Jean-François Galaup, Comte de La Pérouse (1741-1788) est un navigateur, explorateur et écrivain français. Avec Bougainville, c'est le navigateur le plus célèbre de l'histoire de France. De même que Bougainville écrivit le Voyage autour du monde à son retour des mers du sud, La Pérouse nous laisse le Voyage autour du monde sur l'Astrolabe et la Boussole, ouvrage volumineux, dont nous offrons la version raccourcie. La Pérouse fut à son époque comme Bougainville une superstar. Il ne reviendra jamais de son Voyage autour du monde. La Pérouse disparut avec l'équipage de L'Astrolabe et de la Boussole en 1788 au large de Vanikoro.
La Pérouse et Bougainville sont souvent associés dans l'imaginaire français. Tous deux vivent au Siècle des Lumières. Tous deux sont des marins accomplis, expérimentés ; officiers de marine, tous deux ont l'expérience du commandement. Tous deux ont connu le combat et les batailles navales. Et pourtant... ils sont si différents. A la différence de Jean Bart, Surcouf, Duguay-Trouin, Bougainville et La Pérouse ne sont pas nés sur la côte ; le premier naît à Paris, le deuxième en Albigeois. Si Bougainville précède La Pérouse de seulement une dizaine d'années, le premier vit en plein Siècle des Lumières, tandis que le second le clôture. Bougainville a laissé des ombres, voire des tâches sur son passé militaire, tandis que La Pérouse a acquis sa réputation de courage, d'humanité et d'intelligence pendant la guerre. Ensuite, et on le comprendra mieux avec la lecture du Voyage autour du monde sur l'Astrolabe et la Boussole, les deux hommes sont séparés par quelque chose de fondamental : Bougainville fait son tour du monde sans chronomètre, d'où une imprécision permanente sur la mesure de la longitude, tandis que La Pérouse, à l'instar de Cook, en possède un. Cela change tout. Mais surtout, Bougainville s'éteint dans les honneurs à un âge honorable, tandis que La Pérouse meurt dans un naufrage. Si l'on en sait presque trop sur Bougainville, La Pérouse par bien des côtés reste un mystère. Et de par sa mort tragique, La Pérouse est devenu une légende.
Jean-François de La Pérouse naît le 23 Août 1741 au manoir de Guo dans une famille albigeoise qui tire sa noblesse de sa richesse, et sa richesse du commerce. Il est l'aîné de onze enfants. En 1756, à l'âge de quinze ans, il entre dans les gardes de la Marine à Brest. En 1757, au début de la guerre de Sept ans (1757-1763), âgé de seize ans, il part batailler. D'abord embarqué sur le Célèbre en 1757, vers l'île Royale au Canada, il revient et navigue en 1758 sur la Pomone, le Zéphyr, puis sur le Cerf, puis sur le Formidable où il est blessé et fait prisonnier par les Anglais. Libéré en 1761, il s'embarque sur le Robuste où il combat à Terre-Neuve.
Enseigne de vaisseau en 1764, pendant quatorze ans il navigue sur l'Atlantique et sur l'Océan Indien. Sur le Six-corps, l'Adour, le Gave, le Bugalet... Puis en 1771, il est à Saint-Domingue sur la Belle-Poule. C'est à partir de 1773 qu'il découvre l'océan Indien et la mer de Chine ; il participe à des campagnes militaires au Bengale, en Inde et en Chine. Il se bat contre une flotte mahratte, puis contre une flotte indienne à Mahé (Kerala). C'est au cours d'une de ses campagnes qu'il s'arrête sur l'île de France (ou île Maurice), et qu'il y rencontre une jeune femme créole, Eléonore Broudou, dont il tombe amoureux. Son père y voit une mésalliance et s'oppose durement aux projets de mariage de son fils.
La Pérouse, commandant la frégate l'Amazone, se dirige vers la Martinique, participe au combat de la Grenade, descend vers Charleston en Caroline du Sud, et participe à l'attaque sur Savannah, en Géorgie. En 1780, il est promu capitaine de vaisseau, prend le commandement de l'Astrée, et combat de nouveau au large de la Nouvelle-Angleterre. On le retrouve vers les Antilles où il participe à la bataille de Saint-Kitts.
