par François-René de Chateaubriand
Prix : 0,99 €
ISBN : 978-1-911572-63-3
Nombre de pages : 92 pages
Langue du livre : français
Thème : Romans
« Atala » est un roman publié en 1801 par François-René de Chateaubriand. On peut considérer qu’ « Atala » invente le romantisme français.
Chactas, un vieil indien, rencontre René au cours d’une chasse au castor. Il lui raconte l’histoire de son amour de jeunesse. Il est fait prisonnier par une tribu ennemie quand il a vingt ans mais est sauvé par une indienne de la même tribu, avec laquelle il s’enfuit une nuit dans la forêt. Surpris par un terrible orage, ils rencontrent le père Aubry, un missionnaire, qui convertit Chactas au christianisme et qui l’unit à Atala (déjà chrétienne par sa mère). Pour ne pas trahir un serment fait à sa mère (où elle lui avait promis de rester vierge), elle s’empoisonne.
Pour certains, « Atala » est un des plus grands moments de la littérature française.
Le roman suit évidemment la structure classique d’une tragédie. Ici, pas de châteaux en ruine noyés dans la brume, ou de grandes vagues qui s’abattent sur les rochers, nous sommes dans un Romantisme féru d’exotisme et dont l’objectif est de faire l’éloge du Christianisme. Pour Chateaubriand, le Christianisme est amour, est liberté, c’est la beauté renversante de la nature, c’est aussi la bonté naturelle des sauvages. Nous sommes plus prêts de Rousseau que de Werther.
Voyez plutôt les descriptions de la nature : « Quand tous ces fleuves se sont gonflés des déluges de l’hiver, quand des tempêtes ont abattu des pans entiers de forêts, les arbres déracinés s’assemblent sur les sources. Bientôt les vases les cimentent, les lianes les enchainent, et des plantes y prenant racine de toutes parts, achèvent de consolider ces débris. »
Ou encore : « Si tout est silence et repos dans les savanes de l’autre côté du fleuve, tout ici, au contraire, est mouvement et murmure : des coups de bec contre le tronc des chênes, des froissements d’animaux qui marchent, broutent ou broient entre leurs dents les noyaux des fruits, des bruissements d’ondes, de faibles gémissements, de sourds meuglements, de doux roucoulements remplissent ces déserts d’une tendre et sauvage harmonie. »
Parfois on comprend les critiques sur le style un peu ampoulé : « Le génie des airs secouait sa chevelure bleue, embaumée de la senteur des pins, et l’on respirait la faible odeur d’ambre, qu’exhalaient les crocodiles couchés sous les tamarins des fleuves. »
Sa vision originale du Christianisme transparait à chaque instant : « Il est dans les extrêmes plaisirs, un aiguillon qui nous éveille, comme pour nous avertir de profiter de ce moment rapide ; dans les grandes douleurs au contraire, je ne sais quoi de pesant nous endort… ».
Et toujours l’exotisme : « Quand l’aurore se leva sur les Appalaches, nous étions déjà loin. » ; « Le sol spongieux tremblait autour de nous, et à chaque instant nous étions prêts d’être engloutis dans des fondrières. Des insectes sans nombre, d’énormes chauves-souris nous aveuglaient ; les serpents à sonnette bruissaient de toutes parts ; et les loups, les ours, les carcajous, les petits tigres, qui venaient se cacher dans ces retraites, les remplissaient de leurs rugissements. »
Jusqu’au paroxysme chrétien : « L’astre annoncé par tant de splendeur, sortit enfin d’un abîme de lumière, et son premier rayon rencontra l’hostie consacrée, que le prêtre, en ce moment-même, élevait dans les airs. »
Des phrases comme «J’étais assis en silence au chevet du lit funèbre de mon Atala.» inspirent des tableaux comme celui de Girodet (1808).
« Atala » est un chef-d’œuvre méconnu.
©Les Éditions de Londres