par Comte Kerkadek
Prix : 4,99 €
ISBN : 978-1-910628-19-5
Nombre de pages : 313 pages
Langue du livre : français
Thème : Nouveautés!
« Le pays invisible » est un roman du Comte Kerkadek publié en 2015 aux Éditions de Londres. Il s'agit du quatrième roman de l'écrivain navigateur découvreur voyageur breton, un roman où il apporte une facture classique à son style débridé.
Une nuit, Kerkadek est réveillé en sursaut par une vision : son maître Chang, dont il a tout appris, humilité, frugalité et contrebande de cigarettes, est en danger de mort. Aussitôt, le marin breton est en route pour un hutong de Pékin où Chang est retenu prisonnier par de féroces bandits hainanais. Chang a acheté au monopole chinois du tabac une cargaison de cigarettes au ginseng qui guérissent du cancer. Mais ses prévisions de ventes étaient surestimées, et il ne parvient pas à en vendre le moindre container. Si Chang, éternel philanthrope, est déçu par la reluctance de l'humanité à se faire soigner de ce fléau de la façon la plus improbable possible, il est aussi inquiet car il risque de rester coincé avec sa cargaison. Déprimé, il tombe un soir sur un ami dans un bar enfumé de Wan Chai. Cet ami le dirige vers un homme qui reste l'espoir de tous les contrebandiers de cigarettes quand ils ne savent pas comment se défaire d'une cargaison : Monsieur Guo. Chang prend le premier overcraft et le rencontre dans l'hotel Lisboa à Macau, et là, Monsieur Guo lui propose de reprendre sa cargaison de cigarettes qui guérissent du cancer et de lui échanger contre dix containers de Super Seven, des cigarettes illégales mais licites qui sont à destination du nouveau marché à la mode, la Corée du Nord. Chang saute sur l'occasion et prend possession de la cargaison. La cargaison commence une longue errance sur les mers d'Asie, mais Monsieur Guo pendant ce temps est assassiné dans des conditions horribles, ce qui attriste Chang, bien qu'il ne le connaisse pas beaucoup, et surtout le fait craindre pour sa vie. Les assassins sont des triades haïnanaises commanditées par les yakuzas ethniques nord-coréens qui ont le contrôle des dix huit mille pachinkos ou machines à sous du Japon. Ces individus ont beaucoup à perdre de l'engouement récent de certains contrebandiers pour leur chasse gardée, la contrebande en Corée du Nord. Afin d'empêcher la cargaison de Super Seven d'arriver en Corée du Nord, ces gens et leurs hommes de main les Haïnanais sont prêts à tout, à commencer par zigouiller Chang.
Et puis Chang retrouve la trace des containers. Ils sont coincés à Dandong, la ville champignon qui jouxte la frontière nord-coréenne du côté chinois, en raison de la tension sur la péninsule. En effet, afin d'obtenir des concessions financières et diplomatiques des Américains, le Grand Dirigeant s'est une nouvelle fois livré à son jeu favori : le chantage nucléaire. Cette fois-ci, contre toute attente, le Président américain Clinton, nouvellement élu, n'a pas cillé. Il a promis la guerre au Grand Dirigeant. Mais comme il ne veut pas vraiment la guerre, il envoie l'ancien président Carter en mission privée et secrète en Corée du Nord où il est censé rencontrer le Grand Dirigeant et résoudre la crise.
Troisième et dernier élément : le Cher Dirigeant, fils du Grand Dirigeant, souffre de l'ombre de son père, et le jalouse, comme il l'explique à son psychanalyste pékinois lors de ses voyages en train blindé (parce qu'il a peur de l'avion). Afin de gagner son respect et son admiration, le Cher Dirigeant imagine un plan génial : développer l'arme invisible et l'utiliser contre les Américains. Pour cela, il lui faut l'aide du Docteur Furtado, jeune savant fou plein de promesses et spécialiste des poulets devant l'éternel. Il fera venir le Docteur Furtado, le convaincra d'abandonner ses recherches sur les poulets et de les poursuivre sur les humains, et le résultat sera pour le moins...surprenant.
Mais rapidement, le Cher Dirigeant réalise l'erreur qu'il a commise, il s'inquiète de l'effet de l'arme invisible sur les Etats-Unis, craint qu'ils le prennent mal, et se vengent en utilisant l'arme nucléaire. Il aimerait tellement défaire ce qu'il a commencé, revenir en arrière, afin de se consacrer à ce pour quoi il est fait, ce qui donne un sens à sa vie, la production du plus grand film de science-fiction jamais tourné.
Pendant ce temps, Chang et Kerkadek avec l'aide de Wu et Wang, deux hommes de main taciturnes, se battent contre les Haïnanais, attendent que la situation internationale se résolve, et espèrent un jour retrouver leurs containers de Super Seven.
