par Arthur Bernède
Prix : 1,99 €
ISBN : 978-1-910628-74-4
Nombre de pages : 268 pages
Langue du livre : français
Thème : Romans
«L'homme au masque de fer» est un roman d'Arthur Bernède paru en 1930. Après Voltaire, Alexandre Dumas, et Maurice Leblanc dans une moindre mesure, Bernède raconte l'histoire du Masque de fer, tout en apportant sa propre version, laquelle ne s'éloigne pas trop de la plus connue, celle rendue célèbre par Alexandre Dumas dans Le Vicomte de Bragelonne.
Dans la version de Bernède, l'homme au masque de fer est le fils illégitime de Mazarin et d'Anne d'Autriche, la reine de France, épouse peu satisfaite de Louis XIII. Henry, le futur masque de fer, est donc le frère ainé de Louis XIV.
Pour les lecteurs de Dumas, dont la version influença la plupart des adaptations cinématographiques, l'homme au masque de fer était un frère jumeau de Louis XIV et non pas son frère ainé.
Mazarin est l'ambitieux protégé de Richelieu et l'amant non officiel d'Anne d'Autriche. La reine accouche d'un petit Henry en cachette de son mari Louis XIII. Richelieu, lequel a également des vues sur Anne d'Autriche est jaloux et veut s'emparer de l'enfant. La Duchesse de Chevreuse, Marie de Rohan, amie intime de la reine, est secourue par Gaëtan de Castel-Rajac. Gaëtan est un chevalier gascon qui ressemble à D'Artagnan comme deux gouttes d'eau. Gaëtan et Marie ont une aventure. On lui a confie l'enfant et elle demande de l'aide. Gaëtan et deux amis gascons (qui évoquent Athos et Porthos) s'empressent de secourir Marie et l'enfant, et pour ce faire, blessent plusieurs gardes du Cardinal, ainsi que son âme damnée, Durbec, lequel jure de se venger.
Gaëtan et ses amis emmènent l'enfant dans les Pyrennées, où ils veillent à son éducation et sa protection pendant des années. Le temps passe. Henry grandit. Les trois gascons deviennent mousquetaires du roi. Et Durbec attend son heure.
Richelieu meurt, Louis XIII meurt, Louis XIV devient roi, et enfin Mazarin meurt à son tour. Le nouveau premier ministre est roturier, et s'appelle Colbert. Il apprend le secret de l'enfant illégitime par Durbec, lequel lui suggère d'agir. Sur les ordres de Colbert, qui voit bien les avantages qu'il pourrait tirer de cette affaire afin d'asseoir sa position, Henry est enlevé et envoyé en cellule sur l'ile Sainte Marguerite. Afin que personne ne le reconnaisse (il offre une ressemblance frappante avec le roi de France), on lui appose un masque de fer.
Sur la demande de Marie de Rohan, Gaëtan réunira ses amis mousquetaires, trouvera la prison où l'on enferme Henry, et grâce à un stratagème subtil, il le libèrera, et lui substituera quelqu'un d'autre. Le masque de fer est sauvé, et contrairement à la légende, il ne meurt pas en captivité.
Au début de la légende, on a l'annonce, le 19 Novembre 1703, à la Bastille, de la mort d'un mystérieux prisonnier dont le visage est caché par un masque de fer. Il est enterré sous le nom de Marchiali avec une fausse indication d'âge. C'est ensuite Voltaire qui lancera le mythe du masque de fer dans Le siècle de Louis XIV, en en faisant l'un des symboles du monarchisme absolu. Le masque de fer est donc non pas seulement une légende, mais également un des éléments fondateurs des Lumières.
Le soi-disant masque de fer était d'abord un masque de velours noir, ou un loup, et non pas un masque de fer, lequel aurait conduit à une septicémie. Mais Voltaire, le premier, introduit le détail du « masque dont la mentonnière avaient des ressorts d'acier qui lui laissaient la liberté de manger avec le masque sur le visage. » La légende s'amplifiera histoire après histoire, et sera immortalisée par Dumas.
Les théories sont nombreuses : un frère jumeau de Louis XIV, un frère ainé illégitime de Louis XIV, Nicolas Fouquet, D'Artagnan, un amant de la reine (qui en avait beaucoup), Henri II de Guise...
Si tout est possible, on fantasme souvent sur les mystères de cette époque lointaine. On oublie ainsi que nos ancêtres, il y a quatre siècles, étaient au moins aussi logiques que nous, et obéissaient aux mêmes pulsions, aux mêmes préceptes moraux, et aux mêmes peurs. Ainsi, on ne tuait pas au hasard, on se méfiait des pouvoirs pouvant menacer la monarchie absolue (laquelle n'était absolue que par rapport au passé récent de Louis XIV, mais n'était pas du tout absolue si on la compare au pouvoir de l'Etat de nos jours, de n'importe quel juge ou percepteur des impôts). Les thèses faisant mention de l'existence d'un frère de Louis XIV ou de Nicolas Fouquet ne semblent pas crédibles. Il est en effet peu crédible que le roi ait pu dissimuler un tel secret pendant tant d'années. Même un monarque beaucoup plus absolu comme François Mitterrand ne parvint à dissimuler l'existence de sa fille Mazarine que pendant 18 ans. Si de plus on ajoute que les journaux ou gazettes de l'époque avaient tendance au persiflage, à la contestation, à la différence des journaux inféodés au pouvoir de notre époque, la probabilité que le personnage ait été aussi célèbre nous semble impossible. Rappelons que Louis XVI ne va pas plus loin que Varennes quand il souhaite s'échapper.
Le plus plausible, c'est qu'un personnage important ait été embastillé, que son visage ait probablement été dissimulé derrière un loup, afin que les gardiens ou les autres prisonniers ne le reconnaissent pas. Pourquoi ? Il avait surement offensé le roi, et le roi décida de le garder en cellule plutôt que de lui prendre la vie. On n'en saura pas plus. Voltaire usa de son imagination afin d'appuyer son argumentation, Dumas en construisit une légende, et Bernède déposa son humble écot à l'autel du masque de fer.
©2016-Les Éditions de Londres