Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811) est un navigateur, explorateur et écrivain français. Contrairement à beaucoup de prestigieux marins, de navigateurs de renom, d'étonnants voyageurs, il n'est pas né dans un de ces endroits exotiques où les enfants regardent avec envie les bateaux qui s'éloignent sur la ligne d'horizon, où les femmes scrutent la mer pour tromper l'attente, non, Louis-Antoine est tout bêtement né et mort à Paris. Mais un Paris différent, un Paris d'avant la grande destruction ordonnée par Napoléon III le petit, et célébrée par tous à notre époque. Par tous, sauf par Les Editions de Londres. Bougainville est probablement le seul marin célèbre qui soit et né et mort à la même place. Cela semblerait presque assez normal puisque Bougainville est aussi célèbre pour deux contributions à la fantastique histoire humaine que Les Editions de Londres essaient avec leurs moyens limités de célébrer : une fleur, et un Voyage autour du monde.
La bougainvillée, que l'on nomme aussi le bougainvillier, est une fleur. Le botaniste Commerson la découvre au Brésil. Cette fleur sera plus tard offerte à Joséphine de Beauharnais. Une fleur magnifique, que l'on rencontre beaucoup en Asie du Sud Est, partie du monde que les fondateurs des Editions de Londres aimaient à fréquenter à une époque révolue où ils n'étaient ni édition ni Londres. Bon, cette belle fleur des pays chauds, aux tons violets ou pourpres, est en réalité un arbuste de la famille des nyctaginacées, originaire du Brésil, et que les hommes ont essaimé un peu partout dans le monde, comme les maladies vénériennes que les marins de la Boudeuse et de l'Etoile attrapaient pendant leurs expéditions des mers du sud.
Bougainville est fils de notaire. Il aime les mathématiques et le droit. Il est successivement avocat, puis militaire, puis secrétaire d'Ambassade à Londres Et oui, comme Rimbaud, Darien, Reclus, Kropotkine, Voltaire, Hugo dans une certaine mesure, en voici encore un qui passe un certain temps dans la ville connue pour avoir enfanté Les Editions de Londres. En 1756 il est envoyé au Canada. En 1759, il organise la défense de la ville de Québec. Mais il perd la bataille contre les Anglais sur les plaines d'Abraham, et au grand dam des Québécois, la France perd ses colonies canadiennes. Par la suite, les plaines d'Abraham connaîtront un peu le sort d'Alésia. Ceci explique également encore pourquoi, de nos jours, les Québécois comme les Auvergnats n'aiment pas les Parisiens. Car Paris est éternelle en ce qu'elle a toujours laissé tomber ses colonies et ses provinces.
Bougainville est déçu, il oublie son chagrin en voguant vers l'Atlantique Sud. Il établit une colonie sur les îles Malouines. En cela, Bougainville était probablement meilleur stratège que militaire, puisqu'il avait déjà compris l'importance stratégique de ces îles, et qu'encore une fois, il fut abandonné et trahi par son souverain, puisque le Roi le somme d'abandonner ces îles aux Espagnols cinq ans après. Plus tard, ce sont les Anglais qui les récupéreront et les rebaptiseront Falkland.
Toutefois, cette restitution sera l'occasion d'entamer la fameuse circumnavigation qui le rendra célèbre et dévoilera ses talents d'écrivain, ce que beaucoup à notre époque essaient toujours d'oublier. Evidemment, un navigateur ça navigue, ça n'écrit pas, diront nos amis les germanopratins. Bougainville les ignore. Il publie le Voyage autour du monde en 1771, deux ans après son retour, où il contribue à populariser le mythe du paradis terrestre autour de la Nouvelle Cythère, ou Tahiti, ce qui conduira Diderot à écrire le Supplément au voyage de Bougainville. Au bilan, il sera passé par les Malouines, Buenos Aires, Montevideo, Rio de Janeiro, le détroit de Magellan, Tahiti, Samoa, Vanuatu, les îles Salomon, les Moluques, Java, Batavia, le cap de Bonne Espérance, et moins de trois ans après son départ de Nantes, il est de retour avec la frégate La boudeuse et la flûte l'Etoile à Saint Malo, à temps pour Etonnants voyageurs.
Ses plus beaux jours sont derrière lui. Il participe à la guerre d'indépendance des Etats-Unis, mais on l'accuse d'avoir fui avec ses bateaux pendant la bataille navale des Saintes. Il évite le procès public grâce à ses relations haut placées. Plus tard, il conçoit un projet d'expédition au pôle nord, qui est refusé, il reste fidèle à la royauté pendant la Révolution, il est arrêté, puis libéré avec la chute de Robespierre, il quitte la Marine en 1792, puis se consacre aux sciences et à l'horticulture. Il meurt en 1811, comblé d'honneurs par Napoléon I.
Homme paradoxal, avocat, militaire, marin pas au long cours, défait au Canada, accusé de désertion pendant la guerre d'indépendance des Etats-Unis, forcé de rendre aux Espagnols la colonie des Malouines qu'il avait édifié, déçu dans ses projets d'expédition au pôle nord, Bougainville a eu du mal à trouver sa place. Auteur d'Ecrits sur le Canada, d'un Essai historique sur les navigations anciennes, d'un Traité sur le calcul intégral, et surtout d'un Voyage autour du monde que nous vous invitons à découvrir, Bougainville est un éclectique. Un homme qui se cherche, autour du monde. Quand on se cherche, on trouve l'autre. Bougainville est un des premiers anthropologues, un anthropologue malgré lui.
© 2011- Les Editions de Londres
par Louis-Antoine de Bougainville
ISBN : 978-1-908580-44-3
Date de parution : 6 novembre 2011
Nombre de pages : 145 pages
Le « Voyage autour du monde », ou « Voyage autour du monde par la frégate du roi La boudeuse et la flûte l'Etoile » est un récit de voyage écrit en 1771 par le navigateur et explorateur Louis-Antoine de Bougainville, un étonnant voyageur qui contribua à fabriquer le mythe des mers du sud. (...)
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