par Edgar Allan Poe
Prix : 0,99 €
ISBN : 978-1-909053-56-4
Nombre de pages : 53 pages
Langue du livre : français
Thème : Contes
« Le système du docteur Goudron et du professeur Plume » est une nouvelle d'Edgar Allan Poe parue en 1845. C'est une nouvelle humoristique qui flirte avec l'absurde, et qui mérite le détour. Alors, n'ayez pas peur, ensemble entrons dans la clinique de M. Maillard...
C'est en automne que le narrateur, en visite dans les provinces du sud de la France, propose à son compagnon de voyage de visiter un hospice de fous dont certains de ses amis lui avaient parlé. Le compagnon de voyage, rebuté par l'idée « abjecte » de visiter un hospice de fous, propose tout de même de l'accompagner jusqu'à l'entrée, afin de le présenter à M. Maillard, le Directeur, qu'il connaît. L'ami s'en va ensuite après avoir accompli sa tâche. Et Maillard fait le tour des lieux avec le narrateur. C'est un hospice qui applique le système de la douceur, c'est-à-dire que l'on y évite les châtiments et que l'on a très occasionnellement recours à l'isolement. Le narrateur qui a apparemment beaucoup étudié la physiologie de la folie est surpris lorsque M. Maillard lui explique que le système de la douceur a été abandonné récemment, et que l'on est « revenu aux vieux errements ». Toutefois, il lui explique par le menu tous les aspects du système de douceur, laissez-faire, réduction à l'absurde...Le narrateur est bien surpris par ce qu'il entend.
Ils dînent ensuite. Et c'est là que le narrateur se rend compte que les choses ne tournent pas rond : les convives sont, disons...excentriques, on y sert des plats un peu curieux comme le lapin au chat, et l'on raconte au narrateur que dans cette maison même, il n'y a pas très longtemps, quand sévissait encore le système de douceur, les fous en avaient profité pour neutraliser les gardiens, puis les avaient enfermés dans des cabanons, où ils étaient surveillés comme fous par les fous eux-mêmes. Quand le narrateur fait observer à Maillard que les convives qui prétendent imiter leurs fous ont tout de même un comportement bizarre, ce dernier attribue ça à l'alcool et au comportement des gens du sud. Puis Maillard explique que l'on a remplacé le système de douceur par le système du docteur Goudron et du professeur Plume, c'est-à-dire l'application sur les patients du goudron et des plumes. Il mentionne aussi que le règne des fous a duré un mois environ. Le narrateur est de plus en plus éberlué. Soudain la salle à manger est envahie par des monstres d'apparence simiesque. Ce sont les gardiens couverts de goudron et de plumes (le système du docteur Goudron et du professeur Plume) qui sont finalement parvenus à se libérer...
Comme le disait le chef des fous quelques instants plus tôt : « Quand un fou paraît tout à fait raisonnable, il est grandement temps, croyez-moi, de lui mettre la camisole. »
Afin de comprendre le contexte des maisons de fous à l'époque de Poe, il faut savoir qu'ils étaient traités comme des prisonniers, plus que comme des patients. Et puis, il faut lire Chez les fous. Mais doit-on voir aussi dans cette magnifique petite fable une parabole sur la société de son temps ? Après tout, toute société n'est qu'un système de conventions arbitraires, et le règne des fous avait tout aussi bien sa cohérence, sa logique et son sens. C'est finalement la force brute et le nombre qui auront raison des fous.
Les pages de la fin montrent habilement la perception des fous : les gardiens sains d'esprit, traités au système du docteur Goudron et du professeur Plume, beaucoup plus efficace que le système de douceur, passent d'abord aux yeux du narrateur comme une bande de singes furieux. Au contact de la société des fous, le narrateur a acquis leur système de perception, et sa description de l'intervention des gardiens libérés, c'est d'abord celle d'une armée hurlante de monstres, ce sont des bêtes s'attaquant à la civilisation. Alors, qui sont les fous ? Comme les sociétés communistes l'ont bien montré, être fou, c'est avant tout ne pas obéir aux règles naturelles de la société en place. Dans ce genre de société, les hôpitaux psychiatriques risquent d'être des endroits où la raison prévaut.
© 2012- Les Editions de Londres