par Maurice Leblanc
Prix : 0,99 €
ISBN : 978-1-911572-69-5
Nombre de pages : 243 pages
Langue du livre : français
Thème : Romans
« Les trois yeux » est un roman d’anticipation de Maurice Leblanc d’abord sorti dans le magazine Je sais tout en 1919, puis publié chez Laffitte en 1920.
Victorien Beaugrand passe quelques temps chez son oncle, à Meudon. Il y tombe amoureux de Bérangère, la filleule de son oncle, Noël Dorgeroux.
Son oncle a un secret : derrière un voile noir, il découvre un pan de mur sur lequel apparaissent trois yeux, l’un stylisé et les deux autres qui semblent vivants. Chaque apparition des yeux sur le mur est suivie de la projection d’une scène du passé (le bombardement de la Cathédrale de Reims par les Allemands, la Révolution…). Dorgeroux est tellement fasciné par sa découverte qu’il va transformer l’endroit en amphithéâtre pour y faire des projections. Le public accourt. C’est la découverte la plus sensationnelle de tous les temps.
Mais que représentent ces yeux et d’où viennent ces images ?
“Les trois yeux” est écrit peu de temps après la guerre. La guerre représente une rupture dans l’œuvre de Maurice Leblanc. Les meilleurs Arsène Lupin datent d’avant guerre. Arsène Lupin, souvent imaginé (en raison de la série télévisée) comme un héros des Années Folles est un héros ancré dans la Belle Époque (ses inégalités, les crises politiques, les débuts de l’automobile, les révoltes coloniales, l’anarchisme, le banditisme, et la guerre qui s’annonce et que l’on prépare). Après la guerre, on sait que Maurice Leblanc a perdu le goût des aventures de son héros. Hormis quelques rares exceptions, les Arsène Lupin des années vingt manquent souvent d’âme et d’énergie, peinent à passionner, semblent même parfois des pales copies des premiers. L’écriture des « Trois yeux » le confirme : on sent l’amour de l’auteur pour son sujet, sa passion, « l’envie » d’écrire si manifeste. A la sortie de la guerre, Maurice Leblanc veut écrire de l’anticipation. Il réitèrera l’expérience avec Le formidable évènement.
Comme tous les écrivains du début du siècle, Maurice Leblanc est passionné par les inventions et les nouvelles technologies qui envahissent la société : électricité, téléphone, automobiles, avions…). Quoique le cinéma naisse à la Belle Époque, il se popularise à la sortie de la guerre grâce à l’activité de production des principaux studios (Hollywood, Berlin…). « Les trois yeux » ne peut se comprendre sans comprendre le cinéma. Leblanc s’essaie à de nombreuses reprises à décrire l’expérience du cinéma, que ce soit dans les scènes historiques (Cathédrale de Reims, Révolution, mise en croix de Jésus) ou surréalistes (les Formes). D’ailleurs, Leblanc ne fait pas mystère de ses influences : « le signe des Trois-Yeux est une marque de fabrique, analogue à la marque de nos grandes maisons de cinéma. »
Pour expliquer l’invention des Trois yeux, l’auteur va avoir recours à un « high concept », qui fait penser à Barjavel ou Pierre Boulle, et que l’on retrouve dans toute une frange de la science-fiction (voir « Arrival » de Denis Villeneuve): ce sont les Vénusiens qui nous observent depuis des siècles et qui cherchent à prendre contact avec nous en nous donnant un accès direct aux évènements du passé et de l’avenir ; « Les Vénusiens avaient établi la liaison entre nos deux mondes. Le plus grand fait de l’histoire terrestre s’était produit. »
Et de nous offrir des explications pseudo-scientifiques : « Par le moyen des rayons de gravitation, l’Etoile du Berger envoie à la terre des messages animés. »
©Les Éditions de Londres