Zo d’Axa, né à Paris en 1864 et mort à Marseille en 1930, est un anarchiste individualiste, pamphlétaire, journaliste, satiriste. De son vrai nom, Alphonse Gallaud de La Pérouse, Zo d’Axa est un descendant du célèbre navigateur Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse.
Un libertaire anarchiste
Issu d’une famille bourgeoise, après un séjour au lycée Chaptal, il s’engage en 1882 dans les chasseurs d’Afrique, dont il déserte quelques temps plus tard à la suite d’une histoire de cœur. Il se réfugie à Bruxelles, collabore à un journal local, rédige son premier essai poétique, puis part pour Rome où il s’intéresse à l’art et fréquente des peintres célèbres. Quand il retourne en France en 1889, il commence à fréquenter les milieux libertaires et anarchistes. En 1891, il fonde L’en-dehors. C’est là qu’il rencontre Tristan Bernard, Georges Darien, Félix Fénéon, Louise Michel, Octave Mirbeau, tous des collaborateurs du journal. C’est une époque difficile pour les anarchistes. Zo d’Axa est la proie de brimades continuelles de la part des autorités de la Troisième République. Quand, après l’arrestation de Ravachol, il lance une souscription pour les enfants des prisonniers, il est arrêté et emprisonné à Mazas, d’où il sort un mois plus tard.
Suite à sa libération, il se remet à son journal, et est de nouveau inquiété par les autorités. Il part à Londres, y retrouve Georges Darien, puis aux Pays-Bas, puis en Allemagne, puis en Italie, puis en Grèce (voir son parcours dans Une route, le premier des textes que publient Les Editions de Londres). Mais son périple ne s’arrête pas là, il part ensuite pour Constantinople, et Jaffa. Là, il y est arrêté, remis aux autorités françaises, rapatrié, emprisonné à Marseille, puis à la prison Sainte-Pélagie. A sa sortie de prison, il publie « De Mazas à Jérusalem », encore un roman écrit en prison, comme beaucoup de ceux que publient Les Editions de Londres…Le problème de Zo d’Axa, après tous ces voyages, séjours en prison, c’est qu’il n’a plus un sou, que son journal est fini, et qu’il faut bien qu’il vive.
Le dreyfusard voyageur
Puis, au moment où éclate l’affaire Dreyfus, il devient dreyfusard, tout en n’aimant pas la personnalité de Dreyfus, parce que…c’est un militaire : « Si ce monsieur ne fut pas traître, il fut capitaine :passons ». De 1894 à 1899, Zo d’Axa publie beaucoup, dans La Feuille, des articles, des pamphlets, antimilitaristes, anticapitalistes, principalement. Il milite pour l’abolition des bagnes d’enfants, il se moque des élections « démocratiques » en promenant un âne dans la ville en tant que candidat officiel…
En 1900, il repart et visite les Etats-Unis, le Canada, Mexique, Brésil, Chine, Japon, Inde. Aux Etats-Unis, à Jersey City, il rend visite à la veuve de l’anarchiste italien Bresci, assassin de Umberto Ier. Il écrit toujours, envoie ses impressions de voyage au journal « L’ennemi du peuple ». De retour en France, il vit à Marseille, fait plusieurs tentatives de suicide, notamment chez Elisée Reclus, et met fin à ses jours en 1930.
Un personnage inclassable, dont il dit qu’il hésita entre royalisme et anarchisme, radicalement un déçu du genre humain, qui brillait par la sagacité et la vivacité de ses articles, et dont voici ce qu’écrit Lucien Descaves : « Avec sa barbe rousse taillée en pointe, Zo d’Axa ressemblait à un mousquetaire travesti en civil. Il était beau, il était brave, il était sarcastique et d’une indépendance à nulle autre pareille. Il ne mâchait pas plus à ses amis qu’à ses adversaires ce qu’il croyait être la vérité…la sienne. Il était de toute sa personne en dehors. Il n’attendait pas la provocation pour tomber en garde. Aussi indépendant qu’incapable de calcul, il obéissait à ses impulsions sans en devoir compte à personne. Sous le pavillon parlant l’En dehors, il avait frété à ses risques et périls ce bateau de petit tonnage chargé de torpiller une société corrompue. »
Un libre-penseur, comme on les aime.
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