur très prolifique, il est connu pour ses romans policiers et judiciaires, mais aussi des romans historiques et des récits de voyage. Moins connu que Emile Gaboriau, et surtout ayant atteint la notoriété beaucoup plus tardivement que son illustre prédécesseur, il fut pourtant l’un des écrivains policiers les plus célèbres du Dix Neuvième siècle. Comme Gaboriau, sa renommée dépassa les frontières. Il fut beaucoup traduit, beaucoup lu et vendu en France comme à l’étranger.
Brève biographie
Fortuné du Boisgobey naît au sein d’une famille riche de Granville (son père en fut le Maire, et fut également député de la Manche). Après des études de Droit, Boisgobey s’essaie un peu à la littérature, sert dans la section des soldes de l’armée d’Algérie, puis il voyage pendant plusieurs années en Afrique, en Orient, en Allemagne, Autriche, Grèce et Palestine. De retour en France en 1863, et sûrement influencé par le succès de Ponson du Terrail, il envoie un feuilleton au Petit Journal ; « Les deux comédiens » paraît en 1868. Fortuné Hippolyte Auguste a enfin trouvé sa voie. Il doit avoir un certain succès puisqu’il signe un contrat de sept ans avec le Petit moniteur. Il sera l’auteur d’une soixantaine de romans. Il meurt en 1891 à Paris. Ses romans et feuilletons eurent beaucoup de succès notamment dans le monde anglophone. On dit que ses romans étaient traduits aux Etats-Unis peu de temps après leur publication en France.
L’œuvre de du Boisgobey
En partie inspiré par certains romans de Paul Féval, Fortuné du Boisgobey est le parfait feuilletoniste. Ses feuilletons, une fois publiés en romans (ce qui n’était pas leur format d’origine) ont les défauts et les qualités des feuilletons : ils sont trop longs, mêlent enquête policière, mystères et intrigues sentimentales. Mais ils sont aussi pleins d’une grande inventivité, mêlent satire de certains milieux sociaux, dépeignent les débuts de la Bohême parisienne et du Faubourg Saint Germain, et font revivre une époque, la Troisième République, mieux que tout film ou tout cours d’histoire. Comme toutes les œuvres littéraires qui « collent » à une époque, ses romans restent un agréable voyage dans le temps.
Du Boisgobey et Gaboriau
Si les deux auteurs étaient souvent à l’époque associés dans les esprits, que ce soit en France ou dans le monde anglophone, les différences sont nombreuses. Gaboriau est bien le pionnier et du Boisgobey le suiveur. Si Gaboriau excelle dans la description du milieu qu’il connaissait bien, la police, la procédure judiciaire, la procédure criminelle, la morgue, les tribunaux, du Boisgobey connaît mieux la bourgeoisie et la vie parisienne. De plus, il reprend certains des personnages de Gaboriau, comme Monsieur Lecoq. Pas de doute, les romans de Gaboriau sont supérieurs. Mais du Boisgobey est un digne « suiveur ». Certaines des idées qui sont à l’origine de ses romans les plus célèbres, à cause de leur simplicité, influenceront profondément d’autres suiveurs.
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