I.

[M]

PARDON AMOVR, pardon, ô Seigneur ie te voüe
Le reste de mes ans, ma voix et mes escris,
Mes sanglots, mes souspirs, mes larmes et mes cris :
Rien, rien tenir d’aucun, que de toy ie n’aduoue.

Helas comment de moy, ma fortune se ioue.
De toy n’a pas long temps, amour, ie me suis ris.
I’ay failly, ie le voy, ie me rends, ie suis pris.
I’ay trop gardé mon cœur, or ie le desadvoüe.

Si i’ay pour le garder retardé ta victoire,
Ne l’en traitte plus mal, plus grande en est ta gloire.
Et si du premier coup tu ne m’as abbatu,

Pense qu’vn bon vainqueur et nay pour estre grand,
Son nouveau prisonnier, quand vn coup il se rend,
Il prise et l’ayme mieux, s’il a bien combatu.