Ces deux lettres, écrites à deux jours d’intervalle, rassemblent la théorie poétique de Rimbaud. La première et la plus courte de ces deux lettres est écrite le 13 mai 1871 et est adressée à Georges Izambard. La seconde Lettre du Voyant est écrite le 15 mai 1871, et adressée à Paul Demeny. C’est surtout la deuxième qui nous intéresse. L’objectif de Rimbaud est de donner « une heure de littérature nouvelle ». En fait, ce qu’il nous donne c’est une théorisation de la nouvelle poésie, celle qu’il invente. Ce n’est pas une préface de Cromwell, mais c’en est la version rimbaldienne.
Voici de la prose sur l’avenir de la poésie… Assez de codes, assez de vers, assez de versificateurs, pourquoi suivre les canons antiques ?
On n’a jamais bien jugé le romantisme… Et pour cause, puisque le Romantisme à la française n’a pas grand-chose à voir avec le Romantisme…Et puis, qui serait assez fou pour s’enfermer dans une catégorisation littéraire ?
Car Je est un autre. Reconnaissons une fois pour toutes que nous sommes le produit involontaire d’un conditionnement social et culturel, et débarrassons-nous en.
Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens…Le passage par la folie comme nécessaire cheminement vers la conscience.
Donc le poète est vraiment voleur de feu. Et quitte à être prométhéen, quitte à se faire bouffer les entrailles, enchaîné à un rocher, autant devenir Ubu ou Rimbaud, ou encore foutre le camp.
© 2011- Les Editions de Londres