Jean Echenoz
Un an
Minuit, 1997, 2014.
Il a y un style Minuit. Économe, discret, efficace. Beaucoup d'écrivains rêvent d'être chez Minuit. Echenoz ne rêve pas. Avec peu, il crée. Un an est un récit cynique. Une vie cynique ici inversée. Diogène avait choisi son mode de vie. Victoire subit une vie tragi-comique de réductions successives. Ça fuit de toutes parts. Le fric d'abord bien sûr. Le vélo, piqué. Les vêtements. Finira-t-elle à poil ? Mais il y un autre type de fuite : la fuite des sentiments. Ici, le meilleur plombier ne trouvera pas les joints et les raccords adéquats. Premier effet : un certain suspens. Que c'est-il passé et qu'est-ce qui va se passer ? On espère que ça va passer. Et ça passe.
On ne trouve pas son amant dans son lit mort tous les jours. Recherche, questionnement, doute forment une série en spirales, cascades et chutes incessantes. On est interrogé à chaque instant et le texte ne comporte quasiment pas de points d'interrogations. Les stylistes ont du boulot. Les effets de sens fusent. On voudrait changer de monde et le monde revient à l'assaut. Du grand tragi-comique. Du vrai. Du vivant. Un an ? C'est l'instant juste après Beckett. Écrire un morceau, composer une partition, donner un peu et recommencer. Echenoz ? Bon qu'à ça – ce que Samuel disait de lui en parlant l'acte d'écrire.
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