par Kropotkine
Prix : 0,99 €
ISBN : 978-1-908580-09-2
Nombre de pages : 42 pages
Langue du livre : français
Thème : Idées
Paru en 1889, La morale anarchiste est le premier texte de Kropotkine publié par Les Editions de Londres, un texte admirable, qui dévoile (pour ceux qui en doutent) toutes les qualités d'écrivain du prince moscovite. Si EDL apprécie à juste titre la critique, parfois violente, de la morale bourgeoise de la société européenne de la fin du Dix Neuvième siècle, EDL n'est pas d'accord avec beaucoup des idées de Kropotkine.
D'ailleurs, entre Bakounine et Kropotkine, c'est sans aucun doute Bakounine que l'on préfère. Mais rappelez-vous, Les Editions de Londres ont pour mission non pas de créer la bibliothèque idéale, que l'on vénère comme un temple de Delphes en attendant le prochain oracle de la Pythie, mais plutôt de redonner vie à la pensée endormie, assoupie et engourdie par trente ans de bien-pensance, dont nous brûlons de nous débarrasser.
« Nous ne demandons qu'une chose, c'est à éliminer tout ce qui, dans la société actuelle, empêche le développement de ces deux sentiments, tout ce qui fausse notre jugement, l'Etat, l'Eglise, l'exploitation ; le juge, le prêtre, le gouvernement, l'exploiteur. »
Pas grand-chose à ajouter, tout ceci semble assez sympathique.
« Cette morale n'ordonnera rien. Elle refusera absolument de modeler l'individu selon une idée abstraite, comme elle refusera de le mutiler par la loi, la religion et le gouvernement. Elle laissera la liberté pleine et entière à l'individu. Elle deviendra une simple constatation de fait, une science. »
Et c'est là que le bât blesse, comme dans toute pensée, où rien n'importe comme le pouvoir d'inspiration que procurent les mots, la morale ne peut pas laisser la liberté pleine et entière à l'individu, et devenir une simple constatation de faits, une science. C'est contradictoire.
Cela ne fonctionne pas. Dans l'esprit traumatisé des Editions de Londres, la liberté ne peut pleinement s'associer à la morale. D'ailleurs il est fort possible que Les Editions de Londres soient à la recherche d'une anti-morale, seule façon de définir la morale, par opposition, et non pas par adhésion, de même que l'antimatière définit les bornes de la matière.
A la morale anarchiste, nous préférons l'esprit anarchiste, libertaire, iconoclaste et progressiste, qui s'oppose contre vents et marées à tout esprit de système dont l'inéluctable issue est toujours le retour à la tyrannie, qu'elle soit intellectuelle, comme maintenant, ou sociale, comme bientôt si nous n'y mettons notre holà.
© 2011- Les Editions de Londres
Avis de : Lordius - 26 avril 2012
Bravo pour votre choix éditorial : ce court essai philosophe est remarquable. Comme vous, je ne suis pas d'accord avec tout. J'ai toutefois noté trois idées justes de l'auteur :
La nature profondément égoïste de l'individu. Une idée lucide déjà émise par Max Stirner en 1845 dans L'Unique et sa propriété, un des textes fondateurs de la pensée libertaire individuelle. Stirner affirme que les altruistes ne sont que des égoïstes qui cherchent leur plaisir dans celui des autres. Kropotkine ne dit pas autre chose. Il illustre fort bien son propos avec la femme qui donne son manteau à un nécessiteux, quitte à ressentir le froid elle-même car savoir que l'autre a froid tandis qu'elle est au chaud lui serait encore plus douloureux.
La moralité et l'instinct de solidarité. Ils nous viennent du fond des âges. Sans l'instinct de solidarité, beaucoup de races animales n'auraient pas survécu. C'est un produit de l'évolution.
L'énergie passionnelle et créatrice est une surabondance de vie qui s'exprime :
« Le sentiment moral du devoir, que chaque homme a senti dans sa vie et que l'on a cherché à expliquer par tous les mysticismes. ‘ Le devoir n'est autre chose qu'une surabondance de vie qui demande à s'exercer, à se donner ; c'est en même temps le sentiment d'une puissance'. Toute force qui s'accumule crée une pression sur les obstacles placés devant elle. Pouvoir agir, c'est devoir agir. Et toute cette « obligation » morale dont on a tant parlé et écrit, dépouillée de tout mysticisme, se réduit ainsi à cette conception vraie : la vie ne peut se maintenir qu'à condition de se répandre. ‘La plante ne peut pas s'empêcher de fleurir. Quelquefois fleurir, pour elle, c'est mourir. N'importe, la sève monte toujours !' conclut le jeune philosophe anarchiste. Il en est de même pour l'être humain lorsqu'il est plein de force et d'énergie. La force s'accumule en lui. Il répand sa vie. Il donne sans compter — sans cela il ne vivrait pas. Et s'il doit périr, comme la fleur en s'épanouissant — n'importe ! La sève monte, si sève il y a. Sois fort ! Déborde d'énergie passionnelle et intellectuelle — et tu déverseras sur les autres ton intelligence, ton amour, ta force d'action ! »
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