Dans cette section
Aux Editions de Londres nous voulons nager à contre-courant des idées reçues.
Nous voulons libérer les mots, leur redonner cette légèreté sans laquelle ils ne pourront pas s'élever au dessus de la terre que nous les lecteurs sommes condamnés à arpenter.
Si la bêtise, dixit Flaubert dans Bouvard et Pécuchet, c'est justement la non remise en cause des idées reçues, les Editions de Londres feront tout pour être insolentes, prétentieuses, modestes, de mauvaise foi, intelligentes, fausses et vraies, couardes et courageuses, pudiques et scabreuses, mais surtout elles feront tout pour ne jamais être bêtes.
C'est avec acharnement que nous retournerons les idées bien nées, que nous ouvrirons leurs horizons, loin des chambres fanées dans lesquelles les mots s'étiolent. Nous voulons redonner de la vigueur aux textes pleins de vie, polémiques, politiques, qui traitent de l'homme, vivant, pas de la défunte morale qui chaque jour nous menace davantage avec ses bandelettes dérobées à la section égyptienne du Musée du Louvre.
Sans oublier les onguents, les baumes, agréables et relaxants comme les bons pour week-ends de spas, lesquels me dit-on, sont la nouvelle folie chez les couples fréquentables en notre beau Paris. Je vous préviens, si les Editions de Londres se mettent un jour en tête de visiter les spas, ce sera afin d'y semer la pagaille, de voir sortir tous ces gens avec leurs masques de confiture de concombre, les serviettes encore enroulées autour de leurs tailles, livrant aux regards ahuris leurs torses soigneusement épilés.
Je vous préviens, un e-book publié par les Editions de Londres ne doit jamais, au grand jamais s'oublier dans une salle de bains pleine de crèmes et d'onguents. Ce serait bien dommage, parce qu'il explose.
C'est bien le mot nécrophilie qui, le premier, me vient à l'esprit, quand je songe à la littérature qui se publie au Royaume de France de nos jours. Il y a chez les auteurs et les éditeurs qui diffusent leurs pages morbides une envie de mort qui, aux Editions de Londres, nous met mal à l'aise.
Les Editions de Londres n'ont rien, absolument rien, contre Proust. A vrai dire, le grand Marcel, nous sommes presque tous d'accord pour l'adorer. Mais je suis sûr que José Giovanni aimait les films de Bergman, enfin peut être.
Mais c'est probablement l'envie de générations d'écrivains d'après-guerre de ressembler à Proust ou à Joyce, deux des grands génies de la littérature, qui nous donna le Nouveau Roman, et avec le nouveau roman, cette norme de l'introspection, cette surélévation du minimalisme des mots, puis cette faubourg-isation du langage bourgeois qu'émaillent les mots vulgaires qui jaillissent comme des raisins secs dans la Chantilly, tout ce petit monde introspectif, onaniste, népotiste, cette littérature menée à la baguette par une vingtaine de critiques littéraires germanopratins, tous écrivains évidemment, qui donnent le la à la chorale des écrivains bien nés, soigneusement choisis, des petits dictateurs en goguette qui règnent à coups d'oukazes, abrités dans leurs brasseries où ils régissent la culture et la littérature comme Lully au siècle du Dictateur Louis le mal nommé. Attention, à force de tuer la musique pour le plaisir du maître, Lully finit par se donner un coup de bâton dans le pied. Bref, la littérature qui chaque année sort de ce système, réminiscence du Stalinisme des beaux jours revu et corrigé par les théories du marché, eh bien, cette littérature, nous, on ne l'aime pas.
Donc, désolés pour les amateurs de cimetières, mille excuses aux contempteurs de la langue joyeuse et cinglante comme un bon coup de cravache, sorry aux adorateurs du politiquement correct verbal qui s'offusquent comme des vierges effarouchées lorsque l'on s'éloigne de leurs petits codes, les Editions de Londres s'efforceront de faire cohabiter des livres du passé avec ceux de nouveaux auteurs qui n'ont pas la chance de coller au profil désiré entre la Place Saint Michel et le Boulevard Saint Germain.
Il y aurait un livre à écrire sur ces malheureux manuscrits qui chaque année se font pilonner par dizaines de milliers. C'est du Thomas Mann, c'est du Ray Bradbury. Un bref calcul, selon des sources aussi bien avisées que celles qui tuyautent depuis cinquante ans les prêtres du Canard Enchaîné, nous donne un total de plus d'un quart de million de tapuscrits passés au pilonnage, et dans ces millions de pages brûlées chaque année se trouvent les joyaux qui nous permettraient de redonner à notre littérature son allure et sa richesse.
Nos choix éditoriaux seront très rapidement évidents.
Télécharger nos textes, lire nos commentaires, ce sera l'appel du grand large, la tempête dans les bénitiers où croupissent des grenouilles mal oxygénées.
Alors, amateurs de l'océan, amoureux du bon coup de foc qui claque, il n'y a jamais eu de meilleur moment pour se décider à revivre.