A cette question, il n'y a pas deux réponses à faire. Tous, l'administration même, sont d'avis que ces résultats sont des plus piteux.
Une fois qu'un homme a été en prison, il y reviendra. C'est certain, c'est inévitable, et les chiffres le prouvent. Les comptes rendus annuels de l'administration de la justice criminelle en France nous disent que la moitié environ de tous ceux qui sont jugés par les assises, et les deux cinquièmes de ceux qui passent chaque année en police correctionnelle ont reçu leur éducation en prison : ce sont des récidivistes. Presque la moitié (42 à 45 pour cent) de tous ceux qui sont jugés pour vols, sont encore des récidivistes. On en arrête jusqu'à 70 000 par an en France seulement. Quant aux maisons centrales, plus d'un tiers (20 à 40 pour cent) des détenus libérés de ces prétendues institutions de correction sont réintégrés en prison dans le cours des douze mois qui suivent leur libération.
C'est un fait si constant qu'à Clairvaux nous entendions dire aux gardiens : « Tiens, c'est étrange qu'un tel ne soit pas encore de retour. Aurait-il eu, par hasard, le temps de passer dans un autre district judiciaire ? » Et il y a dans les maisons centrales des prisonniers âgés qui, ayant réussi à avoir une place favorisée à l'hôpital ou dans un atelier, prient, en sortant de prison, de leur garder leur place jusqu'à leur prochain retour. Ces pauvres vieux sont sûrs d'y retourner sous peu.
D'ailleurs, ceux qui s'y connaissent - et je n'ai qu'à citer, par exemple, le docteur Lombroso, affirment que si l'on tient compte de ceux qui meurent bientôt après être sortis de prison, qui changent de nom, ou émigrent, ou qui réussissent à se cacher après avoir commis quelque nouvel acte contre les lois établies - si l'on tient compte de tous ceux-là, on est à se demander si tous les détenus libérés ne tombent pas dans la récidive.