On dit que la comédie des Ménechmes est une des œuvres de la jeunesse de Plaute, nous n’en savons rien ; on dit encore que c’est une imitation d’une pièce de Ménandre intitulée les Jumeaux et entièrement perdue : nous l’ignorons également. Ce qu’il y a de certain, c’est que la gaieté de bon goût, sauf quelques traits assez clairsemés, n’est nulle part plus sensible dans Plaute. Les méprises qui se succèdent pendant quatre actes entiers se produisent naturellement et sont amenées sans effort. Les Ménechmes rappellent Amphitryon, mais seulement pour ce fait d’une complète ressemblance entre deux personnages ; dans tout le reste il n’y a rien de commun. Quoique l’on voie figurer dans les Ménechmes une courtisane et un parasite, gens qui d’ordinaire ne ménagent guère leurs propos, on est étonné de la décence de ton qui règne d’un bout à l’autre de la pièce. C’est assurément une des comédies de Plaute que l’on peut lire et relire avec le plus de plaisir : elle est digne du théâtre de Térence.
La comédie des Ménechmes est celle qui a été le plus souvent imitée sur les scènes modernes. Shakspeare en a tiré (1593) ses Méprises (The Comedy of Errors) ; Rotrou, ses Ménechmes ; Le Noble, ses Deux Arlequins, représentés à la Comédie-Italienne ; mais toutes ces imitations sont effacées par celle de Regnard (1705), qui, moins languissante et plus originale que les précédentes, ne ressemble nullement à une copie servile. Regnard n’a pris à Plaute que cette donnée de la ressemblance des deux frères, avec quelques situations et quelques traits comiques ; en donnant aux deux frères des caractères entièrement opposés, il a été vraiment créateur. Toutefois, si l’on partage l’admiration de La Harpe pour les Ménechmes de Regnard, on ne saurait s’associer, pour peu qu’on ait de goût, au jugement qu’il porte sur la pièce latine, quand il en parle comme d’une plate et maladroite bouffonnerie