Paul Lafargue (1842-1911), né à Santiago de Cuba, mort dans l’Essonne, est un écrivain socialiste français. Inspiré par Proudhon, il fréquenta et étudia tellement Karl Marx qu’il épousa sa fille, Laura Marx, dont les yeux sont passés à la postérité dans un film célèbre avec Faye Dunaway.
Encore un Londonien : la liste est longue !
Apparemment, juif et caraïbe par sa mère, mulâtre par son père, il se serait vanté de représenter le sang de trois peuples opprimés. La famille Lafargue s’installe à Bordeaux quand il a neuf ans, il suit des études de médecine à Paris, où il fait la connaissance de Proudhon, mais il en est exclu après avoir participé au congrès international des étudiants. Interdit dans les Universités françaises pendant deux ans, il émigre à Londres où il fait la connaissance de Marx, et de sa fille. Il revient en France en 1868, participe à la Commune, puis doit de nouveau fuir la France et se réfugie en Espagne, où rapidement il se prend le bec avec la direction bakouniniste locale, et lance son propre mouvement. En 1881, il rentre en France, crée un parti ouvrier, contribue à divers journaux socialistes, et dédie son temps à l’action politique avec sa femme Laura, il multiplie les meetings en province, est arrêté et est jeté en prison. Il devient l’économiste du parti socialiste, il est de nouveau mêlé à une manifestation ouvrière qui s’achève dans la répression et la mort des ouvriers sur lesquels tire la troupe. Il est de nouveau enfermé en prison, en sort, et est élu député du Nord. Enfin, un soir de novembre 1911, il se suicide avec Laura sa femme comme Stefan Zweig et son épouse le feront trente ans plus tard.
Un marxiste paradoxal
Paul Lafargue est évidemment l’auteur du célèbre Droit à la paresse. On parlera plus longuement de ce superbe petit livre dans l’article qui lui est consacré. Mais, on peut désormais vous le dire : Paul Lafargue n’est pas un marxiste comme les autres. D’abord c’est un homme d’action qui va au devant de la troupe, fréquente les ouvriers, fait de la prison, s’épuise en meetings politiques, cherche le suffrage de ses contemporains en participant aux élections, un peu à la façon des anarchistes, dont il ne partage pas les idées, même s’il en partage les intentions, puis son ton (vous le verrez avec Le droit à la paresse), son ton n’a rien à voir avec le ton sentencieux, ennuyeux de son illustre beau-père, c’est un ton pas marxiste du tout. Un ton libéré, un ton provocateur, parfois humoristique, une liberté de langage, une verve, un souffle et un sens de la formule qui indiscutablement nous évoquent les anarchistes et les autres libres-penseurs. Les Editions de Londres se devaient de le publier.
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