Mais c'est en 1782, au cours de l'expédition sur la Baie d'Hudson, qu'il acquiert son heure de gloire militaire, et sa réputation d'humaniste. Ayant pour mission de mettre fin aux établissements anglais dans la région, il détruit les forts d'York et du Prince of Wales, mais en repartant, il laisse des vivres et des armes à l'attention des soldats anglais pour qu'ils ne meurent pas de faim et ne soient pas massacrés par les Indiens.
Avec le Traité de Versailles de 1783 s'achève la carrière militaire de La Pérouse. Il revient en France et finit par obtenir le consentement de son père pour épouser Eléonore Broudou. Pendant deux ans, il ne naviguera pas. Drôles d'existences que celles de nos ancêtres : La Pérouse rencontre celle qu'il aime, Eléonore Broudou, en 1778. Il lui faudra plus de cinq ans pour convaincre son père de pouvoir l'épouser. Ils vivent ensemble pendant deux ans, puis il part et ne revient jamais.
La Pérouse est recommandé auprès du roi Louis XVI par le ministre de l'époque, le marquis de Castries et par de Fleurieu, pour diriger une nouvelle expédition autour du monde. En effet, Louis XVI veut compléter la tâche scientifique et cartographique du capitaine Cook. Nul autre n'a l'expérience, la réputation, l'aura de La Pérouse.
La Pérouse part de Brest le 1er Août 1785, et disparaît avec ses deux frégates et tous ses hommes vers Juin 1788. La Pérouse s'arrête à Madère, Tenerife, la Trinité, Santa Catarina, franchit le Cap Horn, fait escale à la baie de Concepcion, l'île de Pâques, Hawaï, l'Alaska, la Californie, puis il traverse l'océan Pacifique, passe par les îles Mariannes, arrive à Macao, puis Manille, puis remonte au nord, Formose, Hokkaido, Sakhaline, le Kamchatka, après quoi il repart vers le sud, arrive aux îles Samoa, puis les Tonga, Botany Bay en Australie, avant de faire naufrage dans l'archipel de Santa Cruz.
Bonaparte était apparemment supposé faire partie de l'expédition de La Pérouse. Sa faiblesse en astronomie le disqualifia.
C'est au Kamchatka que La Pérouse débarque Barthélemy de Lesseps, consul de France, ancêtre de Ferdinand de Lesseps, polyglotte russophone ; c'est lui qui fait le trajet terrestre de la côte Pacifique russe jusqu'en France, et ramène de nombreuses cartes, informations et une bonne partie du journal de La Pérouse.
La disparition de La Pérouse eut un effet extraordinaire sur l'époque. D'abord, les nouvelles n'allaient pas bien vite ; il fallut de nombreux mois avant que le roi ne réalise qu'il était arrivé quelque chose. Ensuite, un an après sa disparition, la Révolution éclate. Etonnamment pour l'époque, en pleine Révolution, la Constituante envoie une expédition commandée par l'amiral d'Entrecasteaux afin de retrouver La Pérouse. Deux frégates sont armées et partent en Septembre 1791 : la Recherche, commandée par d'Entrecasteaux et l'Espérance, commandée par Huon de Kermadec.
En mai 1793, l'expédition passe à quelques milles d'une île qu'ils baptisent île de la Recherche, laquelle ne serait, et il y a tout lieu de le croire, nulle autre que Vanikoro, l'île sur laquelle les survivants du naufrage sont assurément restés un certain temps avant de disparaître de nouveau.
Pendant ce temps, en janvier 1793, Louis XVI prononce ses dernières paroles :« A t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ?.
