Cela dit avec entraînement, je devenais un coquin et j'aurais une grande fortune aujourd'hui, en 1836. Je me figurais le monde à treize ans uniquement d'après les Mémoires secrets de Duclos et les Mémoires de Saint-Simon en sept volumes. Le bonheur suprême était de vivre à Paris faisant des livres avec cent louis de rente. Marion me disait que mon père me laisserait davantage.
Il me semble que je me dis : vraies ou fausses les mathématiques me sortiront de Grenoble, de cette fange qui me fait mal au cœur.
Mais je trouve ce raisonnement bien avancé pour mon âge. Je continuais à travailler, ç'aurait été un trop grand chagrin d'interrompre mais j'étais profondément inquiet et attristé.
Enfin le hasard voulut que je visse un grand homme et que je ne devinsse pas un coquin. Ici pour la seconde fois le sujet surmonte le disant. Je tâcherai de n'être pas exagéré.
Dans mon adoration pour les mathématiques, j'entendais parler depuis quelque temps d'un jeune homme, fameux Jacobin, grand et intrépide chasseur et qui savait les mathématiques bien mieux que MM. Dupuy et Chabert mais qui n'en faisait pas métier. Seulement, comme il était fort peu riche, il avait donné des leçons à cet esprit faux, Anglès (depuis comte et préfet de police, enrichi par Louis XVIII à l'époque des emprunts).
FIN DE L’EXTRAIT
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© 2012- Les Editions de Londres
ISBN : 978-1-909053-79-3