Mais rien ne se passe jamais comme prévu...
Déjà, on se souvient que, dans L'homme qui n'aimait pas Paris, le Comte Kerkadek avait révélé au monde l'existence d'une île des apostats où le Gouvernement français envoie depuis des années tous ceux qui ne pensent pas comme il faut. C'est ainsi que l'on avait enfin trouvé une explication à la disparition de Jean-François Kahn et Gérard Depardieu.
Mais pour ce nouveau roman, les ennemis du Comte Kerkadek l'accusent de plagiat. En effet, « Le pays invisible », c'est la Corée du Nord. Et on aurait eu une belle d'action si le Comte n'avait situé la plupart de ses scènes en Géorgie, à Hong Kong, à Roscoff, à Pékin, sur la route de Dandong et à Dandong. Certains considéreront que « Le pays invisible » est une satire de la Corée du Nord, ce qui n'est pas le cas. Certains disent que le Comte va trop loin, qu'avec cet ouvrage, il va s'attirer les foudres du gouvernement américain, du gouvernement chinois, des triades chinoises, des yakuzas japonais, des mafias nord-coréennes des pachinkos du Japon, de l'industrie des poulets, et j'en passe. Sans évidemment compter l'ensemble de l'establishment nord-coréen, ainsi que de leurs nombreux ressortissants, ce qui fait tout de même vingt cinq millions d'habitants, en incluant ceux qui sont dans les camps et dont on est sans nouvelles. Mais le pire, c'est évidemment le procès pour « copyright infringement » que va sûrement lui intenter Sony Studios. Or, là, le Comte a les preuves.
Le Comte, par l'intermédiaire de son éditeur, souhaite faire toute la lumière sur cette affaire : l'ouvrage était déjà bien entamé avant que l'on entende parler du scénario et du tournage de « The interview » avec Seth Rogen et James Franco, que le film soit tourné, que Sony soit attaqué par des hackers nord-coréens, que le film soit retiré, puis réintroduit. Le Comte a clairement un don de préscience pour sentir ce qui va faire l'actualité.
Mais c'est à peu près tout ce qu'il a, diront ses détracteurs.
Le Comte Kerkadek est un auteur de fiction. Pourtant, le Comte affirme que tout ce qu'il écrit est vrai, véridique, qu'il n'a rien d'inventé. On touche ici le problème qui saisit les auteurs modernes. La réalité n'est plus que médiatique. La réalité telle que l'entendaient nos ancêtres n'existe plus. A cette réalité, lente, entrecoupée de moments d'euphorie ou de tristesse s'est substituée une réalité en images, qui nous assaillit et chaque instant, et découpe notre vie en morceaux, en fragments, en séries TV, dont nous ne sommes jamais que les spectateurs et les voyeurs. Mais la force de ces séries TV, enfin celles qui marchent, c'est de procurer l'illusion collective que nous en sommes tous les acteurs. On a les séries politiques, comme les élections, françaises, américaine (série internationale), les séries trash (téléréalité, Kardashian, Nabila...) qui titillent bien les sens, sans oublier les séries d'épouvante (État Islamique, avec la prequel d'Al Qaeda, qui remplacent les séries B telles que « L'invasion des zombies à barbe de la planète Mars »)...
Cette réalité littéraire, le Comte la comprend bien. C'est pour cela, que les aspects historiques et fictionnels sont joyeusement entrelacés à la façon d'une broderie dans ses ouvrages, c'est ainsi qu'il espère retenir l'attention de ses lecteurs et concurrencer avec ses petits moyens les superproductions américaine, française et britannique.
Au début des années soixante-dix, Kissinger a sûrement changé le monde. Cette alliance avec la Chine contre l'ennemi commun, l'Union soviétique, était à la fois un coup de génie, et tout à fait logique. Un jour, un président américain nouera une alliance avec l'Iran. Et ce sera un coup de tonnerre sur la planisphère. Voilà vingt ans que tous trouvent l'idée absolument absurde, et pourtant le Comte me dit que ça se fera. Les talents de négociateur et la vision dont fait preuve le Comte dans « Le pays invisible », son entregent à négocier avec ses ennemis, le cadre politique, c'est-à-dire la frontière sino-coréenne, le couple infernal qu'il forme avec Chang, et surtout la façon dont il analyse avec subtilité les mécanismes les plus sibyllins de la politique internationale sur le théâtre extrême-oriental, évoquent sans aucun doute le ministre des affaires étrangères de Nixon. Avec « Le pays invisible » , le Comte apporte ses lettres de noblesse à la géopolitique moderne.
© 2015- Les Editions de Londres
Avis de : Laura - 7 juin 2015
Une fable drôle, noire, et absurde, à mi-chemin entre la satire genre Duck soup, et les aventures comiques inspirées de la BD.
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