Jonathan Swift (1667-1745) est un écrivain irlandais, l’un des grands de la littérature de langue anglaise. Ayant écrit des nouvelles, des essais, des pamphlets, Swift est surtout connu pour son roman satirique : Les Voyages de Gulliver, mais son œuvre s’étend bien au-delà. Swift est l’un des plus grands écrivains, maître de la satire et du cynisme éternel au regard de la condition humaine.
Biographie
Né à Dublin le 30 Novembre 1667 de Jonathan Swift senior et d’Abigail Errick, tous deux Anglais installés en Ireland. Son père meurt avant sa naissance et sa mère retourne en Angleterre après sa naissance. Il est élevé par son oncle Godwin.
À noter que son arrière-arrière-grand-mère, Margaret Godwin Swift était la sœur de Francis Godwin, l’auteur de L’homme dans la Lune cité par Jules Verne dans De la terre à la lune, et qui, avec L’Autre Monde de Cyrano de Bergerac a probablement inspiré Swift pour Les Voyages de Gulliver
Jonathan Swift fit ses études secondaires au Kilkenny College, le Eton irlandais. Puis en 1682, il entre à l’Université de Dublin. La guerre civile en Irlande suivant la révolution anglaise de Guillaume d’Orange le fait quitter l’Irlande en 1689 pour l’Angleterre. Il devient le secrétaire privé de Sir William Temple qui était vaguement parent de sa mère.
En 1692, il est reçu docteur à Oxford et en 1695, il est ordonné prêtre en Irlande. Insatisfait de son rôle de prêtre dans une petite communauté, il retourne en Angleterre secrétaire de William Temple.
Il commence à écrire alors La Bataille des Livres, une satire visant à défendre Temple qui, dans la querelle des Anciens et des Modernes, a pris parti pour les Anciens dans son Essai sur l’étude antique et moderne.
Après la mort de William Temple en 1699, continue à défendre sa mémoire, mais il entre en conflit avec la famille de Temple. Il retourne alors en Ireland où il est chapelain de Lord Berkeley de tendance Whig.
En 1704, il publie sous un pseudonyme La Bataille des livres et Le Conte du Tonneau. Il commence à être actif en politique dans le parti Whig. En 1707, il est chargé d’une mission par le vice-roi Whig d’Irlande, Lord Pembroke. Il rencontre alors Vanessa qui sera la femme de sa vie.
En 1710, lors de la victoire des Torys, il se rallie à eux et prend la direction de leur journal l’Examiner.
En 1713, il est doyen de la cathédrale Saint Patrick à Dublin. C’est ce qui lui vaudra son nom de Dean Swift ou Doyen Swift comme les Anglais l’appellent. Mais la reine Anne refusera qu’il soit évêque, lui tenant ouvertement rigueur pour son Conte du tonneau.
En 1714, le retour des Whigs au pouvoir le font quitter définitivement l’Angleterre pour l’Ireland. Il écrit alors ses pamphlets défendant la cause Irlandaise : Modeste proposition publié en 1729 et Les lettres du Drapier publié en 1724 et commence à écrire les Voyages de Gulliver qui sera publié en 1723.
Sa fin de vie sera endeuillée par la mort de ses deux amies, Vanessa en 1723 et Esther Johnson, qu’il appelle Stella en 1728. Son œuvre s’en ressent avec une tendance à la scatologie. En 1734, son éditeur est arrêté avec deux de ses amis, lui étant protégé par la population de Dublin. Il perd alors ses facultés intellectuelles et est déclaré incapable en 1742, pour mourir en 1745.
L’œuvre de Swift
Commençons par ce que Swift n’est pas ; l’auteur des Voyages de Gulliver n’est pas un auteur qui a écrit quelques pamphlets ou essais satiriques que personne ne lit plus. Il est encore moins, en écrivant Le Voyage à Lilliput, l’auteur d’un beau et amusant conte de fées. Pourquoi ? Le Voyage à Lilliput n’est pas un beau conte de fées au sujet d’un géant dans un monde de petits, très petits hommes. C’est, avec les trois autres voyages de Gulliver, une satire féroce et une attaque contre les hommes politiques de son temps et spécialement contre le Gouvernement anglais et l’establishment.
Et Swift n’est pas l’auteur des Voyages de Gulliver qui se serait trouvé à écrire d’autres œuvres de moindre importance, car les Voyages de Gulliver est une œuvre de maturité. C’est l’étape ultime d’une longue carrière de pamphlétaire satirique.
Pourquoi satirique ? Pourquoi cette extraordinaire capacité à se moquer de son époque, des ridicules des hommes, (Instructions aux domestiques), du système politique (Voyages de Gulliver), de l’exploitation des Irlandais par les Anglais ?
D’abord, l’utilisation de la satire est un stratagème évident pour réduire les risques de l’écriture des pamphlets, comme l’est l’utilisation d’un pseudonyme. Mais c’est probablement en rapport avec le manque d’illusion de son époque sur la solution aux injustices, à la corruption, au despotisme, à la pauvreté abjecte, à la guerre et aux persécutions religieuses.
C’est difficile pour les hommes d’aujourd’hui, imprégnés de pensées « positivistes » (le libéralisme, le communisme et la plupart des autres systèmes politiques du 20è siècle, tous inspirés par les philosophes, donneurs de leçons, du 19è siècle), de se mettre dans l’esprit d’un homme du 17è siècle alors qu’il semble que l’on devait attendre le « Siècle des lumières », qu’on soit Français ou Écossais, Anglais ou Allemand, pour voir apparaître une vision moderne des hommes du monde (qu’on pourrait modifier, changer, améliorer par le travail et les bonnes intentions).
Swift est le plus grand des pamphlétaires et des satiristes. C’est parce qu’il a peu d’espoir de changer le monde qu’il en fait une critique si amusante, et que son esprit vif, son sens de l’absurde, son talent satirique passent à travers les âges.
©2015-Les Éditions de Londres.