Préface des Éditions de Londres
« Judith » est une pièce de théâtre de Jean Giraudoux écrite en 1931 et représentée pour la première fois en novembre de la même année au théâtre Pigalle dans une mise en scène de Louis Jouvet.
Les sources
« Judith » est une adaptation libre et moderne de l’histoire biblique de Judith.
Le « Livre de Judith » est un livre deutérocanonique de la Bible (les livres que l’Église catholique et les Églises orthodoxes incluent dans l’Ancien Testament mais qui ne font pas partie de la Bible hébraïque). Selon la Bible, Nabuchodonosor, roi d’Assyrie, vainc les Mèdes et envoie son général Holopherne à la tête d’une armée immense pour conquérir les terres de l’ouest, où il attend qu’on l’honore comme un Dieu. Les Assyriens arrivent en Israël où ils font le siège de Bethulia. Alors qu’ils vont perdre espoir, une jeune veuve, Judith, leur offre son sacrifice. Accompagnée d’une servante, elle se rend dans la tente d’Holopherne sous un prétexte quelconque, l’enivre et lui coupe la tête. Réconfortés par ce succès, les habitants de Bethulia reprennent du poil de la bête et défont les Assyriens.
Bref résumé
Dans la version de Jean Giraudoux, l’histoire biblique est subtilement détournée (on n’en attendra pas moins…). Les armées d’Holopherne assiègent toujours la ville de Judée, mais ce sont les habitants (inspirés par les prophètes) qui proposent à Judith un plan. La jeune veuve d’une incroyable beauté se rendra dans la tente d’Holopherne, s’offrira à lui et le tuera en profitant de son émoi. La jeune femme a du mal à croire que le Dieu d’Israël l’ait choisie pour une telle tâche mais elle décide d’obtempérer et refuse même la proposition de Susanne, une prostituée qui lui ressemble physiquement et lui propose d’y aller à sa place.
Une fois rendue au camp d’Holopherne, un subordonné se fait passer pour le commandant en chef afin de l’abuser, mais il est interrompu dans ses élans par l’arrivée d’Holopherne. Elle tombe sous son charme et se livre à lui sans contrainte. Une fois éveillée, elle rencontre Jean qui la convainc de terminer la mission et de tuer le général. Elle le fera « par amour », et, de retour chez les Juifs, refusera de renier l’amour qu’elle éprouva pour l’ennemi.
« Oui, pour la première fois je me suis éveillée à l’aube près d’un autre humain…Quelle chose épouvantable ! Tout était déjà dans le passé, tout était hier. Tout un avenir douteux et jaloux préparait l’assaut contre une mémoire merveilleuse. Il allait falloir se lever, reprendre la vie debout, après cette éternité de vie étendue ! A moi, enveloppée déjà de ma mort éternelle, il inspirait une pitié sans borne, tellement peu protégé, par sa mort éphémère contre les menaces du jour qui venait ! Que ceux qui s’éveillent ainsi chaque matin près de leur père, de leur fils, les laissent chaque matin échapper et retourner vers la vie, cela est inconcevable… »
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