« Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall » est un conte d’Edgar Allan Poe publié en 1835 dans le Southern Literary Messenger. Cette nouvelle ou ce conte racontent l’histoire d’un homme qui part de Rotterdam en montgolfière pour y atteindre la lune.
Bref résumé
L’arrivée d’un ballon dans le ciel crée la cohue sur la place de la bourse de Rotterdam. Le ballon, entièrement fabriqué avec des journaux crasseux, s’approche pour livrer aux yeux de la foule des bons bourgeois le spectacle d’un petit être de forme plus ou moins humaine qui jette une énorme lettre scellée de cire rouge aux pieds du bourgmestre avant de remonter et de disparaître dans les airs. La lecture de cette lettre, écrite sous forme de journal de bord, c’est la narration détaillée de l’expédition de Hans Pfaall, réparateur de soufflets, vers la lune. Hans Pfaall avait disparu depuis cinq ans. On y découvre son envie, ses motivations, ses déboires avec ses créanciers qui le poussent à partir plutôt que de se donner la mort, ses préparatifs, son départ marqué par une forte explosion qui coûte la vie à ses quatre créanciers, et surtout le voyage détaillé vers la lune. A la fin, on apprend même que Hans Pfaall vit au milieu des luniens depuis plusieurs années et attend que l’on lui accorde la grâce pour le meurtre de ses créanciers et le pardon de ses créances avant de revenir sur terre.
L’influence sur Jules Verne
Jules Verne a lu le conte de Poe. On en est d’autant plus sûrs que l’on retrouve même cette précision dans les détails, et ce côté journal de bord, mais Jules Verne est évidemment beaucoup plus réaliste dans son approche de vulgarisation scientifique. D’ailleurs, au début de De la terre à la lune, Jules Verne fait une référence à Godwin, Cyrano de Bergerac et le « Hans Pfaall » d’Edgar Allan Poe.
Un conte philosophique
C’est le côté parfois absurde de la logique de Hans Pfaall et l’aspect grotesque des terriens restés sur place qui donne un côté guilleret, léger, presque voltairien à la nouvelle de Poe. L’incrédulité de ses contemporains, leur égocentrisme, leurs œillères, la rédemption dans la fuite de la société, la bêtise et la prétention humaines, tout y est abordé. On peut également songer aux Aventures du Baron de Munchhausen qui voyage jusqu’à la lune sur un boulet de canon, mais on pense aussi au fameux Voyage du Baron de Gangan de Voltaire et à sa réécriture, Micromégas. Finalement, « Munchhausen », Micromégas, ou « Hans Pfaall », ce sont avant tout des satires du nombrilisme humain, des critiques légères et presque enivrantes de la société humaine organisée que l’on nous présente comme un modèle à suivre, alors que toute société n’est jamais qu’un déséquilibre stable.
© 2012- Les Editions de Londres