Le neveu de Rameau de Denis Diderot est un dialogue philosophique entre Jean-François Rameau, neveu du célèbre Jean-Philippe, et Moi, un avatar un peu plat de Diderot. Le neveu est un personnage fantasque, un peu caractériel, qui nous livre, au fil d'une maïeutique post-socratique, les bases de sa raison cynique : le monde est corrompu, finalement, profitons-en. Face à lui, le philosophe, cherche à clarifier la pensée de son interlocuteur et à lui montrer l'incohérence ou l'immoralité de ses propos. Mais ça, c'est la version pour universitaires ; la réalité, c'est qu'il y a de multiples niveaux de lecture dans ce chef d'œuvre des Lumières : Diderot fait tout pour chambouler les idées reçues, pour camoufler les sentiers trop bien battus de la morale commune. En semant le doute, en provoquant le lecteur, en émaillant son dialogue de traits comiques, de piques contre ses contemporains, de fulgurances, il désoriente le lecteur, et son époque. Cri de liberté, apologie de la contre-morale, point culminant de ses théories de la relativité de la morale ? Nous répondons dans la préface sur ce texte unique, magique, qui désorienta Foucault, Hegel, et les dogmatiques de tout crin. S'il en reste un, ce serait le « Neveu... », et « rira bien qui rira le dernier ».
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