En 1826, le marchand Peter Dillon retrouve la cloche de l'Astrolabe, des ancres, la garde d'une épée frappée d'une fleur de Lys. Puis il rapporte aussi une tradition orale contant l'histoire de deux bâtiments étrangers qui se seraient brisés contre les récifs de Vanikoro, dans l'archipel de Santa Cruz. Entre 1826 et 1829, Dumont d'Urville fait lui aussi un tour du monde. Et il reconnaît les débris des frégates de La Pérouse à Vanikoro en Février 1828. Il dresse un monument à la mémoire de La Pérouse avant de repartir. Dumont d'Urville nous lèguera la division pacifique entre Polynésie (Hawaï, Nouvelle-Zélande,, île de Pâques, îles Samoa, Tonga, Fidji, Cook, Tahiti, îles de la société, Marquises, Tuamotu, îles australes), Mélanésie (îles de l'Amirauté, Nouvelle-Irlande, Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Calédonie, îles Salomon, Vanuatu), Micronésie (Kiribati, Belau, îles Carolines et Marshall).
Depuis trente ans, des expéditions régulières enquêtent à Vanikoro. A chaque fois on ramène de nouveaux indices : camp des Français trouvé sur l'île, squelette préservé dans la faille...On avance. Mais que s'est-il passé ? Et quelles sont les questions qui restent sans réponse ?
En dépit de l'expérience de La Pérouse, les deux frégates ont été prises dans un cyclone d'une violence inouïe (ce qu'attestent la tradition orale de Vanikoro, et aussi des indices comme la distance séparant certains objets lourds de l'épave principale), et se sont brisées contre les récifs de Vanikoro, une île volcanique, donc ayant la particularité de posséder des récifs plus éloignés de l'île que normal, ce que les marins ne pouvaient savoir ni anticiper. On sait aussi que des naufragés parvinrent jusqu'au rivage. Ensuite, sont-ils tués, massacrés par les habitants anthropophages ? On n'en sait rien. Ce qui est sûr, c'est que des rescapés sont restés sur l'île, mais pour combien de temps ? On n'en sait rien. Les experts croient que les naufragés, tous ou une partie d'entre eux, ont essayé de repartir, en construisant des embarcations de fortune à partir des épaves. Pourquoi ? Comment peut-on en être si sûr ? D'abord, il y a la tradition orale qui l'atteste. Ensuite, de nombreux indices, vrais ou faux, parsèment cette partie du Pacifique Sud : notamment, on aurait vu au Dix Neuvième siècle des blancs, enfants des probables rescapés, qui se prétendaient descendants de membres de l'équipage, mais aussi il y a Vanikoro...
Vanikoro, ce serait plutôt l'enfer. Ancien volcan recouvert de végétation tropicale, île montagneuse, avec une pluviométrie qui évoque le déluge, sur la route des cyclones de la région, c'est aussi une île au confluent des influences mélanésienne et polynésienne. Peuplée originellement de mélanésiens, elle est aussi peuplée de Ticopiens, des polynésiens. Et même à notre époque, l'île vit toujours en autarcie. Pour les nombreux scientifiques qui y ont travaillé dans le cadre des expéditions liées à la disparition de La Pérouse, il ne fait nul doute que des Européens ne seraient pas restés coincés là indéfiniment. Dans tous les cas, il semble que ce soit la Boussole qui soit dans la fausse passe, indiquant que La Pérouse a péri dans le naufrage et n'était pas parmi les rescapés, que ces derniers aient ultimement péri ou non.
La lecture du Voyage autour du monde sur l'Astrolabe et la Boussole nous semble aussi importante que celle du Contrat social, de l'Esprit des Lois, du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, de Candide, de Micromégas, ou du Neveu de Rameau. Pour Les Editions de Londres, La Pérouse est plus qu'un explorateur, un navigateur et un écrivain, c'est un des grands hommes du siècle des Lumières.
© 2012- Les Editions de Londres
par Jean-François Galaup de La Pérouse
ISBN : 978-1-909053-23-6
Date de parution : 11 août 2012
Nombre de pages : 457 pages
Le « Voyage autour du monde sur l'Astrolabe et la Boussole » est un récit de voyage rédigé à partir du journal écrit entre 1785 et 1788 par Jean-François Galaup de La Pérouse. Comme le Voyage autour du monde de Bougainville, il s'agit d'un document et d'un livre uniques, complément (...)
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