Marco Polo (1254-1324) est un marchand et explorateur Vénitien qui séjourna dix sept ans en Chine et dont la narration de ses voyages et de ce qu'il vit dans Le livre des Merveilles transforma profondément la perception qu'a l'Europe de sa situation dans le monde. De nos jours, Marco Polo reste un symbole célèbre qui lie l'Orient et l'Occident, et spécifiquement la Chine et l'Europe. A notre époque moderne où se combinent les tensions entre blocs culturels, linguistiques et religieux et la mondialisation des échanges, Marco Polo offre un exemple d'échange pacifique, non basé sur la domination de l'un sur l'autre, sur le respect de la différence, sur un certain « égalitarisme » de l'échange, sur la prépondérance de l'initiative individuelle sur la politique de puissance des Etats.
Comme tous les grands voyageurs motivés par la curiosité et la possibilité de gains, Marco Polo est un contraste marqué avec tous ces grands colonisateurs dont on nous farcit les oreilles pendant le passé. L'histoire de Marco Polo ramenée à son contexte vénitien rappelle aussi que le monde se porte mieux quand les Etats sont plus petits.
Venise était à l'époque une des plus grandes thalassocraties du monde. Son influence maritime s'étendait sur la côte Dalmate et grâce à ses comptoirs entrepôts et colonies jusque dans les îles de la mer Ionienne, la Crète, les îles de la mer Egée, Chypre. Ainsi, Gênes et Venise se livraient une lutte acharnée pour le contrôle des flux commerciaux en provenance de l'Orient, la fameuse route de la Soie (terrestre) qui devint ensuite la route (maritime) des Epices au Quinzième siècle, et amorça ainsi le déclin irrémédiable de Venise, puis sa déchéance se terminant avec la défaite face à Napoléon, l'intégration dans l'Empire austro-hongrois et l'incorporation un peu forcenée dans la République Italienne de Garibaldi.
C'est évidemment la fin et la partition de l'Empire Byzantin qui fonda la grandeur de Venise, mais rien ne se serait passé sans l'extraordinaire esprit Vénitien. Sa position passa au cours du Douzième et Treizième siècle de domination sur l'Adriatique à plaque tournante entre l'Europe continentale et l'Orient. C'est cet esprit d'entreprise que Marco Polo vint à symboliser au Treizième siècle.
Ce sont les Cités Etat italiennes qui réinventèrent l'Europe et la civilisation Européenne à partir du Douzième siècle. On crédite les Florentins de l'invention de la comptabilité en partie double, mais aussi les paiements par lettres de créance, les assurances...Et cette Renaissance médiévale, c'est le commerce qui en fut l'initiateur, bien que Kropotkine ajouterait probablement que ce sont les conditions démocratiques, c'est-à-dire la démocratie locale prévalente à l'époque, qui favorisèrent l'émergence de cet esprit d'entreprise.
Mais par leurs aventures lointaines et exotiques, ce sont sûrement les Vénitiens qui symbolisèrent le mieux cet esprit d'entreprise au Moyen-Âge. Byzantins, mystérieux, maritimes, farouchement indépendants, secrets, énigmatiques, les Vénitiens ont constitué le principal pont entre l'Europe et l'Occident pendant plusieurs siècles. C'est dans ce contexte que s'appréhende la vie de Marco Polo.
Marco Polo a dix sept ans quand son père et son oncle, Niccolo et Matteo, reviennent d'un long voyage en Asie centrale où ils furent introduits au Khan de l'époque, Kubilaï Khan, Empereur de Chine et héritier de la dynastie Mongole récemment fondée par Genghis Khan.
C'est en 1271 que les trois Polo repartent de Venise. Marco Polo y séjournera pendant dix-sept ans, jusqu'en 1291, puis il reviendra à Venise en 1295, suite à un long voyage de retour qui le conduira en Indonésie, en Iran...Il participera ensuite à la guerre contre Gênes, sera fait prisonnier, et il dictera son Livre des Merveilles à Rustichello de Pisa de la prison de Gênes. L'ouvrage, rédigé dans un sabir de français et de pisan, aura un succès retentissant, et sera traduit et repris par tous les copistes d'Italie (pas encore d'imprimerie à l'époque...donc pas de fameux imprimeurs-éditiens vénitiens tels que Aldus Manuce ou Michele Tramezzino).
Marco Polo ne fut pas qu'un marchand ou un explorateur, ou même le narrateur de ce qui était à l'époque le plus grand Empire du monde. Il était attaché au service de l'Empereur de Chine dont le règne s'étendait, directement ou indirectement, à une grande partie de l'Asie. Il sera envoyé en Ambassade, sera conseiller militaire, escortera une princesse dans un voyage en Iran
Il reste à notre époque l'un des plus grands symboles du rapprochement entre les peuples. La narration de ce qu'il vit changea profondément la perception du monde qu'avait l'Occident, et fut certainement l'un des facteurs essentiels qui amorcèrent dés le début du Quatorzième siècle la période des Grandes Découvertes. L'imaginaire de la Chine à l'époque marquera à jamais les esprits européens. De nos jours où la formidable résurgence économique et militaire de la Chine et de l'Asie en général, coïncide avec un déclin économique, culturel et militaire de l'Europe, la prochaine Renaissance (laquelle ne se manifeste non pas par la domination des autres, mais par l'essor de l'ingéniosité et de la créativité) passe par la mise en avant d'exemples prestigieux tels celui de Marco Polo.
© 2012- Les Editions de Londres
par Marco Polo
ISBN : 978-1-908580-68-9
Date de parution : 15 janvier 2012
Nombre de pages : 173 pages
« Le Livre des merveilles » est un récit de voyage écrit (ou plutôt dicté) par Marco Polo en 1298 de sa prison de Gênes. L'ouvrage, qui relate les voyages et les observations de Marco Polo à la cour de l'Empereur Kubilaï Khan, sans conteste l'un des plus influents de l'histoire humaine, et (...)
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