« Petite discussion avec une momie » (« Some words with a Mummy ») est un conte d’Edgar Allan Poe paru en avril 1845 dans « The American review » et traduit par Charles Baudelaire en 1865. Dans ce petit texte magnifique, des savants curieux ramènent une momie à la vie bien malgré eux, et comparent les mérites du passé et du présent.
Résumé du conte
Le narrateur est convié par son ami Ponnoner à se rendre de suite au City Museum afin d’y examiner une momie. Cette momie a récemment été découverte par un certain capitaine Sabretash dans les montagnes de Lybie, au dessus de Thèbes, sur le Nil. Les savants se mettent à la tâche et ouvrent une première caisse, qui leur révèle le nom de la momie, Allamistakeo, puis ils ouvrent la deuxième bière, en tous points semblable, et enfin une troisième. Mais au lieu de bandelettes et de rubans, ils trouvent une épaisse couche de papyrus, qu’ils retirent pour découvrir un corps bien conservé, de couleur rougeâtre. Ce qui les étonne, c’est que nulle part ils ne trouvent d’incision sur le corps, qui aurait indiqué le point par où l’on aurait retiré les entrailles. C’est alors que l’un des savants suggère de faire une expérience avec une pile de Volta. Suite à l’application de l’électricité, la momie vieille de trois ou quatre mille ans se réveille brutalement, et, dans « l’égyptien le plus pur », leur adresse aussitôt de vifs reproches. Une fois la panique passée s’engage un dialogue des plus intéressants. La momie leur dit qu’il est du sang du Scarabée, ce qui explique qu’on ne lui pas retiré les intestins et la cervelle, et qu’on l’ait embaumé vivant. Il leur raconte qu’à son époque la durée de vie était de huit cents environ, puis ils comparent les mérites respectifs des civilisations de l’Egypte ancienne et de l’Amérique moderne, de leurs constructions, de leurs sciences, et même de la démocratie.
Et à la fin…
Poe se révèle une nouvelle fois. Méfiance vis-à-vis de la canaille, scepticisme vis-à-vis du progrès, ou de toute amélioration de la condition humaine : « Il est maintenant dix heures du matin. Je suis levé depuis sept et j’écris ces notes pour l’instruction de ma famille et de l’humanité. Quant à la première, je ne la verrai plus. Ma femme est une mégère. La vérité est que cette vie et généralement tout le XIXe siècle me donnent des nausées. Je suis convaincu que tout va de travers. En outre, je suis anxieux de savoir qui sera élu président en 2045. C’est pourquoi, une fois rasé et mon café avalé, je vais tomber chez Ponnoner, et je me fais embaumer pour un couple de siècles. »
© 2012- Les Editions de Londres