Scène Troisième

ROBIN, puis GAUTIER, BAUDON et PÉRONNELLE

Cette scène indique que le théâtre devait présenter plusieurs lieux, puisque nous voyons Robin venant trouver ses amis pour les inviter et les ramener auprès de Marion.

ROBIN.

(frappant à la porte de Gautier et de Baudon.)

Gautier ! Baudon ! Il faut m'ouvrir.
Mes beaux cousins ! Etes-vous là ?

GAUTIER

(de l'intérieur.)

Ah ! c'est toi, Gautier ! On y va !

(Il parait à la porte.)

Mais quelqu'un t'aurait-il battu,
Tant tu sembles avoir de peine ?

ROBIN.

Non ! Pour venir j'ai tant couru
Que je ne puis reprendre haleine !
Je suis venu pour vous conter
Qu'un sire est venu pour tenter
De séduire ma Marion...
S'il revenait par occasion
Nous serions trois pour lui répondre.

GAUTIER.

Et nous saurions bien le confondre !

BAUDON.

Oui ! je le jure ! Il le paierait,
Si par hasard il revenait !

ROBIN.

Nous vous ferons joyeuse fête,
Beaux Seigneurs ! Que chacun s'apprête,
Vous deux, Huart et Péronnelle,
Moi, enfin Marion ma belle !
C'est du beau monde assurément !
Nous mangerons pain de froment,
Bon fromage, arrosé d'eau claire.

BAUDON.

Cela ne saurait nous déplaire !

ROBIN,

Vous, allez de ce côté-là,
Et moi, je m'en vais par deçà
Chercher Huart et Péronnelle.

GAUTIER.

Ma grande fourche je prendrai !

BAUDON.

Et moi, Robin, j'emporterai
Comme arme un gros bâton d'épine
Qui est chez Bourguet, ma cousine.

ROBIN.

Hé ! Péronnelle ! Péronnelle !

PÉRONNELLE.

(apparaissant.)

C'est toi, Robin ! Quelle nouvelle ?

ROBIN.

Sache que Marion te mande
Pour faire avec nous fête grande !

PÉRONNELLE.

Combien serons-nous réunis ?

ROBIN.

Moi et toi, puis tous nos amis,
Gautier, Huart et Baudon,
Et, bien entendu, Marion !

PÉRONNELLE.

Faut-il qu'autre jupon je mette ?

ROBIN.

Non pas, tu es très bien, Perrette,
Vêtue ainsi. Je vais devant.

PÉRONNELLE.

Va ! Je te suivrais maintenant.
Si j'avais rentré mes moutons.

ROBIN.

Rentre-les donc ! Nous t'attendons.